La douce empoisonneuse d’Arto Paasilinna

La douce empoisonneuseIl faut se méfier des petites vieilles. Surtout les vieilles Finlandaises tout droit sorties de l’imagination du plus célèbre des pince-sans-rire lapons. Il a un genre d’humour instable, qui fait rire au second degré ou qui laisse définitivement indifférent. La douce empoisonneuse est un des Paasilinna que je préfère, avec Petits suicides entre amis qui joue exactement dans le même registre. Son livre le plus connu est cependant Le lièvre de Vatanen, qui m’a beaucoup moins plu.

« Une avenante petite vieille dans un paisible décor champêtre, quel aimable tableau. » Et s’il ne tenait qu’à elle, Linnea Ravaska, soixante-dix-huit ans, veuve de colonel,  coulerait des jours tranquilles jusqu’à la fin de sa vie dans le petit village de Harmisto, à cinquante kilomètres de Helsinki. Mais voilà, la vieille dame a un neveu, pour son plus grand malheur. La trentaine, buveur, glandeur et violent, il vient chaque mois rendre visite à sa tantine pour lui voler sa pension. Avec ses potes qui ne valent guère mieux que lui, il met la petite maison, le sauna et le jardin à sac, persécute le chat et menace sa tante de représailles si elle ne se plie pas à ses quatre volontés.

Un jour pourtant elle craque la colonelle, elle fuit Harmisto pour se réfugier chez un ami aussi vieux qu’elle à Helsinki. Mais sa route va encore croiser celle des trois compères, très malheureusement pour eux. Car la vieille dame va se venger, quasi à son insu mais de façon radicale et néanmoins comique. Car tout de même, ça n’est pas de sa faute si un des trois salopards s’assoie sur une seringue remplie de poison ? Non, ce n’est pas de sa faute…

Il est tout à fait possible de ne pas rire en lisant ce livre, de garder à l’esprit la gravité du sujet (une vieille dame qui se fait malmener) et de se dire que vraiment, ça n’est pas drôle… Il faut apprécier l’humour noir et supporter le cynisme qui, s’il est un moyen aléatoire pour faire rire, est terriblement efficace quand il s’agit de porter un regard critique sur la société. Et Paasilinna donne à voir un portrait au vitriol de la société finlandaise où sévit une jeunesse désœuvrée, dépravée et inculte, déshumanisée par l’alcool. Mais l’auteur n’a pas choisi de nous faire pleurer sur les malheurs de son pays. Grâce à des situations loufoques, il fait rire aux dépends de ces trois bons à rien mis en échec par une vieille dame. Une vieille dame qui pense que décidément la Finlande, c’était mieux avant, avant c’est-à-dire pendant la guerre, c’est-à-dire quand la Finlande était l’alliée de l’Allemagne nazie. L’humour de Paasilinna va loin, très loin… Heureusement, tout ce monde-là finit en enfer, « comme en tout temps et à jamais tout membre trépassé de tout peuple d’origine finnoise« .

Arto Paasilinna sur Tête de lecture

 

La douce empoisonneuse

Arto Paasilinna traduit du finlandais par Anne Colin du Terrail
Gallimard (Folio n°3830), 2003
ISBN : 978-2-07-042577-0 – 254 pages – 6,10 €

Suloinen Myrrynkeittäjä, parution en Finlande : 1988

92 commentaires sur “La douce empoisonneuse d’Arto Paasilinna

  1. Je viens de découvrir – et de beaucoup apprécier- cet auteur, grâce à son Cantique… et ne compte pas m’arrêter en si bon chemin! Je vais lire celui-ci aussi!

  2. Après un début qui m’avait beaucoup plu, j’ai commencé à m’ennuyer, je l’ai terminé quand même, mais je n’ai pas été convaincue.

    1. La première partie est la plus drôle, c’est celle dont je me souvenais le mieux. Mais quand même, la vengeance de cette mamie, presque malgré elle, est assez savoureuse, je trouve.

