La douleur du dollar de Zoé Valdés

La douleur du dollar de Zoé ValdésLa douleur du dollar est à la fois le portrait d’une femme, Cuca, et celui d’une île, Cuba. Cuca nait en 1934 loin de la ville. Jeune fille, elle décide de quitter sa campagne pour La Havane, la grande ville et la grande vie. Le travail ne s’offre pas à elle comme elle le pensait, mais elle s’échine à nettoyer, obéissant à sa logeuse.

Elle est timide Cuca mais finit par se lier d’amitié avec deux pensionnaires lesbiennes dont elle partage la chambre, qui lui font goûter les joies de la capitale une fois la nuit venue. Mais elle veut se garder vierge pour le mariage, et ne consent qu’un baiser au Ouane, mais quel baiser ! Il la marquera toute sa vie. Car Cuca est une fidèle, le Ouane, c’est son homme, et quand quelques années plus tard, il fuit après l’avoir mise enceinte, en lui donnant un dollar à garder précieusement, elle le garde, elle le couve, et attend son homme le reste de sa vie durant. Et le reste de sa vie se déroulera sous la dictature, la misère toujours plus misérable, jusqu’au retour du Ouane des États-Unis, trente ans plus tard, et riche comme Cresus.

Je n’aime pas les histoires de femmes qui attendent un homme toute leur vie, l’intrigue avait donc déjà quelque chose pour ne pas me plaire. Mais ce qui m’a le plus agacée, c’est le style de Zoé Valdés. Bien sûr, c’est vivant, extrêmement réaliste. Mais c’est d’une telle vulgarité que ça finit par lasser. Il est certain que l’auteur possède un vaste vocabulaire sexuel, très cru et au-delà. Mais cette érudition-là ne m’intéresse pas du tout. Le style est par ailleurs très oral, le texte compact, ces trois cent quarante pages furent donc difficiles.

Ce qui m’a cependant poussée à achever ma lecture, c’est l’indéniable talent de Zoé Valdés pour restituer l’ambiance de La Havane, celle des nuits d’avant 1959 avec la danse, les bars, la musique, celle de la misère actuelle, la vie des gens au quotidien. Beaucoup ont abdiqué toute dignité sous peine de mourir de faim, et l’île est devenue le royaume de la débrouille et de la corruption pour juste rester en vie.

Le style m’a été si pénible que je ne pense pas relire Zoé Valdés avant longtemps, mais j’ai apprécié cette immersion dans l’ambiance cubaine.

La douleur du dollar

Zoé Valdés traduite de l’espagnol par Liliane Hasson
Actes Sud, 1996
ISBN : 978-2-7427-1042-6 – 342 pages – 21 €

Te di la vida entera, parution en Espagne : 1996

38 commentaires sur “La douleur du dollar de Zoé Valdés

  1. Suite à ton commentaire, je crois que je vais passer mon tour !!
    Après avoir lu le dernier Padura, « L’homme qui aimait les chiens », je crois que je ne pourrais pas apprécier (pour l’instant), un autre roman sur Cuba … Ce ne serait pas lui rendre justice !!
    Bonne lecture !

  2. J’ai lu ce roman il y a quelques années, et il m’était resté la même impression désagréable liée au style vulgaire. Et malheureusement c’est une constante dans les romans de Zoé Valdés.

  3. Zoé Valdès, je ne la connais pas encore mais ce ne sera pas encore cette fois que je chercherai à la lire . Ce que tu dis de son livre n’a rien pour me plaire.

  4. Je crois que je vais passer mon chemin… Merci de ton CR, dommage pour La Havane, mais il doit y avoir d’autres façons de l’évoquer.
    Je me suis échiné à essayer de lire certains auteurs chiliens comme Sepulveda, qui charrie des torrents de vulgarité et vraiment non, merci. Même chose pour Céline, quelque soit sa notoriété, je ne peux pas.

