En un monde parfait de Laura Kasischke

Jiselle, la trentaine, est une belle hôtesse de l’air passionnée par son métier. Elle ne pense pas au mariage, pas vraiment. Sauf quand, miracle, c’est le séduisant Mark Dorn qui le lui propose, ce pilote convoité par toutes depuis  que sa femme adorée est morte tragiquement. Veuf donc, et père de trois enfants dont deux adolescentes, mais le défi ne fait pas peur à Jiselle. Laissant là sa carrière, elle accepte de se marier et de partir vivre chez lui, dans la banlieue aseptisée de Chicago, en un monde parfait…

Dès le début de leur cohabitation, l’animosité de Sara, la plus jeune des deux adolescentes, est évidente : elle va lui en faire baver à sa belle-mère… Sam, le petit garçon, est plus conciliant, il trouve en Jiselle quelqu’un pour combler sa solitude. Dans cette vie, tout est nouveau et presque hostile, et la jeune femme n’a personne pour la soutenir puisque Mark n’est jamais là. L’aurait-il épousée pour avoir à demeure une baby-sitter à peu de frais ? Quand Mark se trouve coincé en Allemagne, dans l’impossibilité de rentrer aux États-Unis avant plusieurs jours, plusieurs semaines qui se transforment en mois, c’est seule que Jiselle va devoir affronter l’épidémie mortelle qui s’abat sur le pays. Comme bien des héroïnes de Laura Kasischke, Jiselle va découvrir l’envers du décor, une réalité bien plus âpre et cruelle que ce qu’elle avait imaginé.

Ce roman teinté d’un brin d’apocalypse n’aurait pas été pour me déplaire si je n’avais été agacée par une héroïne quelque peu insipide. Cette Jiselle si belle et si bonne est un modèle de dévouement qui m’a semblé bien lisse face à la complexité habituelle des héroïnes de Laura Kasischke. Elle est au fond d’elle-même ce qu’elle est en apparence, c’est-à-dire une hôtesse de l’air bien mignonne qui se marie avec un beau pilote… Une histoire de Barbie, qui certes tourne au scénario catastrophe, mais ne mène pas son héroïne à des extrêmes psychologiques.

Une déception donc, c’est limite si je ne me suis pas ennuyée… je préfère Laura Kasischke plus incisive.

Laura Kasischke sur Tête de lecture
 
En un monde parfait

Laura Kasischke traduite de l’anglais par Eric Chédaille
Bourgois, 2011
ISBN : 978-2-267-02115-8 – 331 pages – 20 €

In a Perfect World, parution aux Etats-Unis : 2009

43 commentaires sur “En un monde parfait de Laura Kasischke

  1. Décidément on le voit beaucoup! Sur la foi de billets enthousiastes j’ai lu hier après midi mon premier Laura K, La couronne verte, et, euh, « hier après midi » ai-je dit, tu as deviné mon impression générale. Assez bof bof et téléphoné. Quelques bonnes idées, mais bah! Tenterai-je une autre lecture?

    1. Mince, c’est dommage de commencer sur une impression mitigée. Moi, j’ai été emballée tout de suite, si j’avais commencé par En un monde parfait, il n’est pas certain que j’aurais poursuivi avec autant d’enthousiasme. Je n’ai pas lu La couronne verte, mais son tout dernier paru en France est dans ma PAL, Les revenants et il parait qu’il est vraiment très bien. J’y crois !

  2. C’était mon premier roman de Kasischke et je n’ai pas ressenti la même chose que toi. Ce n’est pas un roman incisif, c’est vrai, mais ce qui m’a semblé intéressant c’est la manière dont, incidemment, on bascule dans une autre humanité. Amandine, ma co-blogueuse, m’a fait remarquer toutes les références aux contes de fée qui jalonnent le roman. Et là il y a là quelque chose à creuser aussi.

    1. Je crois que j’attendais une chute, comme dans Rêves de garçons, qui n’est pas venue. Tout était si lent et plat, que je le disais qu’elle ne pouvait que nous réserver quelque chose d’énorme pour la fin. Et puis non. Je n’ai pas aimé le personnage de Jiselle, trop lisse. Mais Amandine a raison : il y a une piste à creuser du côté des contes…

  3. Nul doute que je l’ai trouvé moins incisif que ses autres livres mais cela ne m’a pas déplu ! J’y ai trouvé un petit côté nostalgique et Jiselle, si elle m’agaçait un peu au début, a évolué au fur et à mesure de l’histoire et je l’ai trouvée finalement bien réussie (le contraste où elle est un peu gnan-gnan au début et comment elle s’en sort était nécessaire, il me semble). Mais si j’ai aimé, je reconnais que ce n’est pas un roman typique de cette auteure 😉

