Claustria de Régis Jauffret

Faire d’un fait divers de la littérature est une entreprise de plus en plus prisée. Certains auteurs en restent aux faits, rien qu’aux faits, d’autres essaient de comprendre et pour cela d’expliquer. Avec Josef Fritzl, il n’y a rien à comprendre et peu à expliquer : ni schizophrène, ni paranoïaque, même pas un profil de pervers. C’est dès lors la fiction qui va suppléer les actes et les analyses psychologiques, comme Régis Jauffret le souligne dans sa préface : « ce livre n’est autre qu’un roman, fruit de la création de son auteur ». Étrange déclaration de prime abord, que l’on comprend mieux à la lecture.

Josef Fritzl a enfermé une de ses filles dans sa cave pendant vingt-quatre ans et lui a fait sept ans. Personne n’a jamais rien dit. Ce sont des faits avérés. D’autres s’y ajoutent : un des enfants est mort, trois ont vécu avec lui à la surface, il n’y avait pas de chauffage dans la cave.

Régis Jauffret n’a jamais rencontré celle qu’il prénomme Angelika, pas plus que ses enfants. Il a lu les journaux, les comptes rendus d’audience, il est allé en Autriche pour rencontrer des témoins qui l’ont souvent mal accueilli, il a visité la cave clandestinement. Bref, il s’est imprégné des faits et des lieux. Ce qui ne permet pas de comprendre les gens : comprendre un père qui viole, bat et séquestre sa fille, comprendre une fille qui survit à tant de mauvais traitements. C’est donc là qu’intervient la fiction, si inextricablement mêlée à la réalité qu’on ne sait pas où s’arrête la vérité. J’avoue en avoir été déconcertée : la mère de Josef Fritzl a-t-elle été en charge des fours crématoires à Mauthausen ? A-t-il fait de la prison pour viol ? Sa femme s’est-elle fait avorter d’une grossesse illégitime ? Son avocat est-il mort d’une balle perdue dans un supermarché ? Le lecteur le plus tatillon pourrait vérifier point par point.

C’est dans les émotions et les sentiments que l’imagination supplée totalement l’absence de témoignages des victimes. Régis Jauffret imagine que la fille a pu aimer le père, qu’elle a pu le désirer parce qu’elle avait besoin de sexe. Qu’elle a pu l’aguicher pour assouvir ses désirs: « Angelika qui préférait ces jeux terribles à la routine. Un appétit primaire, venu du fond de son cerveau reptilien. La peur, l’effroi, la mort côtoyée, l’abîme, le désir de disparaître et l’orgasme qui submerge. Jusqu’à la fin de ses jours, la nostalgie de ces fêtes barbares où le plaisir est au bout de l’horreur. » Syndrome de Stockholm ou pas, on est ici dans la simple imagination, voire dans le fantasme. Décidément la fiction prend ici une place que l’amateur de faits renâcle à accepter.

Pourtant, quand après bien des pages le lecteur descend dans la cave avec Angelika, le réalisme le plus cru le fait frémir : les viols à répétition, les dents fracassées sur un tuyau, la chaîne, les coups, les accouchements avec juste une paire de ciseaux et un peu de coton… puis au quotidien les rats, le froid, la puanteur, la faim quand Fritzl les « oublie »… bien des scènes insupportables submergent le lecteur. L’ignoble Fritzl est un cauchemar à lui tout seul, qui revient sans cesse, et quand on croyait le pire atteint, il viole ses (petits)-enfants. Mais parce qu’il est malheureusement un être humain et pas autre chose, comme nous tous, il va aussi aimer et être aimé du dernier de ses (petits)-enfants : sa photo avec le petit Roman dans la baignoire, tous deux hilares, a perturbé les enquêteurs. Fritzl n’est pas un monstre mais un homme, une tache à notre concept bien propret d’humanité. Cet homme fier de sa très nombreuse descendance traite ses enfants comme des objets : à l’égal des femmes ils sont pour lui un moyen d’affirmer sa puissance, il trouve sa jouissance dans la souffrance des faibles.
Le plus troublant est certainement qu’il n’émettra jamais le moindre regret.

