Thérapie de Sebastian Fitzek

ThérapieLa vie du docteur Viktor Larenz, célèbre psychiatre berlinois, s’est arrêtée le jour de la disparition de sa fille de douze ans, Josy. La petite était atteinte d’un mal mystérieux et incurable depuis de longues années, et elle est enlevée alors qu’elle se trouve dans la salle d’attente d’un allergologue avec son père.  Depuis ce jour, Viktor Larenz ne cesse de la chercher, fermant son cabinet pour ne se consacrer qu’à sa fille disparue. Ça, c’est la version du père. Mais le lecteur apprend rapidement que quelques années après cette disparition, le psychiatre est lui-même interné, ligoté à son lit de « la clinique de Wedding, spécialisée dans les troubles psychosomatiques, […] réservée aux patients les plus difficiles« . Il y a passé des mois dans le coma mais vient de se réveiller et entreprend de raconter son histoire au médecin-chef qu’il veut convaincre de le laisser sortir.

Larenz raconte comment, alors qu’il s’était retiré sur l’île  de Parkum, au large de la mer du Nord, pour retrouver le calme, une femme se présente à lui, envoyée, dit-elle, par un collègue pour être sa patiente. Mais Larenz n’exerce plus et veut congédier la femme. Pourtant, il écoute le récit de cette Anna qui lui parle d’une petite fille disparue dont l’histoire comporte de troublantes similitudes avec celle de Josy. Mais qui est cette Anna ? Une femme dangereuse comme le lui affirme le maire de l’île ? Mais existe-t-elle seulement ? Est-ce bien elle qui fouille dans ses affaires et vient le visiter la nuit ? Quelle foi le lecteur doit-il accorder aux propos de Larenz dont le récit semble de plus en plus illogique ?

Ce n’est qu’à la toute fin d’un polar tout en embrouilles et chausse-trappes psychologiques que se dénoue ce sac de nœuds. Alors que le lecteur croit comprendre, la situation se retourne et se retourne encore comme les méandres du cerveau perturbé de Larenz. Qui est fou, qui ne l’est pas : tout est là.

Aucun doute, ce Sebastian Fitzek a travaillé son sujet et connaît bien la maladie mentale et le cortège d’hallucinations qu’elle peut engendrer. Il en profite pour perdre son lecteur de façon d’autant plus originale qu’ici, c’est la parole médicale qui semble sujette à caution. L’intrigue est donc prenante et la résolution de l’affaire, surprenante.  J’ai mangé ce livre en quelques heures, sans indigestion aucune.
Cependant, j’aurais aimé en savoir plus sur Josy, sur sa mère, sur les rapports de Viktor Larenz avec sa fille avant l’enlèvement. J’attendais des scènes de réminiscence qui ne sont pas venues. De même, l’auteur aurait gagné en angoisse en soignant l’ambiance sur son île battue par les vents et isolée par la tempête, qui rappelle bien sûr la fameuse île des fous de Shutter Island. D’autres personnages possèdent des potentiels inexploités comme le médecin-chef et le détective privé.

Thérapie est le premier roman de Sebastian Fitzek. C’est un bon premier roman au suspens prenant. Il lui manque encore un petit quelque chose pour être aussi inoubliable que certains autres romans mettant en scène des schizophrènes. Mais le potentiel est bien là, Scandinaves et Américains n’ont qu’à bien se tenir !

Thérapie

Sebastian Fitzek traduit de l’allemand par Pascal Rozat
L’Archipel (PsychoThriller), 2008
ISBN : 9782809801101 – 274 pages – 20,30 €

Die Therapie, parution en Allemagne : 2006

66 commentaires sur “Thérapie de Sebastian Fitzek

  1. je n’ai pas lu ton commentaire parce que j’ai commencé la lecture de ce thriller 😉 (interrompue non pas à cause de la blogosphère mais à cause des travaux ;-))
    je reviendrai (peut être) poster un petit commentaire ici quand j’aurai fini ma lecture 😉

  2. Ouh! Un peu Shutter island, tu l’as dit.
    Et je vois que Dickens et toi entamez une longue route ensemble, je l’espère…

    1. C’est l’île qui fait penser à Shutter Island, mais la maîtrise n’est pas aussi bonne. Et je vais passer la journée avec Pip et miss Havisham, faudrait quand même qu’ils se brusquent un peu !

  3. Béné m’avait bien donné envie ! D’ailleurs j’ai failli le commencer. Et puis je me suis rabattu sur un autre livre commenté par Béné : le garçon qui voulait devenir un être humain de Jorn Riel chez Gaïa. Mais je n’oublie pas cette thérapie pour autant !!

  4. Pas vraiment HS, mais je suis COMPLETEMENT d’accord avec toi sur l’impossibilité de se tenir à un programme de lecture quand on lit les critiques des autres blogs! Encore pire si l’on fréquente assidûment les biblis et que les bibliothécaires s’acharnent à mettre sur le présentoir des livres dont ont parlé les autres bloggueurs (je vous soupçonne, les bibliothécaires, de faire cela exprès!).

