Cette bande dessinée n’a rien à voir avec notre ligne franco-belge. D’abord, c’est l’adaptation d’un livre de Thomas Hardy, Loin de la foule déchaînée, ensuite, elle est l’œuvre d’une britannique. Le dessin et les bulles sont bien présents, mais la place du récit est importante, qui rapporte les pensées de plusieurs des personnages.
Dans un très paisible village anglais, Stonefield accueille des écrivains plus ou moins célèbres. C’est Beth Hardiman qui s’occupe de cette retraite bucolique, repas, ménage, intendance et oreille compatissante à l’occasion. Son mari Nicholas est auteur de best-sellers, et coureur de jupons. Elle sait, elle pardonne parce qu’il lui revient toujours.
Il y a là Glen Larson, traducteur, universitaire frustré et romancier en panne, Andy le jardinier et quelques autres de passage. Au village, des jeunes passent le temps en balançant des œufs sur les voitures, trompant l’ennui dans l’abribus.
Et un jour débarque Tamara Drewe. Journaliste dans le vent, jeune, allumeuse, jolie depuis qu’elle s’est fait refaire le nez. La tranquillité de Stonefield est sérieusement menacée. Andy la trouve à son goût, Nicholas aussi, mais c’est Ben, un ex du rock indé qu’elle ramène chez elle dans la maison héritée de sa mère. Judy et Cosey, deux ados désœuvrées et fans du musicien en sont tout émoustillées et décident de visiter la maison de Tamara quand elle n’y est pas, se servant dans ses affaires et utilisant son ordinateur pour envoyer des messages douteux qui vont ternir la réputation de Tamara qui n’avait pas besoin de ça. Suspicion, jalousie, dénonciations : rien ne va plus à Stonefield…
Ce roman graphique est d’une incroyable justesse psychologique et sociale. Bien des thèmes y sont abordés, mêlant lucidité et légèreté : la création littéraire, l’inertie de la campagne, la vie des bobos, le couple, le statut de la femme, la dérive des adolescents… Même en s’inspirant d’un roman du XIXe siècle, Posy Simmonds parle de notre époque et des mœurs d’aujourd’hui. En choisissant de mêler les points de vue grâce aux différents récits, elle donne une grande densité à chaque personnage (en particulier les deux ados, Beth la propriétaire et Glen Larson) qui sonnent tous très juste.
Tous les éléments d’une bonne comédie dramatique sont présents dans ce roman graphique (drame, humour, personnages, quasi huis clos à la campagne…) et je ne doute pas une minute que Stephen Frears (Haute Fidélité, Les Liaisons dangereuses, The Queen…), en aura fait un film intéressant, avec Gemma Arterton dans le rôle titre. Attendre et voir, sortie sur nos écrans le 14 juillet prochain (une bonne raison pour échapper légitimement aux feux d’artifice !).
Tamara Drewe
Posy Simmonds traduite de l’anglais par Lili Sztajn
Denoël, 2008
ISBN : 978-2-20726043-2 – 133 pages – 23,50 €
Tamara Drewe, parution en Grande-Bretagne : 2007
Thomas Hardy, celui qui a écrit « Tess d’Urberville » ?
J’irai feuilleter cette BD la librairie pour me faire une idée mais je crois bien que je vais me laisser tenter… 😉
Oui, c’est bien ce Thomas Hardy-là.
Lu et apprécié… mais pas de coup de coeur comme avec Gemma Bovery, roman graphique qui m’avait fait découvrir l’auteur (du coup je n’avais pas fait de billet).
Je vais le tenter aussi.
Ton billet donne envie d’en savoir plus… Tu n’aimes pas les feux d’artifices?
Nan, j’aime pas… surtout la foule qui va avec…
Ce serait peut-être pour moi l’occasion de me remetter à la BD ?
une bonne occasion oui, surtout qu’il y a beaucoup de texte, c’est moins déconcertant pour les non amateurs.
C’est adapté trèèès librement quand même ! ;o) J’ai bien aimé cette BD, et je suis curieuse de voir l’adaptation.
oui, ça n’est je suppose pas une fidèle adaptation du roman de Hardy…
J’ai adoré, évidemment (même si je ne me souvenais pas du roman de Hardy), et c’est plus facile à lire que Gemma Bovery puisque non manuscrit. Ah les BD où il y a beaucoup à lire, j’aime bien aussi, roman graphique, disons.