    1. Jamais réussi à lire plus de 10 pages de Céline, je ne m’en vante pas… personne d’ailleurs : les allergiques à Céline restent discrets tant les thuriféraires sont despotiques !

  5. voilà une romancière à laquelle je n’accroche absolument pas du tout, après avoir lu ce livre-ci, je m’étais promis que ce serait le dernier que je lirais d’elle 😕
    elle n’a rien pour me plaire, vraiment pas

  6. Il y a très très longtemps que j’ai lu ce livre, je ne me souvenais plus de son contenu. Mais je crois l’avoir aimé, pour l’exotisme et l’énergie qui s’en dégageaient (pas de souvenir du tout du style et de la « crudité »). J’ai envie de découvrir Padura, tu m’as mis la puce à l’oreille, c’est sûr !

  7. Je style vulgaire me freine… et tout comme toi, les histoires de femmes qui attendent un homme toute leur vie et qui en oublient de vivre, cela ne m’intéresse pas. Je passe donc ! (en plus la couverture ne me plait pas du tout…)

  8. Je l’ai lu il y a un bon nombre d’années, et je me souviens que je n’ai pas débordé d’enthousiasme, au point de ne rien relire de l’auteur depuis ce temps… C’est bizarre, mais j’ai oublié que le vocabulaire était cru, pourtant je n’aime pas trop ça, surtout sur tout un livre !

    1. Je ne pense pas avoir l’oreille particulièrement prude, dans les polars US par exemple, ça ne me choque pas, mais là vraiment, tant de complaisance dans la vulgarité, ça me fatigue…

  9. Mince, j’étais tentée de découvrir cette romancière mais ce que tu dis de son style n’est pas non plus pour me plaire. Ce n’est pas ma PAL qui va s’en plaindre 😉

  10. je l’avais ouvert un jour et devant la vulgarité j’ai abdiqué. J’ai horreur de cela autant en films qu’en lecture ! J’ai « Louves de Mer » à lire de cette auteure, j’espère que je ne serais pas déçue …Je pense qu’on peut parler sexe et sensualité sans être vulgaire.

    1. Tout à fait d’accord avec toi, la vulgarité, c’est facile, tout le monde la pratique, moi aussi j’en connais un catalogue 🙂 Tout l’art est l’intelligence est de parler de sexe sans grossièreté ni crudité, ça n’est pas donné à tout le monde…

  11. Pourtant, il y doit bien y avoir des lecteurs qui l’apprécient…

    Oui, il y en a au moins un, Moi ! Mais bon, je n’en ai lu qu’un aussi ; mais dans l’ensemble, il m’avait bien emballé… Vulgarité ? Un peu, moi je parlerai plus de littérature crue.

    Le Néant Quotidien raconte l’histoire d’une femme cubaine qui s’appela Patrie. Une naissance dans la douleur mais marquante : le Che en personne a posé un drapeau cubain sur le ventre de sa mère au début de l’accouchement. Une naissance sous les meilleurs auspices, sauf qu’à Cuba, il n’y a rien. Rien à manger, rien à faire, rien à voir, aucun espoir : c’est ça le néant quotidien. Vivre à Cuba, c’est vivre sans aspiration et sans attente.

    Et voilà ce qui m’a plu dans ce livre. Outre quelques mots crus, il y a cette peinture sans espoir de Cuba… Un voyage littéraire vers une île qui aurait pu être un paradis, mais qui finalement n’est strictement plus rien…

    1. Tes quelques mots me donnent envie de revenir sur ma décision d’en rester là avec Zoé Valdés… je me demande quand même pourquoi elle s’exprime dans une telle langue, elle doit avoir besoin de provoquer… Son dernier livre qui vient de sortir en France est la suite du Néant quotidien.

  12. J’ai déjà essayé de lire quelques titres de cet auteur et je n’ai pas réussi à accrocher avec sa manière de raconter. Je devrais peut-être ré-essayer ?…

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