La librairie des ombres de Mikkel Birkegaard

La librairie des ombresSi j’ai parfois envie de lire des polars scandinaves, c’est je pense pour changer d’ambiance et de décors. Pour oublier le hard boiled dépressif ou le fin limier professeur à Oxford à qui rien n’échappe. Pour changer aussi du Bronx, de Manhattan ou du fog.

Alors, pourquoi pas le Danemark ? Ce petit pays n’est pas pour l’instant notre plus grand pourvoyeur de polars venus du froid, mais avec un tel titre et une si belle couverture, j’ai eu envie de me lancer dans cette lecture.

Tout commence sur la scène du livre qui tue. Luca Campelli, vieux libraire de livres anciens à Copenhague décède d’une crise cardiaque en lisant une édition d’Operette morali de Giacomo Leopardi. Son fils Jon, avocat talentueux, hérite donc de la librairie Libri di Luca, avec la ferme intention de la vendre. Les deux employés, Iversen et Katherina, lui expliquent alors qu’ils font partie d’une espèce spéciale de lecteurs, les Lettore, qui se partagent en deux groupes, les émetteurs et les récepteurs. Tâchons d’expliquer… en lisant, les émetteurs sont capables d’influencer leur auditoire et de modifier leur perception et opinion du texte ; les récepteurs  quant à eux entendent tous textes lus à proximité. Ces lecteurs hors normes se sont regroupés en une société secrète mais non obscure, qui a pour but de favoriser le développement de la lecture et d’aider les enfants en difficultés. Mais en enquêtant sur la mort de son père, Jon va découvrir que d’autres Lettore forment une organisation beaucoup moins généreuse, l’Organisation de l’ombre, et qu’ils utilisent leurs pouvoirs à mauvais escient, en particulier en manipulant les pensées.

Si les deux employés racontent tout ça à Jon, ce n’est pas qu’ils espèrent le rallier à leur cause, mais parce que la librairie est victime d’attaques violentes et que ces choses-là ne se racontent pas à la police. C’est à Jon de faire la lumière sur cette organisation de l’ombre…

Le jeu de mot et facile mais à l’aune de ce roman qui se révèle décevant. J’ai peiné à en venir à bout tant l’intrigue se délite au fil des pages, de même que l’intérêt du lecteur. Il y a beaucoup de choses trop faciles dans ce texte. On se demande par exemple bien pourquoi Jon a tout à coup une illumination qui lui fait découvrir qui dirige les Lettore ennemis : comment fait-il les rapprochements, pourquoi est-il si sûr de lui ? Par ailleurs, ce personnage manque vraiment de consistance. Quand Katherina se plaque enfin dans son dos sous la douche, on se demande vraiment comment ils en sont arrivés là, rien chez lui sur ses sentiments, ses intentions ni même son passé amoureux. Ça arrive comme un cheveu sur la soupe, et ça le reste.
Quant à l’intrigue elle-même, cette histoire de livres qui tuent à travers leurs lecteurs, du présupposé fantastique de départ on tombe petit à petit dans un texte assez abracadabrant avec organisation secrète, origine antique et avènement prochain. C’est assez confus puis totalement improbable sur la fin.

 

La librairie des ombres

Mikkel Birkegaard traduit du danois par Inès Jorgensen
Fleuve Noir, 2010
ISBN : 978-2-265-08722-4 – 450 pages – 20.90 €

Libri di Luca, parution au Danemark : 2007

98 commentaires sur “La librairie des ombres de Mikkel Birkegaard

  1. Mouarf, mais qu’est-ce que tu es allée faire dans cette gal… ? Et ça t’apprendra à ne pas attendre pour les polars scandinaves, à quoi ça sert que Emmyne se triture les méninges, hein !

  2. Je trouve très intéressante l’idée de départ: les lecteurs émetteurs et les récepteurs! Dommage qu’elle soit gâchée ensuite par des incohérences!