  3. Il est vrai que le « fond de l’histoire » n’est pas vraiment drôle, mais raconté par Arto Paasilinna, tout devient délirant et c’est quand même irrésistible. Je m’étais promis de lire un autre de ses titres, mais n’en ai pas encore trouvé le temps.

    1. Ah ça non, le fond de l’histoire est même carrément glauque, et il faut être fort pour faire rire sur le sort d’une vieille femme maltraitée.

  4. j’aime beaucoup le style de cet auteur, toujours en décalage par rapport à ce qu’on peut lire le plus souvent
    celui-ci est un des plus contrôlé, j’aimais la folie de gens ordinaires de « petits suicides entre ami »

    1. J’aimerais bien savoir ce qu’en pensent les Finlandais, s’il est apprécié dans son pays, parce que quand même, il est très critique et coriace !

  5. J’ai dans ma PAL « Petits suicides entre amis » du même auteur et dans ma LAL « Le lièvre de Vatanen »… Je m’occupe de ces deux bouquins avant de m’intéresser de plus près à la « Douce empoisonneuse ».

  6. C’est mon préféré de Paasilinna ! Il me semble que « Le meunier hurlant » n’était pas mal non plus…

    1. D’après ce que j’ai lu ici et là, Paasilinna a eu différentes périodes d’écriture. Sa traductrice française a carte blanche pour choisir ce qu’elle traduit, dans le désordre chronologique le plus complet, ce qui n’est pas aisé pour s’y retrouver. Mais il parait que les derniers parus en France ne sont pas les meilleurs…

  7. Avec son humour particulier, Paasilinna fait passer beaucoup de choses. Il ne se contente pas de livres drôles et faciles.

  8. Je ne peux pas dire que j’ai été emballée, pourtant j’apprécie le cynisme, mais l’ensemble m’a paru long. J’ai bien envie d’essayer le lièvre de Vatanen, justement dans un autre style.

  9. Ah chouette ça a l’air bien, je l’attends.
    J’attends aussi ton billet sur la chaine (oui, je sais…)
    Sinon, bonne nouvelle
    J’aime bien le livre de Javier Marias qui est actuellement à la maison, ouf, après cette histoire de captive, j’étais un peu fatiguée!!!

  10. Pas sur que mon mini billet de débutante de l’époque mérite d’être cité… mais merci quand même !
    Ce n’est pas mon titre préférée mais j’ai beaucoup aimé ce côté un peu tatie danielle lol

    1. Petits suicides entre amisest dans la même veine, lis-le si ce n’est déjà fait. J’ai lu aussi Le fils du dieu de l’orage, complètement déjanté !

  11. L’univers de Paasilinna est vraiment singulier mais, pour ceux qui ont eu le loisir de bourlinguer en Scandinavie, il dépeint avec un humour féroce les travers des sociétés nordiques.
    Son œuvre est abondante, et je n’ai pas (encore) lu celui-là. Parmi ceux que je connais, mon préféré est sans doute « un homme heureux » qui, en plus, est basé sur une histoire vraie.
    Bien cordialement,
    Eric

  12. Je n’ai pas lu celui-ci mais j’adore l’humour de cet auteur, je suis certaine que je vais finir par lire tous ses livres.D’ailleurs j’en ai plus d’avance chez moi, faudrait que je pense à en acheter un 😉

  13. Je n’arrive pas vraiment à savoir si tu as aimé…
    Cynisme, vitriol, que des ingrédients bien rodés que l’on retrouve dans d’autres romans de Paasilinna! J’avais bien aimé « Le bestial serviteur etc », même si à la fin, je trouvais ça longuet…

    1. Ah bon, je n’ai pas été claire ? Ben c’est mon Paasilinna préféré avec Petits suicides entre amis, je les conseille à tous ceux qui aiment l’humour noir.

  14. Cette douce empoisonneuse me paraît prometteuse mais je n’ai pas été emballée par les 10 femmes dde l’indutriel. J’ai dans ma PAL prisonniers du Paradis à lire avant. je note au cas où je ne serais pas totalement hermétique à son humour.