Très consistant comme BD, et tellement à lire qu’on ne regardant pas assez les dessins, enfin pour ma part, j’ai recommencé pour mieux apprécier le graphisme la seconde fois.
C’est un magnifique roman graphique, drôle et profond. Je ne me sens pas très curieuse de voir l’adaptation ciné, mais effectivement, avec Stephen Frears, ça peut être intéressant…
Moi j’ai très envie de voir cette adaptation, j’ai déjà vu quelques extraits, ça a l’air drôle, très réussi.
J’ai beaucoup aimé le roman graphique et je compte bien traîner Mr K. pour voir le film… qui lui plaira sûrement, ceci dit !
Que d’excellents souvenirs avec Stephen Frears, pas de raisons que ça ne soit pas encore réussi.
Vraiment aime ce roman graphique, j’ai bien envie de le relire, tiens ! Je suis en manque de Posy Simmonds !!
On n’en a que deux chez nous, je ne sais pas si elle en a écrit beaucoup ?
Pioché en bibli et j’ai bien aimé également. Je ne savais pas que Frears l’avait adapté !
Je crois que le film a été présenté à Cannes.
Tiens, c’est rigolo, je suis en train de la lire ! Justement en prévision du film de Frears… Du coup, je n’ai lu ton billet qu’en travers mais je reviendrai 🙂
A bientôt !
Je ne connaissais pas du tout. ça a l’air sympa comme roman graphique
Ça l’ai et je te la recommande vivement.
Je n’ai pas beaucoup aimé, surtout le graphisme. Mais j’adore Thomas Hardy surtout Jude the Obscure.
Moi aussi, j’aime beaucoup Thomas Hardy. J’ai relu « Tess d’Urberville » il n’y a pas longtemps et « Jude l’Obscur » fut un grand plaisir, il y a longtemps…
Je vais commencer par lire le roman graphique, puis le roman de Thomas Hardy et j’attendrai sagement le DVD. Oui, je sais, j’ai toujours eu les yeux plus gros que le ventre!:))
Je guette ton billet pour le roman de Hardy, j’en ai lu plusieurs il y a un bout de temps, qui m’ont tous beaucoup plu.
Intéressant, à feuilleter lors de ma prochaine visite bdiste…
Il va te falloir un peu de temps, c’est épais !
Posy Simmonds a une place de choix dans ma bibliothèque. je relis régulièrement « Gemma Bovery », un vrai régal !
Il me faut mettre la main sur cette Gemma Bovery maintenant…
Posy Simmonds a dessiné pour le journal The Guardian pendant des années et ses dessins ont été rassemblés dans plusieurs albums dont « Literary life » (j’en parlais il y a quelques semaines). Elle ecrit aussi pour les enfants et l’un de ses albums « le chat du boulanger » a été traduit en français.
Toujours pas attirée par les BD… Je ne regarde que les textes et jamais les images, du coup c’est moins intéressant ! ^_^
Effectivement 🙂 Mais surveille la sortie du film !
Cette BD est notée depuis une éternité. Et j’avais presque oublié. Je ne sais pas si je doit te remercier ou non de me l’avoir rappelée et d’avoir réveillé mon envie de le lire!!
Ben me remercier bien sûr parce qu’en matière de BD, je ne chronique ici que ce qui me semble vraiment bon.
Les gros blocs de textes m’ont rebutée. Pour moi, ce n’est ni une bd, ni un roman et j’ai du mal à lire ce genre « hybride ». Et pourtant, j’ai entendu beaucoup de bien de cet album…
Les pavés de textes sont en effet déroutants pour nous qui sommes habitués aux bulles. Mais ça permet de mieux entrer dans l’intimité psychologique de chaque personnage.
Ah mais ça m’a l’air fort intéressant .. bien envie de lire ces bulles avant de les voir sur l’écran … d’autant que l’on reconnait Tamara et son mini-short, tout pareils à la bande-annonce du film de Frears.
ce doit être curieux de voir un film inspiré d’une BD adapté d’un roman …
@+
BMR
Très envie de voir ça moi aussi, j’aime beaucoup Stephen Frears.