Le roman d’Anne Cassidy s’ouvre sur Alice Tully a seize ans. Elle vit avec Rosie, assistante sociale, travaille dans une cafétéria pour se faire de l’argent, va s’inscrire en première année d’Histoire à la rentrée et a un petit ami nommé Frankie. En apparence, Alice Tully est une jeune Anglaise comme les autres. Sauf qu’elle s’appelait il y peu Jennifer Jones et qu’elle était en prison pour meurtre : à l’âge de dix ans, Jennifer Jones a assassiné une de ses camarades et vient d’être mise en liberté conditionnelle.
Les journaux à sensation ayant été avertis, ils recherchent activement Jennifer Jones, s’indignant tous qu’elle puisse être libérée si tôt après un crime si terrible. Pour la préserver, pour lui donner une chance d’oublier le passé et de construire son avenir, Rosie l’assistance sociale et Jill, la juge d’application des peines lui ont donc créé une nouvelle identité, pour un nouveau départ. Tout semble bien fonctionné, Alice travaille, elle a des amis. Jusqu’au jour où un détective privé arrive en ville : il cherche Jennifer Jones, colle partout des affiches avec son visage dessus, montre sa photo et traine sur le campus. Les six mois passés avec Rosie auront-ils été la seule période de calme qu’elle connaîtra jamais ? Sera-t-elle constamment obligée de fuir ? La société lui permettra-t-elle de refaire sa vie ?
Le livre d’Anne Cassidy est divisé en quatre parties. La première nous fait découvrir Alice Tully au quotidien et commence à ébaucher le passé de la jeune fille, mettant en place les éléments du drame. La deuxième partie nous transporte six ans en arrière, à l’époque des faits quand Alice s’appelait Jennifer Jones. On découvre ainsi qu’elle fut sa vie avec sa mère mannequin qu’elle admirait mais qui la délaissait pour son travail au point qu’elle faisait de longs séjours chez sa grand-mère peu aimante ou même en maisons d’accueil. Sa mère multiplie les petits amis, mais les contrats se font de plus en plus rares et elles déménagent souvent. Quand Jennifer emménage à Berwick Waters, elle se fait des amies, sa jeune et autoritaire voisine Michelle et la petite Lucy, souvent moquée à cause de sa peu glorieuse famille.
Le livre d’Anne Cassidy est particulièrement bien construit car on apprend par touches successives ce qui a conduit Jennifer au meurtre. Peu à peu, les éléments se mettent en place, attisant la curiosité du lecteur qui veut aussi savoir ce qui va arriver à Alice, si elle va échapper au détective privé, aux journalistes (la critique des journaux à scandale britannique est évidente) et comment vont évoluer ses relations avec Frankie.
Avec finesse et sans misérabilisme social, Anne Cassidy construit un personnage très juste et un suspens prenant. Les rapports entre Jennifer et sa mère sont terriblement crédibles, et ceux d’Alice et son entourage proche ni caricaturaux ni empreints de bons sentiments. Un fort sentiment de réalisme se dégage de ce livre sur un sujet pourtant difficile et susceptible de bien des clichés.
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L’affaire Jennifer Jones
Anne Cassidy traduite de l’anglais par Nathalie .M C. Laverroux
Milan, 2007
ISBN : 978-2-7459-1886-4 – 312 pages – 8,50 €
Looking for JJ, parution en Grande-Bretagne : 2004
Je l’ai souvent vu ce roman sans jamais me décider. Ton billet fait pencher la balance et je le prends finalement en note. Je le lirai probablement un de ces jours!
C’est le sujet qui n’est peut-être pas très engageant… mais il est traité avec intelligence et retenue, le portrait de la jeune fille est vraiment très réussi.
Toujours terrible de lire la vie d’une si jeune meurtrière mais ce récit me tente bien !
C’est un sujet difficile mais parfaitement traité ici.
Contente que ce roman t’ait plu. Je me dis que parfois, la classification en littérature jeunesse, prive les plus « grands » de lectures forte et intelligente. Ce roman-là en fait partie. Mais pour avoir eu l’occasion d’en discuter quelques fois avec des auteurs dits « jeunesse », je me suis rendue compte que ces derniers n’écrivaient pas pour les ados mais se retrouvaient « malgré eux » dans cette catégorie.
En tout cas merci d’avoir attiré mon attention sur ce titre. Il est tout à fait certain que son lectorat peut s’étendre bien au-delà des adolescents, je ne l’ai pas lu comme ça pour ma part.
Oh !! Celui-là me tente beaucoup ! Je connaissais pas du tout !
Si toi, tu conseilles un roman ado, je note !
Je n’en lis pas souvent (en dehors de l’Imaginaire), alors je les choisis avec soin !
Ton billet donne envie de découvrir ce roman, qui rappelle, de loin, les enfants tueurs de Liverpool.
Oui malheureusement, il y a eu bien des drames dans ce genre.
Le début de ton billet me fait penser à un film mais pas moyen de retrouver le titre. J’avais beaucoup aimé ce film et maintenant j’ai très envie de lire ce livre.
Ah ça y est, j’ai retrouvé, il s’agit de Boy A de John Crowley, adapté de Jeux d’enfants écrit par Jonathan Trigell.
Eh ben voilà, noté le film !
je note, on ne sait jamais 😉
Il faut noter, oui, et le lire parce qu’il en vaut la peine.
J’ai souvent vu la couverture mais jamais lu, je vais peut-être franchir le pas maintenant…
Je pense que tu ne seras pas déçue.