    1. Et pourtant, j’étais bien dans l’ambiance, en vacances, attentive et tout… et puis voilà, mon intérêt s’est évaporé peu à peu, tout ça me semble naïf par certains côtés et tiré par les cheveux par d’autres…

  3. Aïe ! For fanden !

    Je partais me le procurer … (avec « la prophétie Charlemagne »)
    Tentée par la quatrième de couverture, la couverture (qui vue de loin ressemble à un cercueil) l’auteur (à prononcer Miguel Birkegor), ok, j’aime les polars scandinaves…
    Je ne suis pas entièrement refroidie, je vais aller voir les billets que tu cites et qui en parlent.

    Knus

  4. je n’ai plus aucun regrets car je l’ai feuilleté et un peu plus en librairie et je n’ai pas été convaincue, ce qui me gênait c’est ce mélange de polar et de fantastique , merci à toi de confirmer cette première impression et de m’aider à maintenir ma PAL à un niveau acceptable

  5. L’ensemble est joli (je veux dire : l’idée, le titre, la couverture), mais ça vire un peu trop au fantastique pour moi. Et je trouve ça angoissant de me dire qu’on peut aussi être manipulé comme ça (on l’est déjà suffisamment par d’autres moyens, non ?).

    1. Justement, ça aurait pi être un livre jouissivement angoissant (ah, mon correcteur orthographique n’est pas d’accord avec cet adverbe…), genre attention lecteurs, on vous manipule, on vous amène à penser des trucs… et puis non, c’est tant pis…

  6. Je me doutais que ce livre n’était pas à la hauteur de certaine attente. Je ne le lirais pas parce que ton article m’a totalement refroidi. Il y en a tellement à lire.

  7. Bon j’ai échappé à quelque chose alors !!! parce que j’étais fort contrariée et il a croisé mon chemin mais j’ai hésité au dernier moment !!!

  8. Mais quel dommage ! Tout avait l’air si parfait : superbe couverte, résumé très intéressant. Du coup, j’hésite à le rajouter à ma LAL qui est déjà bien fournie.

  9. Le titre m’avait convaincue avant même d’avoir lu ton billet, mais je suis sacrément refroidie ! Je sens que je vais m’épargner cette lecture fastidieuse…

  10. ah ben dis donc! nous sommes cette fois compagnes de déception… :/ Quand j’ai vu le titre, je me suis dit: il a l’air super ce roman…!! Comme quoi… un bon titre, une couverture aguichante, et on tombe dans le panneau! 😀

  11. Le magazine « Page » en avait pourtant fait un éloge et je le pensais du coup vraiment « bon »… J’avais même envie de le lire! Mais après ton billet… je n’en ai plus envie du tout! 😉

  12. Ah quel dommage, le résumé partait tellemnt bien. comme quoi une bonne idée ne donne pas nécessairement un bon livre !

  13. Effectivement, ça partait bien, et le milieu est forcément tentant pour nous tous. Mais ton avis me refroidit. Pas grave, y a d’autres poissons dans la mer… Mais en ce moment, je me lirais bien qch qui se passe dans une librairie.

  14. J’ai acheté ce livre et je l’ai déjà prêté sans l’avoir lu, faut le faire quand même !!
    C’est juste la petite phrase sur le côté qui m’a décidé « Et si la lecture pouvait tuer »
    Il n’a même pas eu l’occasion d’être en rayon ce livre 🙂 Dommage pour mon porte feuille :p:p

  15. Tu viens de me faire économiser 20 euros. Je l’avais mis dans mon panier A***** et hésitais fort. PLus maintenant !

  16. Comme toi, le thème m’avait vraiment tentée, je l’ai donc lu cette semaine et je suis rassurée en lisant ton billet car j’ai été moi aussi extrêmement déçue. Il y avait pourtant tant à faire avec une telle idée de départ. Mais le résultat est vraiment très médiocre…

    1. Me voilà ravie ! Non pas que tu aies lu un livre qui ne te plait pas bien sûr, mais que tu aies le même ressenti que moi… parce que l’idée de départ est tellement bonne et je me suis tellement ennuyée, je pensais que j’étais peut-être passée à côté de quelque chose…

  17. J’ai essayé, persuadée comme toi que ça serait vraiment chouette et original. J’ai abandonné au bout de… 30 pages peut être ? J’en ai parlé avec quelqu’un qui a abandonndé au bout de 80 pages… je ne suis pas allé lire les avis que tu mets en lien, mais je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup, des avis enthousiastes !

