La plage des noyés de Domingo Villar

La plage des noyésLoin de l’Espagne de carte postale avec soleil et castagnettes, Domingo Vilar nous emmène en Galice, sous la pluie, au pays des taiseux, une pointe de fin d’Europe qui n’a rien à envier à la Bretagne.

C’est là qu’on découvre un noyé sur une plage, les mains liées dans le dos, comme le font tous les suicidés qui plongent pour ne pas se rater. Mais l’inspecteur Caldas ne se satisfait pas de cette version, quelques détails éveillant sa curiosité. Aussi bavard qu’un vieux Breton muet (sa réponse favorite est « Mmm… »), il va devoir faire parler tout un village qui a le silence pour religion principale. Autant dire donc que le ressort de l’intrigue n’est pas le rebondissement ou la course poursuite, non. Tout réside dans l’ambiance et dans les personnages ; il faut avoir envie de faire leur connaissance car ils ne s’offrent pas facilement.

Un roman austère, j’ai parfois pensé aux romans de Simenon, mais dont l’humour n’est pas absent, servi par le duo d’enquêteurs Caldas et Estévez, dont les dissensions font mouche. Caldas est un local mais Estévez est Arragonais, rien à voir. Ce dernier a du mal à se faire aux manières rudes des pêcheurs. Il préconise la manière forte, et ses façons de « fonce dans le tas » ne sont franchement pas en harmonie avec le travail minutieux de Caldas. Quand les villageois se mettent à évoquer le fantôme d’un capitaine noyé avec son bateau quelques douze ans auparavant, Estévez en claquerait bien un ou deux… Pourtant, le noyé était l’un des rescapés de ce naufrage, comment exclure un retour vengeur de l’au-delà ? Les villageois se contentent d’ailleurs très bien de cette explication.

Il restait à prouver qu’il existait de grands enquêteurs espagnols en dehors de Barcelone (car si Pepe Carvalho est d’origine galicienne, c’est dans la capitale catalane que se déroule ses enquêtes), c’est fait, sans tambour ni trompette mais efficacement. Le cadre est original, les deux inspecteurs atypiques et l’intrigue efficace.

Grand succès en Espagne, traduit en plusieurs langues, de Domingo Villar n’a pas fini de faire parler de lui. C’est ici la deuxième enquête de Leo Caldas, la première n’ayant pas été traduite (grrrr…).

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La plage des noyés

Domingo Villar traduit de l’espagnol par Dominique Lepreux
Liana Levi, 2011
ISBN : 978-2-86746-570-3 – 382 pages – 20 €

La playa de los ahogados, parution en Espagne : 2009

35 commentaires sur “La plage des noyés de Domingo Villar

  1. « sous la pluie… une pointe qui n’a rien à envier à la Bretagne »… hum hum… je ne dis rien mais n’en pense pas moins! 😉 En tout cas, je note ce livre qui parle de mes lointains cousins!

  2. Des bretons taiseux ? J’en connais qui ont de « la goule » moi, surtout après trois bolées !! Je vois que Gwen a apprécié d’ailleurs (hi hi ;)). N’ayant encore jamais lu de polars hispaniques (ni nordiques d’ailleurs, oui ça va !!) je le note pour quand je serais sortie de ma crise Gary et Benacquista !! Et de mes livres voyageurs qui traaaîîînent…

  3. ah ! Les duo antithétiques de policiers, c’est assez courant… Ce qui l’est moins comme tu le soulignes, c’est la ville où se déroule ‘laction. En ce qui me concerne la couverture me fait froid dans le dos !

  4. « Profites de l’été » ! dis-tu ? Mais c’est encore pire chez moi ! Les vacanciers s’invitent vu que c’est pas loin de la mer ! grrr Et j’ai des LC, Mais j’ai (aussi) une histoire de croque-mort que m’a envoyée Syl., je vais lui faire sa fête un soir, histoire de changer un peu quand même !! 😉

    1. Ouh la la, il faut vraiment faire quelque chose 🙂 Il y a beaucoup de très bonnes choses de ce côté des Pyrénées, pas forcément très drôles, encore que avec Eduardo Mendoza, tu peux prende de bons fous rires (Sans nouvelles de Gurb est un joyau d’humour ibérique déjanté).

    1. Rhooo, moi qui étais prête à faire courir le bruit que ce n’était que calomnie… si même les Bretons avouent qu’il pleut en juillet en Bretagne alors, vive la côte d’Azur 😀

  5. Ton billet est tentant, c’est sûr… j’hésite juste un peu parce que c’est aussi un coup de coeur d’une de mes collègues et que souvent, je ne suis pas d’accord avec elle. A voir donc ! 🙂

  6. La Galice, en touriste, ce n’est pas si mal! Quelle région splendide! Les vrais criminels sont les promoteurs immobiliers qui construisent à tort et à travers et abiment le paysage et les politiques qui ne protègent pas la côte (à la différence des Asturies).. mais je m’éloigne du sujet! J e note ce roman qui m’intéresse.

    1. Je n’ai jamais visité l’Espagne, juste fait quelques sauts rapides dans des villes frontières. J’aimerais beaucoup y aller, toutes les régions me tentent car j’aime beaucoup la langue, la cuisine et la littérature de ce pays.

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