Je me souviens du billet de Laurence, qui m’avait fait noter ce titre. D’ailleurs, il me semble bien que je l’avais acheté. Je m’en vais vérifier de ce pas et l’ajouter dans la pile prioritaire !
J’ai été plus rapide que toi 🙂 Ah la fameuse pile… ne cherche plus La guerre des clans en tout cas, ça y est, on les a tous !
Moi aussi, je suis tentée par ce livre après avoir lu ton billet et je pense que mes ados le liraient aussi avec intérêt.
Mes ados à moi n’ont pas daigné lire cet été… cuisant échec…
Je note !
Souligne, il le mérite !
Un livre bien émouvant!
L’auteur en a écrit un autre tout aussi bien dont j’ai oublié le titre zut!
C’était Innocents que j’ai d’ailleurs aussi acheté pour la bib suite à plein de bons billets à son sujet.
les enfants criminels sont un sujet sensible en Grande-Bretagne (je pense aux deux pettis garçons dans une galerie marchande et il y de plusieurs dizaines d’années, la première affaire : deux fillettes)
je le rajoute, espérant le trouver un de ses quatre…
Oui, et on voit aussi très bien dans le livre, l’omniprésence des journaux à sensation dont raffolent les Anglais.
Je n’ai jamais réussi à me décider non plus, j’avais peur d’un truc bien misérable. Mais si tu dis que non, j’ai tendance à te croire.
C’est gentil ! Ce n’est pas du tout du tout misérabiliste, mais réaliste, intelligent, pudique et sensible… ça fait beaucoup d’adjectifs, mais ils me semblent justifiés.
tiens je ne me souvenais plus de ce roman dont j’ai entendu parler l’année dernière je crois. Tu me le remet en mémoire, merci!
Ça sert aussi à ça les blogs !
première fois que j’entends parler de ce livre… mais pourquoi pas !
Ah bon ? Pour ma part, j’avais pas mal de bonnes choses dans des revues, et Laurence est venue confirmer cette bonne impression pour me tenter définitivement.
L’histoire a l’air passionnante (en tout cas ton article l’est !)
Le livre est cent fois mieux 🙂
Je l’avais lu à sa sortie, et même si j’avais beaucoup aimé, j’en étais ressortie avec un indicible sentiment de malaise… Dur, comme histoire. Et comme on se laisse prendre dans le rythme de la narration, je m’étais fait complètement « bouffer » par la tragédie. Une lecture dont j’avais mis un peu de temps à me remettre et je m’étais demandée même si je l’aurais conseillée à TOUS les ados…
Il est certain que ça n’est pas une lecture de tout repos, mais je trouve que ce livre parle intelligemment de ce sujet difficile qui peut c’est vrai heurter des sensibilités. Mais je trouve bien que l’on voit ce thème des adolescents tueurs à travers la coupable plutôt que ce qu’on voit d’habitude dans les médias, qui enchaînent les images chocs et les poncifs sur les enfants instables, difficiles… On suit l’évolution de la jeune fille et on comprend comment elle en est arrivée là (même si bien sûr, rien ne le justifie effectivement) et comment ensuite elle se reconstruit, ou tente de le faire.
Un bon roman pour adulte aussi, et qui fait réfléchir.
Tout à fait d’accord.
Un roman jeunesse qui a l’air riche et foisonnant. J’ai gardé l’esprit jeune !!!
Alors il te plaira certainement !
C’est un roman que j’ai beaucoup aimé. Il avait fait grand bruit dans les bibliothèques à sa sortie car on se demandait s’il n’était pas trop violent pour les ados. Du coup, je m’attendais à quelques chose de sordide. Or, le roman est très bien construit et s’attache à la tentative de reconstruction d’Alice. Un très bon roman pour les grands ados.
C’est tout à fait le genre de livres à faire polémique, c’est vrai, mais c’est un sujet qui assurément intéresse les adolescents.
Ton billet me donne envie de lire ce livre qui me rappelle un fait d’hiver récent!
Malheureusement, il se fait l’écho de la réalité…
Une vraie réussite! j’en garde un très bon souvenir!
Une auteur à suivre, c’est certain.
J’ai envoyé le lien à ma fille 🙂
J’espère sincèrement qu’il lui plaira !
Il est dans la LAL ! Comme tant d’autres…
Ben oui, on en est tous là…
C’est vrai que la réussite de ce récit vient de la qualité de l’écriture et de la construction du roman, mais aussi parce que l’auteur s’attache à la construction d’une personnalité, comme tu le soulignes, sans jamais sombrer dans le misérabilisme social. Elle n’en fait jamais « trop ». Un roman qui donne très envie d’aller voir ce qu’elle a écrit d’autre.
Je suis en 4ème, et j’ai du lire ce livre par obligation. Au début, je n’étais pas tellement heureuse de le lire,mais au bout d’une dizaine de pages je me suis mise à le dévorer. J’ai vraiment apprécier le fait que le livre soit en 3parties, et contienne bon nombre de flashs backs m’ayant permi de rentrer dans l’enfance d’Alice et dans sa tête me permetttant de comprendre peu à peu le terrible mécanisme qui l’a poussé a commetre cet acte le plus effroyable qui soit.
Quoi qu’il en soit je dois en faire un résumé, et pour ne rien caché la manière dont laquelle à été écrite le livre me boulverse, je ne sais pas comment le rediger. Dois-je commencer par Jennifer passant par Alice et finissant par Kate, ou le rediger comme le livre?
C’est bien difficile à dire? Est-ce qu’il faut résumer tout le livre ou bien garder un certain suspens ?