David Sears est en prison, face à un inspecteur qui lui pose des questions. Pourquoi est-il enfermé ? C’est ce que le lecteur de Les liens du sang n’apprendra qu’à la toute fin, quand David, le narrateur, en aura fini avec le récit de sa vie et des événements qui ont conduit à son incarcération.
On apprend petit à petit que le père de David, le Vieux, était un schizophrène paranoïaque qui a élevé seul ses deux enfants, Diana l’aînée, belle et intelligente, et David, plus effacé, insignifiant aux yeux de son père. Quand il était en crise, il n’y avait que Diana pour le calmer en lui faisant inlassablement la lecture, et en lui récitant des textes. L’enfant, puis la jeune fille, avait une mémoire prodigieuse. Suite au deuxième enfermement de son père en hôpital psychiatrique, Diana décide de tout sacrifier (son temps, ses études, ses éventuels amis) pour rester à ses côtés jusqu’à sa mort. Elle s’est ensuite mariée avec un scientifique chercheur plein d’avenir, Mark Regan, dont elle a eu un enfant, Jason, qui manifeste rapidement des troubles psychologiques. Quand le roman débute, David raconte à l’inspecteur qui l’interroge la mort de Jason, noyé dans le lac de la propriété parentale alors que Mark était exceptionnellement seul avec lui. Pour Diana, ça ne fait aucun doute : Mark a tué Jason qui représentait un poids dans sa carrière. Elle n’a pas de preuves mais s’emploie à en trouver par des suppositions et associations des plus étranges. Mais aussi en embringuant Patty, la fille adolescente de David, dans ses recherches et sa monomanie.
Pour mener efficacement son suspens, Thomas H. Cook utilise dans Les liens du sang un ingrédient efficace : l’instabilité psychologique du narrateur. David est-il un témoin crédible ? Son enfance traumatisante n’a-t-elle pas quelque peu endommagé la perception qu’il a de sa soeur en particulier et du monde en général ? Dit-il tout ce qu’il sait et tout ce qu’il a fait ? N’essaie-t-il pas plutôt de charger sa soeur de ses propres fautes ? Tout en reconstituant l’histoire de Diana et David, le lecteur essaie donc de se faire une idée claire de la santé mentale de ce dernier, mais aussi de découvrir qui est le meurtrier du petit Jason. On comprend peu à peu que c’est un drame qui a conduit David en prison, drame dont David lui-même met en place les éléments avec un sens accompli du suspens.
J’aurais certainement aimé une étude plus fouillée des personnages, notamment du père rendu fou par la littérature et qu’on ne fait qu’entrevoir. Le roman reste cependant prenant, le lecteur ne peut que s’interroger et se laisser prendre au jeu de la folie. Mon regret réside dans le fait que les mécanismes n’en sont pas assez décrits à mon goût.
Thomas H. Cook sur Tête de lecture
Les liens du sang
Thomas H. Cook traduit de l’anglais par Clément Baude
Gallimard (Série Noire), 2009
ISBN : 978-2-07-012133-5 – 311 pages – 20 €
The Cloud of Unknowing, parution aux Etats-Unis : 2007
Comme toi (j’ai lu ton billet) j’avais aimé Les Leçons du mal; A quel niveau se situe celui-ci? Aussi bon?
Je l’ai trouvé moins bien aux niveaux des personnages qui sont moins fouillés, mais bien quand même, je ne regrette pas du tout ma lecture.
J’ai récemment aimé « mémoire assassine » du même auteur, je retiens donc celui-ci, même imparfait.
Tu as raison, il mérite lecture.
Bonjour,
Je suis assez d’accord avec le ton général du billet. C’est le roman le moins bon que j’ai lu de cet auteur qui fait pourtant partie de mes favoris
Il ne me reste donc que les meilleurs à lire, chouette 🙂
Je n’ai encore rien lu de Thomas Cook, mais cet opus a l’air étouffant…
Ben alors, il faut t’y mettre, c’est vraiment un bon auteur, mais oui, effectivement, les ambiances sont oppressantes, c’est ce qui me plait.
J’en garde un souvenir un peu flou, avec le fait qu’on n’arrive pas toujours à différencier la folie des faits réels … ce n’est pas mon préféré mais pour ceux qui sont intéressés par ce genre d’histoires psychologiques, il est plutôt réussi pour une première découverte (du thème ou de l’auteur !)
Je suis bien certaine que dans quelques temps, je ne pourrai plus raconter l’histoire avec précision, c’est quand même terriblement embrouillé, à dessein bien sûr.
je ne connais pas cet auteur… je ne suis pas sûre qu’il faille commencer par ce roman-ci cela dit…
Si tu ne le connais pas, en tout cas, il faut vraiment le découvrir.
pas encore lu cet auteur. un autre titre m’inspirerait peut(être plus, par contre!
Pareil qu’aux autres : il faut t’y mettre, il mérite vraiment lecture.
Je n’avais pas été complétement séduite par Les feuilles mortes. Mais je pense quand même en lire un autre de cet auteur. Pas celui-ci je pense.
Pour ma part, s’il y un prochain, ce sera Les feuilles mortes.
L’histoire est intéressante. Ca pourrait me plaire. Je vais essayer de retenir le titre.
Ben tu n’as pas de petit carnet ?
Je sais que j’ai un roman de Thomas H.Cook chez moi mais je ne me souviens plus du titre! En tout cas tu me donnes envie d’aller voir et de commencer à lire cet auteur!
Tu me fais rire, je t’imagine très bien cherchant un livre qui est quelque part chez toi 😉
Il me reste son dernier dans ma PAL.
Tu as de la chance : il est encore mieux !
Flute, j’aime bien quand tout est décrit par le menu (enfin, pas trop quand même…)
tu resteras peut-être un eu sur ta faim…
Malgré les petits bémols que tu énonces, ce livre m’a l’air assez intéressant !
Il mérite largement lecture.
j’ai un cook dans ma PAL mais je ne sais plus lequel !
Sors-le, il est forcément pas mal.
Encore une tentation…je crois que je vais démarrer ma liste au père Noël, après tout, il n’est jamais trop tôt 🙂 !
En tout cas, j’avais beaucoup aimé « Les feuilles mortes », c’est avec ce titre que j’ai découvert cet auteur, et ce fut un vrai coup de cœur
C’est certainement le prochain titre que je lirai de cet auteur.