Le cercle des poètes disparus de Nancy H. Kleinbaum

Le cercle des poètes disparusIl restait quelqu’un sur Terre pour ne pas avoir vu Le cercle des poètes disparus, le film de Peter Weir sorti aux États-Unis en 1989, et c’était moi. Et comme j’aime toujours mieux lire les livres avant de voir leur adaptation, j’ai commencé par le livre de Nancy Kleinbaum. Et plus j’avançais dans ma lecture, plus je trouvais ça très simpliste : des personnages intéressants, beaucoup de potentiel, mais finalement superficiels quant à leur psychologie, évoquée à la truelle. Bref, un bon scénario, mais pas un bon livre.

Une fois le livre terminé, je me renseigne ici et là, et découvre sans que ça m’étonne plus que ça, que le roman n’est pas à l’origine du film, mais l’inverse : Nancy Kleinbaum a novellisé le film, voilà pourquoi tous ces jeunes gens restent globalement très stéréotypés.

A la fin des années 50, des jeunes gens sont envoyés par leur famille à Welton, lycée américain très select du Vermont. Ils n’ont pas droit à l’erreur, portant pour la plupart les espoirs de leurs parents qui ont d’ores et déjà tracé leur avenir. La discipline est stricte (les châtiments corporels ont encore cours), le travail accablant et les professeurs quasi aussi vétustes que les lieux (pour tout dire, on se croirait dans un collège anglais).
Mais voilà que la classe de Knox, Charlie, Neil, Todd et les autres hérite du nouveau professeur de lettres, Mr. Keating, qui a des manières bien à lui d’enseigner. « La majorité des hommes mène une vie de calme désespoir » constate-t-il avec le poète Henry David Thoreau, auteur de La désobéissance civile (1849), livre dans lequel il incite à la résistance individuelle face à l’autorité. Lui, il est là pour faire bouger les choses, pour que ces jeunes gens s’affirment et profitent de la vie. On commence par arracher les pages des livres pleines de vieilles théories poussiéreuses, puis on monte sur les tables, on crie, bref, on se délivre du carcan de la tradition, premier pas vers la libération du joug familial.
Mais les États-Unis ne sont pas encore prêts à accepter l’émancipation de leur belle jeunesse. L’autorité paternelle fait encore loi et il faudra attendre quelques années pour que le rock, la guerre du Vietnam et les hippies entament des bouleversements radicaux dans les mentalités.

Déçue par ma lecture, j’ai quand même regardé le film. Et même en connaissant la fin, la charge émotionnelle est forte (tout ça finit très mal). Car en plus de l’évidente critique du système éducatif américain dans les grandes écoles, les intrigues personnelles de chaque protagoniste prennent beaucoup plus d’ampleur du fait de tous ces excellents jeunes acteurs. On est bien loin de l’Amérique de Happy Days, avec ces acteurs bien proprets et furieusement stéréotypés. Ici, on voit très bien l’évolution des jeunes héros, le bonheur qu’ils tirent de leur nouvelle liberté, leur épanouissement, leurs espoirs. Et leur tristesse aussi. Ils sont sincères et touchants, d’une fraîcheur tout à fait appropriée, en particulier Robert Sean Leonard (Neil Perry).
Robin Williams est aussi très bien, en incitateur à la débauche intellectuelle, stimulant en diable, drôle et émouvant le moment venu.

« I went to the woods because I wished to live deliberately, to front only the essential facts of life, and see if I could not learn what it had to teach, and not, when I came to die, discover that I had not lived. »
Henry David Thoreau

Le cercle des poètes disparus

Nancy H. Kleinbaum traduite de l’anglais (américain) par Philippe de Broca
Librairie Générale Française (Le Livre de poche), 1991
ISBN :978-2-253-05815-1 – 192 pages – 4,50 €

Dead Poets Society, parution aux Etats-Unis : 1990

77 commentaires sur “Le cercle des poètes disparus de Nancy H. Kleinbaum

  1. J’avais vu le film à sa sortie et beaucoup aimé. Je me souviens de scènes fortes. Je ne lis jamais de novellisation des films, je ne vois pas trop l’intérêt.

  2. Le film fait partie de mes préférés, je le trouve très beau et très fort. Je n’ai jamais eu envie de lire le livre, je crois que je n’ai rien raté…

  3. Je me souviens avoir énormément aimé le film lorsque je l’ai vu, ado. Je n’ai pas trop envie de le revoir, de peur de ne pas y retrouver ce qui m’avait tellement plu à l’époque. Quant aux novellisations, je n’en connais aucune de bonnes, alors j’évite ! Mais il arrive qu’on se fasse avoir…

    1. Je crois que ce film a très bien passé le temps. Déjà, il se passe dans les années 50 ce qui pourrait le rendre lointain, étranger à nous, mais les thèmes sont tellement forts que tout sonne encore très juste.

  4. Le film a été un choc la première fois que je l’ai vu: au lycée avec notre prof de français, juste avant les vacances de Noël. Et c’est devenu l’un de mes films cultes que je revois avec plaisir (la dernière fois c’était il y a trois semaines) et je suis toujours ému par la fin.
    J’ai lu le livre après avoir vu le film et je n’ai pas été déçu car je savais à quoi m’attendre. C’était juste pour retrouver les personnages du film.

  5. J’ai beaucoup aimé le film quand je l’ai vu (vingt ans déjà !) mais je craindrais de le trouver un peu daté maintenant… Dommage que tu aies lu le livre, tu aurais pu t’en passer, si tu avais su que c’était une novellisation !