  15. Ouh, celui là il a tout pour me plaire! Plus c’est cynique, plus j’aime. En plus ca me permettra de découvrir l’auteur.

  16. Mon préféré reste « Petits suicides entre amis », un pur chef d’oeuvre à mes yeux. Celui-là est pas mal mais pas aussi abouti. Quand je l’ai lu, j’ai pensé à un film des frères Coen « Ladykillers », dans lequel une vieille dame se débarasse très subtilement des malfrats qui ont investi sa cave.

    1. Oui voilà, j’ai entendu dire effectivement que ses romans étaient inégaux, que les deniers (traduits, et non pas écrits) étaient moins bons.

  17. Il est sur ma pile déséquilibrée de livres depuis plusieurs mois, il faudrait que je m’y mette ! j’en avais lu 2 ou 3 d’affilée, c’est un auteur que j’aime beaucoup mais je peine à convaincre autour de moi !

    1. Son humour grinçant n’est peut-être pas apprécié par tous… et puis bon, les gens n’ont peut-être pas envie comme ça spontanément de lire un auteur finlandais, faut revenir à la charge plusieurs fois !

  18. J’adore Paasilinna mais celui-ci m’avait beaucoup déçue. Je ne l’avais pas trouvé aussi décalé et loufoque que par ex. « Le lièvre de Vatanen » ou même « Le meunier hurlant ».

    1. Lesquels ? Je n’en ai pas d’autres chez moi mais il y en a plein la bib. Je m’en ferai bien un autre d’ici quelques mois, en suivant tous les bons conseils laissés dans ces commentaires…

  19. J’ai lu Petits suicides entre amis, mais je t’avoue avoir ete decue ! Justement j’ai trouve qu’il n’y avait pas assez d’humour noir ! J’en demande trop ?? :-O Mais j’avoue avoir bien rigoler tout de meme lors de certains passages !
    De plus j’ai trouve qu’il y a avait parfois trop de longueurs !
    Bref je tenterai tout de meme ce titre a l’occas je pense histoire de me faire un mailleur avis sur cet auteur !

    1. Humm… je crois qu’il a raison de ne pas en faire des tonnes quand même, en matière d’humour, il faut savoir doser. Mais essaie d’en lire un autre, peut-être que tu accrocheras plus.
      (et erreur réparée, j’ai changé adresse de blog et pseudo ;-))

    1. Tant mieux ! J’aime cet auteur, à partir du moment où je l’ai découvert, je lisais un roman par an de lui, chaque été, c’était un peu des retrouvailles qui me faisaient plaisir.

    1. Nous n’avons finalement pas tant de traductions d’auteurs nordiques hors polars et celui-ci est vraiment très bon, sachant aller humour noir et critique sociale, j’aime beaucoup.

  20. C’est sur que c’est cynique, mais qu’est ce qu’on rit ! Meme si de temps en temps j’ai trouvé ça un peu caricaturé, j’avais bien aimé 🙂 la fin surtout et la rencontre en mer 😉

    1. J’ai le don pour oublier les fins de livres… j’ai donc oublié celle-ci aussi. Mais l’avantage, c’est que je peux relire et toujours m’étonner 🙂

  21. bonjour, je suis étudiante
    je dois lire ce livre mais je n’ai pas le temps du tout (je m’y suis prise trop tard encore une fois…) je pensais qu’il y aurait des résumés sur internet mais je n’en ai pas trouvé.. j’suis vraiment dans le caca..
    je dois faire un réquisitoire ou un plaidoyer sur linnea, je voudrais donc savoir si quelqu’un pouvais par hasard et par pure gentillesse me résumer (en très large.. pas besoins de tout plein de détails) les chapitres.. surtout les faits importants que linnéa fait pour empoisonner son neveu.. pas toute l’histoire.. vraiment principalement les choses de mal qu’elle fait vis à vis de son neveu et ce que son neveu aussi fait de mal vis a vis d’elle
    ce serait vraiment gentil de me répondre, vous me sauveriez la vie! merci d’avance

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