  5. En effet ce serait à lire à la suite de « Shutter island »…
    Et Cachou donne une bonne idée aux bibliothécaires : faire un présentoir « les coups de coeur de la blogoqphère » !! 😉

  6. Bon, j’espère qu’on a pas l’impression de devenir soi-même fou ! Cela dit, je ne suis pas trop tentée par ce genre en ce moment. Plus tard peut-être.

    1. On est perdu, c’est sûr, mais bon, il y a une explication à la fin, ce qui n’est pas le cas de Shutter Island qui en a donc énervé certains…

  7. He he! De toutes façons, avec ou sans blogosphère j’ai renoncé depuis longtemps à établir un programme de lecture! Je pense que les livres que j’ai réellement lu en me disant « quand j’ai fini celui que je suis en train de lire, je lis celui-là » doivent se compter sur les doigts de la main. Et oui le livre lui-même est fourbe et arrive à te tenter alors que tu ne pensais pas du tout à lui!!

  8. Je l’ai noté, celui-là! C’est un thème qui m’attire toujours! Et tout à fait d’accord… impoooossible de suivre un programme de lecture avec la blogo!!

  9. Je suis tout à fait d’accord avec toi pour le programme pré-établi : impossible à respecter. Je devais commencer « Sans nom » de Wilkie Collins et voilà qu’une amie m’a prêté un roman (qui n’a rien avoir mais est super paraît-il) et qu’on m’a rendu un autre roman que j’avais prêté avant même de l’avoir lu et que j’ai envie de lire maintenant…

    Trop dure la vie 🙂

  10. J’ai aimé « shutter island ». Je note donc. Ma LAL polar commence à être conséquente. Dur, en effet, de s emettre des « priorités » de lecture quand les bonnes idées de lecture s’affichent blog après blog. Qui a dit que la vie d’une lectrice était simple ???

  11. Un thriller et en poche en plus, c’est super! Je note.
    Le fait d’emprunter des livres à la bibli oblige à respecter un certain délai et repousse ma lecture de mes propres livres, le choix est difficile parfois.

    1. Euh oui… mais vois-tu, je suis bibliothécaire, c’est moi qui fais les achats et tous les livres passent entre mes mains exprès pour me tenter. Quant à la date de retour, ma foi, je connais la touche pour l’allonger !

  12. Les grandes espérances ne sont pas mon préféré… Tu verras , avec Martin Chuzzlewit ou mieux encore avec Bleak house. Je regarde le DVD en ce moment (7 heures quand même) et j’ai bien fait d’avoir un mouchoir pas trop loin)Quel bonheur!
    Un présentoir : les coups de coeur de la blogosphère? Hum, il faudrait une bibliothécaire blogueuse… La tienne , c’est loin!

    1. Tu exagères, c’est toi la plus près ! Et si tu regardes le blog de la médiathèque, tu dois bien sourire quand tu vois les listes d’acquisitions, BD, romans, DVD : à mon avis, tu vois d’où vient une partie de mon inspiration acheteuse 🙂

  13. Eh bien, même si le sujet ne me tente pas (je ferais des cauchemars si je lisais ce livre), force est de constater que pour un premier roman, l’histoire n’est pas mal ficelée ! Un auteur à suivre du coup. 🙂

    1. A suivre en effet. Je crois que l’auteur en a sorti un autre en 2009, c’est pourquoi celui-là est paru en poche. Ça me tente bien de continuer l’aventure avec lui.

  14. Non, pas de thriller psychologique pour moi pour le moment… Je passe ! 😉
    Et je suis totalement d’accord avec toi, il est tout simplement impossible de tenir un programme de lecture avec la blogosphère et, en plus, je suis faible (beaucoup trop pour résister à tous ces billets beaucoup trop tentants) !!!

    1. Je crois que si on voulait tenir un programme, il faudrait rester un certain temps sans se balader sur la blogosphère (ce serait triste, mince…). Mais les lectures communes aident bien 😉

  15. J’ai failli l’acheter ce matin… je regrette de ne pas l’avoir pris. Je me rappelais en avoir entendu parler, mais comme je n’avais pas noté, j’ai eu un doute. Quand au programme de lecture… en cas de coupure d’internet à la limite.. sinon impossible!

    1. C’est moins bien, c’est sûr, mais qu’y a-t-il de mieux ou même d’aussi bien dans le genre ? Il faudrait ne pas comparer, mais c’est difficile…

  16. Ouh, celui là il me le faut! Même si c’est très mauvais pour mes autre lectures aussi bien personnelles que pour la fac

  17. J’ai également apprécié ce thriller, très riche en rebondissements et au style très prenant. Un dénouement un peu prévisible, mais ce n’est finalement pas si grave, car le roman aura eu le mérite de nous transporter au cours de ses 300 pages, ce qui n’est déjà pas si mal.

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