Retour à Rédemption de Patrick Graham

Retour à RédemptionEncore une tentative de lecture de thriller à la française qui au final me laisse assez partagée. J’ai pourtant essayé de faire abstraction du fait que je n’aime pas les romans français à la sauce américaine (géographie, personnages, construction) pour m’intéresser à l’efficacité du page turner, du roman à frissons et à suspens pour l’été.

Deux fils narratifs alternent dans ce roman, l’un expliquant l’autre. Dans le premier, la femme et les deux bébés de Peter Shepard, très riche avocat d’affaire de la côte ouest, sont enlevées et assassinées, les fillettes étant laissées dans une voiture dans le désert. Shepard part à la recherche du meurtrier. Dans le second, on découvre Shepard beaucoup plus jeune qui s’échappe d’un centre de redressement avec son amie Wendy. Ils sont rattrapés et enfermés à Rédemption, une prison pour jeunes délinquants dirigée par un sadique de Dieu. Là, ils se lient d’amitié avec quatre garçons et forment un groupe inséparable qui essaie de survivre à l’enfer, et peut-être de s’évader.

J’ai trouvé réussie la partie se déroulant à Rédemption, même si on a déjà lu mille fois des histoires d’enfermements abusifs avec matons cruels et rivalités entre prisonniers. J’ai particulièrement apprécié les dialogues vifs et les réparties souvent drôles entre les jeunes gens.

Par contre, l’autre partie m’a semblé invraisemblable en bien des points, en particulier concernant la cohérence psychologique. Shepard ne se conduit pas comme un homme qui vient de perdre femme et enfants. On nous dit rapidement qu’il est accablé de douleur mais au final, il n’agit pas ainsi. Encore moins quand il va retrouver l’assassin qui est un de ses anciens camarades de Rédemption, simple d’esprit, Ezzie : il ne lui en veut pas, bien au contraire, il compatit presque. On ne saura d’ailleurs jamais vraiment pourquoi Ezzie a tué la famille de Shepard. A la toute fin, les adolescents font preuve d’un détachement qui ne cadre vraiment pas avec les événements qu’ils viennent de vivre, propres à les plonger en état de choc. Par ailleurs, j’ai du mal à croire qu’après avoir vécu tout ça, Shepard soit devenu quinze ans plus tard le plus riche avocat d’affaire de la côte ouest.

J’ai été également gênée par des invraisemblances de scénario (comment Ezzie a-t-il pu imprimer les photos des mortes, il n’a pas l’électricité ?), surtout à la fin où tout s’accélère et devient par trop rocambolesque. L’agent du FBI qui pose la main sur l’épaule de Shepard au moment même ou celui-ci lui téléphone pour la première fois d’un bled paumé, c’est trop pour moi. L’auteur avait envie de conclure sur un bain de sang, c’est évident, mais trop justement, ça m’a donné une impression de travaux pratiques à l’issue d’une formation sur « comment écrire un bon thriller à l’américaine ».

Le scénario et les personnages de Retour à Rédemption manquent pour moi de nuances et de vraisemblance. Patrick Graham doit gagner en subtilité ce qu’il doit perdre en scènes convenues. Certains passages bien maîtrisés (les meurtres de départ, la solidarité des adolescents de Rédemption) ne me marqueront finalement pas en raison d’un trop grand nombre d’évidences et de maladresses. Dommage.

 
Retour à Rédemption

Patrick Graham
Pocket, 2011
ISBN : 978-2-266-20217-6 – 438 pages- 7.90€

27 commentaires sur “Retour à Rédemption de Patrick Graham

  1. J’ai marché. J’ai aimé. Je me souviens encore très bien de certaines scènes très fortes, ce qui est plutôt rare des thrillers que je peux lire. J’ai aimé en particulier le début, la scène du carnage au téléphone! Je m’y attendais tellement peu. Après, l’histoire de l’enfermement dans un centre de redressement avait un air de déjà lu mais bon, pour moi c’est un bon souvenir.

  2. J’avais trouvé ce roman, à sa sortie, beaucoup trop invraisemblable et déjà vu/lu.
    Même si je suis assez bon public vis à vis des polars et thrillers (pas spécialement Frank Thilliez, désolée 😉 !) auxquels je demande surtout du divertissement, j’aime les histoires qui tiennent la route…là ce n’était pas le cas.

      1. J’avais quand même aimé la partie qui traitait de Rédemption et surtout les traumatismes inhérents et inévitables sur ces jeunes. Malgré tout, ce n’était pas nouveau, et en pleine diffusion de « Prison Break » qui faisait un tabac médiatique (pas sur moi, je ne regarde que très rarement la télé 🙂 !) j’avais une impression bizarre de …facilité (?) à surfer sur cette vague. Quant à la partie concernant l’enquête de la disparition des fillettes, j’avais du mal à être absorbée et c’est là que j’ai repéré des invraisemblances. Je n’étais pas à l’aise danscelivre

  3. Ce roman a obtenu le prix du polar de Montigny les Cormeilles dans le Val d’Oise.Une récompense très localisée, mais tout de même…
    Je n’ai pas eu envie de le lire! Allergique au mot Rédemption, en particulier. Après t’avoir lue, je n’ai toujours pas envie de le lire. Je n’aime pas les invraisemblances aussi criantes que celles-là.

  4. J’ai plutôt aimé, même si j’ai trouvé que cela manquait plutôt d’originalité et de punch ! C’est l’atmosphère qui m’a le plus plu car sinon, pas de grande surprise car tout était assez prévisible (et je passe sur les quelques invraisemblances qui semblent émailler systématiquement ce genre de roman !)

    1. Non pas systématiquement, il n’y a pas de raison à ça. C’est parce que l’auteur ne fait pas bien son boulot qu’il a recourt à des trucs abracadabrants ou des coïncidences trop grosses… j’aime pas…

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