    1. Après avoir lu le livre, je me demandais vraiment comment il avait pu donner un film que tout le monde encensait, et je craignais du coup de le regarder. Et puis après, j’ai compris…

  6. j’ai de très bons souvenirs de ce film que j’avais vu à sa sortie mais les années passant, je n’ai jamais osé le regarder à nouveau… certaines choses sont si magiques quand on est plus jeune ^^ Ton avis me donne envie de le revoir pourtant et de me laisser de nouveau emporter par ces acteurs si émouvants

    1. Je ne suis plus si jeune que ça, et j’ai vraiment été touchée. Je crois que oui, ces jeunes acteurs sont vraiment très bons et le fait que le film se passe dans les années 50 donne une certaine intemporalité au sujet, qui du coup reste toujours d’actualité par ses thèmes.

  7. Film culte, qui doit beaucoup à Robin Williams. Script un peu analogue à « Good Morning Vietnam », magnifique lui aussi.
    Un peu de subversion dans un monde de brutes ne fait pas de mal.

  8. « Il restait quelqu’un sur Terre pour ne pas avoir vu le film de Peter Weir sorti aux États-Unis en 1989, et c’était moi.  »
    Alors là… Si je raisonne logiquement, je déduis que je ne suis pas sur terre… Bon, ça m’arrive, je le sais… ^_^

  9. J’aime beaucoup le film même si il y a quelques clichés. Dans le même genre, en version féminine, j’ai bien aimé aussi Le sourire de Mona Lisa avec Julia Roberts.

  10. Quel film! A la fac, quand il est sorti, notre prof nous disait qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse aimer un film pareil. Une vraie sans-coeur!

  11. Comme parent et comme pédagogue, je rêve de ce genre de professeur pour tous les étudiants de la terre !
    Excellent film !
    Le livre ? Un arbre gaspillé !

  12. Une fois n’est pas coutume, j’avais lu le bouquin après avoir vu le film. Et pas de doute, le livre est tiré du film. Dommage, cela aurait pu être un bon bouquin avec une belle écriture.

  13. vu dans ma jeunesse… revu un peu plus tard… si je le revoyais auj, il n’y aurai plus la charge émotiionnelle d’alors.

    rassure-toi, moi, je n’ai jamais vu « Titanic » !!!!!!!
    là, je dois être vraiment la seule !

  14. Oui bon je vis avec quelqu’un qui n’a vu NI Star Wars, NI Titanic, NI Avatar! (c’est peut-être un alien!) Comme tout le monde, film culte que j’ai vu à sa sortie quand j’avais 11 ans : je me souviens du générique de début avec une allumette qui allume une bougie (je ne sais pas pourquoi c’est une image qui me reste…Peut-être parce qu’elle inaugure un très grand moment d’émotion.) Carpe Diem!

  15. Un film que j’ai vu plusieurs fois quand il est sorti… Il faudrait que j’incite mes enfants à le regarder pour voir les effets sur eux, aujourd’hui…

  16. J’avais vu le film à sa sortie et je l’avais adoré ! Jamais revu depuis mais je le ferai certainement avec mes filles.
    On m’avait offert le roman plus tard : j’ignorais qu’il était tiré du film et non l’inverse… ou bien l’ai-je pressenti car je n’ai jamais eu envie de le lire, je crois même que je l’ai donné.

    1. Tu n’as vraiment rien perdu en ne le lisant pas. Mais tu fais bien d’être généreuse en livres (je me souviens en avoir bénéficié avec plaisir !).

    1. J’avais une petite boule dans la gorge quand à la fin quand les jeunes gens montent sur la table et l’interpellent : Captain, my Captain !

  17. Tu me rassures, j’ai adoré le film quand je l’ai vu à 13 ou 14 ans et j’avais peur de le revoir et d’être déçue. Là je sais que je ne crains rien ! 🙂 Sinon, tu me rejoins dans le club très fermé de Celles-qui-n’ont-pas-vu-les-films-mondialement-connus : manquent à ma culture, entre autres, Grease, La boum, Ghost… 🙂

  18. C’était mon film préféré quand j’étais ado! Je l’ai vu des centaines de fois! Si tu t’intéresses à la littérature autour de ce film, j’ai vu que ce film avait été inspiré par un vrai professeur, Samuel Pickering, qui a écrit des essais. Je ne sais pas s’ils existent en français.

  19. J’ai lu le livre quand j’étais au lycée, j’avais bien aimé, par contre je n’ai toujours pas vu le film et je n’ai pas vraiment envie de le faire.

  20. Avec « Will Hunting », celui-ci est un de mes films préférés sur la thème du professeur-mentor. Je trouve que les problématiques de l’art et de la réalisation de soi y sont bien traités et effectivement les acteurs irréprochables. Quand à l’adaptation novélisé, comme toi, j’ai trouvé ça très très light!

  21. J’avais vu le film : trop simpliste et stéréotypé à mon goût… J’ai trouvé l’approche du Carpe Diem trop facile et caricaturale.

    1. Il fallait bien quelqu’un pour ne pas l’avoir aimé 🙂 Le film n’est pas extrêmement profond, mais il a beaucoup de charme quand même, je trouve, tous ces jeunes gens avec leurs rêves, qui voient le monde s’ouvrir devant eux et qui sont brimés par leurs familles, j’ai trouvé ça réussi.

  22. J’ai vu ce film je ne sais combien de fois, ado et après, et ça marche à chaque fois. Je l’aime, c’est tout, et je sens que je vais le regarder encore une fois très prochainement ;).

  23. Hi hi ! Tu n’es pas la dernière à ne pas avoir vu ce film ! Moi toujours pas regardé ce grand classique ! Bon du coup je ne pense pas que je lirai le livre, il ne m’intéresse pas vraiment après ton avis, mais le film me tente bien !

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