  18. Ah mince, mois qui pensait qu’il serait bien. J’avais eu un livret des premières pages. Il me faisait envie ce livre d’après le résumé. Bon bah je passe du coup.

  19. On dirait qu’il y a un gros plan marketing derrière ce titre. Quand j’ai vu la pub, ça m’a fait penser à « L’ombre du vent » + « Dan Brown » + polar du nord = jackpot!

  20. Je crois qu’il ne faut pas se laisser par les critiques. Qu’elles soient positives ou négatives.
    Chacun doit de forger sa propre idée, suivre son instinct et tirer ses propres conclusions.
    Ce livre n’a pas plus à certains, mais peut-être plaira t il a d’autres.

    Il ne faut pas être trop dur avec l’auteur, ce n’est que son premier roman.

    Et après tout, on a pas mal de navet en France aussi!

    1. Je crois que si les gens qui lisent beaucoup vont d’un blog à l’autre pour voir ce que d’autres gens qui lisent beaucoup ont lu, c’est parce qu’il finit par se créer des affinités, des gens qui aiment ou n’aiment pas la même chose et il y a des blogueurs avec lesquels on est souvent en phase. C’est pourquoi, si un blogueur que je fréquente souvent et dont je connais bien les goûts parce qu’ils sont assez similaires aux miens, n’a pas aimé un livre, je peux me dire qu’il n’est peut-être pas nécessaire de succomber encore à un beau titre, une belle couverture alors qu’il me reste bien des livres qui attendent d’être lus sur mes étagères. C’est je crois pour ça que les commentateurs réagissent ainsi : ils viennent chercher un avis qui peut influencer le leur, ce qui ne veut pas dire non plus qu’ils n’en changeront pas.

  21. Tout comme toi ! Je n’avais vu aucune pub mais la couverture , le sujet et le titre étaient tout simplement irrésistibles ! Et pourtant , tout en l’achetant , je me disais bien … hou … ça sent quand même un peu mauvais ça , trop beau pour être vraiment bon ! Et bingo !!! Jé viens de le finir , mon billet est à venir …
    Je disais il y a peu que les titres avec le mot « libraire » dedans me portent rarement chance ! En revanche , je me suis gardée bien au chaud dans un petit coin ta fabuleuse bibliographie book inside !!!
    ;-))

    1. Et de trois ! Ça me rassure parce que je vois que je ne suis pas la seule à tomber dans ce genre de pièges, mais c’est triste de lire un livre raté…

  22. Tu me sauves d’un achat décevant! Je l’ai vu, le « pitch » avait l’air intéressant mais j’ai eu peur de tomber sur une énième histoire abracadabrante… Apparemment, j’ai bien fait de m’abstenir!

  23. J’ai pris un petit fascicule extrait dans ma librairie, ce que j’en ai lu me tentais beaucoup ! je ne vais pas me précipiter dessus même si je reste curieuse de découvrir cet auteur 🙂

  24. moi aussi j’ai eu le petit livret en main et, tentée, je l’ai emprunté à la bibliothèque; désolée mais je l’ai aimé, il y a tout ce que j’aime : le décor (une vieille librairie), le parfum des vieux livres, la passion de la lecture, une touche de fantastique, une pincée d’ésotérisme et pour lier le tout, une enquête policière! Bon, c’est vrai qu’il contient quelques maladresses ou autres facilités et que la fin est assez bizarre, je suis d’accord, mais c’est un premier roman, donnons-lui une chance, après tout l’idée est neuve, non? Des livres qui tuent…

    1. Je suis ravie de votre commentaire : les livres sont là pour tous, et s’ils ne font pas le bonheur de certains, heureusement que d’autres les apprécient. Je lui ai trouvé bien des faiblesses à celui-ci, mais je ne condamne pas l’auteur pour toujours et ne doute pas qu’il fera mieux !