    1. J’ai justement trouvé qu’elle n’évoluait pas beaucoup… et j’ai mis ça sur le compte du contexte, une sorte d’apocalypse aviaire en cours, dont Laura Kasischke ne s’occupe pas vraiment malheureusement. Si le cadre avait été plus soigné, peut-être que l’urgence de certaines situations aurait été plus marquante…

  4. Tout à fait d’accord je n’ai pas retrouvé le mordant de « A moi pour toujours » ou de « La vie devant ses yeux »… Et l’espèce de fausse Happy End n’est pas très digne des anciens romans de Kasischke non plus 🙂 Par contre j’ai bien aimé ses descriptions apocalyptiques et sa façons insidieuse d’amener la peur dans un quotidien lisse et tranquille.

    1. Même dans cette fin du monde je n’ai pas trouvé mon compte. Je lis pas mal de SF, le post apo a le vent en poupe en ce moment, et le moins qu’on puisse dire c’est que Laura Kasischke ne s’est pas beaucoup attardée sur le contexte, c’est bien dommage…

  5. J’étais tentée par ce livre, je vais peut-être passer mon tour car, moi aussi, j’aime quand les auteurs mènent leurs personnages à des « extrêmes psychologiques ». Surtout L.K.

  6. Je me demande bien ce qu’a déjà écrit Laura Kasischke.
    Sinon, en effet, un brin de méchanceté, ou encore de perversité serait bienvenue chez cette victime désignée, qui aurait peut-être dû réfléchir un peu avant d’épouser ce bel aviateur…

  7. Je vois que tu es beaucoup plus sévère que moi ! Du coup, je suis allé lire tes billets sur Rêves de garçons et A moi pour toujours … laissant celui sur A suspicious River de côté puisque je viens de l’acheter . Quand j’aurai fini Les revenants , si j’ai bien compté , hors A suspicious River , il m’en restera encore 2 à découvrir car cette auteure m’intéresse vraiment !

    1. Eh bien, je vois que tu es sous le charme insidieux des écrits de cette auteur toi aussi. Difficile de ne pas tout lire quand on a commencé, alors celui-là, je vais m’empresser de juste l’oublier…

    1. Mais comment c’est possible, un si grand livre !? C’est vrai que souvent, elle prend son temps pour installer son intrigue, ses personnages, parfois on se demande où on va, mais elle sait surprendre (bon, sauf dans ce roman-ci qui reste plat). En fait, Rêves de garçons est un peu comme En un monde parfait : elle décrit la vie facile de jeunes adolescentes, bêtes et jolies, et le lecteur qui s’en fiche se demande où tout ça va mener… et quand il referme le livre à la fin, il a le souffle coupé. J’attendais ça ici, je me disais ‘elle va me surprendre encore une fois’, mais non…

  8. Je me suis laissée complètement emporter par ce roman, contrairement à toi ! Jiselle ne m’a pas paru insipide, enfin au début un peu… et puis elle a fait face à tout de même pas mal de déconvenues, et c’est un euphémisme, en restant elle-même, mais en apparaissant plus profonde qu’au début. Bref, une réussite, pour moi !

    1. Je suis allée lire ton billet après rédaction du mien et en effet, j’ai pu constater ton enthousiasme. Mais je suis déjà certaine que Les Revenants me plaira beaucoup plus.

  9. Ce livre m’a énormément surprise: autant j’ai eu peur au début car je trouvais l’histoire fade et les personnages peu convaincaints, autant j’ai été happée et ai au final adoré cette lecture 🙂

  10. Je l’ai lu l’an dernier dans le cadre du Grand Prix ELLE 2011 et j’avais aussi été déçue, malgré un certain bon suspense. Un peu too much ce roman très « américain ».

  11. « A moi pour toujours » ne m’a pas laissé de souvenirs particuliers… En revanche, je viens de terminer le dernier traduit en France « Les revenants » (en présélection pour le prix Elle 2012) et je l’ai littéralement dévoré… Une autre voie entre Eugenides et son « virgin suicides », Handler et son « cercle des huit » avec la noirceur de Oates…

  12. Je ne connaissais cet auteur que de nom et là, je viens tout juste de terminer « les revenants », j’ai vraiment adoré : l’écriture, la tension impalpable qu’elle sait doser au mieux…
    Je savais qu’elle en avait écrit d’autres et j’ai bien l’intention de les lire. Mais je me méfierai donc de celui-ci…

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