  25. Tellement fan de littérature policière nordique que je finis par me voir pousser des oeillères. Ainsi de ce Mikkel Birkegaard que son seul nom et le quatrième de couverture m’ont fait le choisir dans l’espoir de découvrir un nouvel auteur nordique…hélas, dès le début le simplisme des deux termes, récepteurs et émetteurs font craindre le pire…et on a raison de craindre…Classé «  »policier » ce livre sent son informaticien à plein nez (mais pas de flair et pardon aux informaticiens imaginatifs) et les classifications binaires.
    Il va pourtant falloir que je le termine : je n’ai plus que ça à lire et je suis pour quatre jours encore à Bergen, la ville de Gunnar Staalesen et de son héros -Varg Veum- dont on rencontre la statue, accoudée dans un porche, face au port. Mais pas de bouquins en langue française en librairie !

    1. J’ai lu le premier Varg Veum il y a peu et l’ai apprécié (pas au point d’apprendre le norvégien non plus !). C’est beaucoup mieux que ce Birkegaard qui a effectivement raté son coup. Et en plus, si vous ne l’avez pas encore fini, vous n’êtes pas au bout de vos déceptions : la fin est ridicule !

      1. Si ça peut intéresser, sur ce blog, à mon retour chez moi, je veux bien donner quelques infos ( à déguster avec modération) sur des auteurs de polars nordiques ?

      2. Personnellement, je suis tout à fait preneuse. J’ai un Sjöwall et Wahlöö qui m’attend ainsi qu’un Hakan Nesser et depuis longtemps, le tome deux de Stieg Larsson. Je n’ai pas envie de Lackberg, malgré le bien qu’on en dit. Il y a tellement livres qui sortent ces derniers temps qu’on ne sait plus quoi choisir, car il doit y a voir du bien et du moins bien. Alors si tu as de bons conseils, je suis d’accord.

  26. Bonjour Yspaddaden.
    Back home. Qu’est-ce que c’était beau la Norvège. Maintenant quand je lis un roman de Gunnar Staalesen, je peux situer les actions de son héros dans Bergen !
    Voilà l’un des auteurs nordiques de ma bibliothèque : D’abord Henning Mankell, évidemment et son héros, le très sombre commissaire Wallander.Il me semble me souvenir que c’est par lui que j’ai commencé l’exploration des auteurs nordiques.Pour ses derniers romans (et pièces de théâtre), il a abandonné le commissaire Wallander et le style policier pour des romans plus « classiques ».
    Et Wallander est devenu une série télévisée dont j’ai pu voir un ou deux épisodes. Pour ma part, j’ai lu 6 de ces « polars » : Le guerrier solitaire,Les morts de la St Jean, L’homme qui souriait, La dernière note, Le retour du Professeur de danse et La lionne blanche.C’est très noir, sans recherche d’effets. Wallander se déplace, dans un monde sombre, une peinture sociale très réaliste. C’est, au fond, très humain, et je n’ai pas été surpris d’apprendre qu’Henning Mankell avait pris parti politiquement en s’embarquant sur l’un des bateaux qui voulaient forcer le blocus contre la Palestine. (Non que je veuille prendre parti moi, sur ce blog, mais pour donner une idée de l’attention que prête l’auteur aux situations politiques et sociales.)
    Inutile de souligner que j’ai beaucoup apprécié ces ouvrages ?
    C’est tout pour aujourd’hui. Prochain épisode, si ça intéresse, sur Ake Edwarson.

    1. A ma grande honte, je n’ai jamais lu Mankell, ces informations me sont donc précieuses car le monsieur a quand même beaucoup écrit, et pas que dans le domaine du polar. Je ferai un petit bilan de mes lectures nordiques en fin d’année (en décembre), d’ici là, je lis !

  27. Alors moi tu diras que je suis bizare mais j’aimerais fort me faire un avis perso sur ce phénomène qui déclenche tellement d’hésitation, ou de « beurk », suis curieuse de nature et j’aime fouiner ,quitte à m’en torturer, quand les avis sont très très partagés vers le négatif, donc je pense fortement le lire rien que pour voir, c’est vrai que le titre et la couverture m’attiraient tout de suite et puis l’auteur n’a pas écrit ça pour rien faut je trouve moi-même la raison, faudrais que ce livre passe entre mes mains bisous

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