Il n’y a pourtant pas que l’homme, il y a aussi un contexte, comme si cette horreur-là n’aurait pu advenir ailleurs. Régis Jauffret n’aime pas l’Autriche, il la condamne sans la moindre circonstance atténuante. « En Autriche, on se fout complètement de la vérité. On veut juste trouver un compromis pour calmer le jeu, pour essayer d’arranger tout le monde« . Si l’un des enfants n’était mort, si les médias du monde entier ne s’étaient emparés de l’affaire, après vingt-quatre ans comme bourreau, Joseph Fritzl risquait huit ans de prison. « Aucune enquête malgré tout, la police autrichienne n’aime pas fourrer son groin dans les secrets de familles. Maltraitance, inceste, abandon, tout cela ne sent pas bon, et remuer le linge sale pollue plus encore l’atmosphère que les incinérateurs d’ordures ménagères. »

Mme Fritzl est au moins aussi ignoble que son mari, du point de vue de Régis Jauffret. De mère, elle a la fonction, elle a enfanté, mais elle n’a pas d’amour, pas une once. Elle frappe et humilie comme son mari et surtout, elle obéit. Elle est sourde aux cris de sa fille, aux pleurs des enfants. Elle accepte ceux que son mari ramène. Avec tous les autres, elle a contribué au supplice d’Angelika. Comment comprendre que les locataires qui vivaient au rez-de-chaussée de la maison Fritzl, juste au-dessus de la cave, n’ont jamais cherché à connaître l’origine des cris qui les poussaient à quitter le logement au bout de quelques mois ? Pourquoi ? Parce que l’Autriche ? Ce serait caricaturer un pays ? Une façon de se protéger aussi en pensant que « chez nous », une telle horreur n’aurait jamais eu lieu. Bien trop simple.

Ce livre de Régis Jauffret soulève bien des questions, tant littéraires qu’humaines et éthiques. Des réponses seraient confortables, mais Claustria préfère déranger, malmener, incommoder le lecteur. Certains jurés au procès ont eu des haut-le-coeur rien qu’en sentant l’odeur de la cave enfermée dans une boîte. Une odeur lourde, tenace, infecte qui imprègne le lecteur jusqu’au dégoût. On lit pourtant car le Mal fascine toujours et la place du voyeur est la plus confortable. Mais parce que cette histoire est vraie, parce que cette souffrance a été, le livre est encore plus fort : la réalité humaine, dans sa perversité, dépassera toujours la fiction.

 

Claustria

Régis Jauffret
Seuil, 2012
ISBN : 978-2-02-102251-3 – 535 pages – 21.90 €

 

 

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76 commentaires sur “Claustria de Régis Jauffret

  1. Je n’ai pas du tout envie de lire ce livre, je n’aime pas le mélange fiction-réalité. Par contre, Régis Jauffret vient ce soir dans ma librairie et je vais aller l’écouter, ce qu’il en dit m’intéresse. Même (surtout) si je trouve certaines de ses positions tirées par le cheveux.

    1. tu vas raconter cette rencontre ? j’aimerai bien voir si c’est le cas..;comprendre sa démarche…car en effet ce livre là est dérangeant, par son histoire…et je ne me sens pas capable de le lire..La question reste : comment l’écrire ?

    1. En plus d’avoir envie de savoir ce qu’un écrivain pourrait faire d’une histoire pareille, il faut peut-être avoir un certain goût pour le morbide pour lire ça…

  2. Tout comme Clara, c’est pour faire le parallèle avec Room que j’ai envie de lire ce roman, voir du parti-pris de la pure fiction facile d’accès ou du « faux reportage », quel traitement de cette thématique de l’enfermement est le plus efficace (au-delà des styles qui de tout évidence sont très différents).

  3. Je suis en train de le lire. Ce « roman » est difficile à aborder du fait du mélange entre fiction et réalité. Enfin , pour ma part cela me dérange dans ma lecture… Je peux pas m’en empêcher, je suis tout le temps en train de me demander : mais çà c’est vrai, ou pas ? Je ne parviens pas à me détacher du « fait divers »…. Par contre, je suis effarée par le jugement porté par l’auteur sur l’Autriche : incroyable que cela n’ait pas entraîné de réactions offusquées !!! Enfin, … pour l’instant je lis, je me documenterai ensuite sur le sujet. Une chose est sûre, l’auteur que je n’avais jamais lu écrit superbement !

    1. Au début de ma lecture, je n’arrêtais pas de noter, me demandant si ce qu’il écrivait était invention ou pas, sur l’enfance de Fritzl par exemple. Ça m’a gênée aussi, mais je me suis dit que c’étaient des faits vérifiables si on tenait vraiment à le savoir.

  4. Comme Clara et In Cold Blog, j’ai bien aimé Room, qui bien qu’inspiré du même genre d’individu, est complètement différent, car raconté du point de vue « naïf » d’un petit garçon de cinq ans, et surtout, complètement fictionnel. La comparaison entre Room et ce roman de Jauffret, totalement ancré dans la véritable affaire, me semble difficile.

  5. J’ai prévu de lire Room bientôt (oui, je suis un peu en retard sur ce coup-là), alors celui-là attendra (d’autant plus que ce n’est pas le seul dans ma LAL… ni ma PAL d’ailleurs !). Ce que tu en dis est glaçant, mais ça m’interpelle aussi, même si le côté morbide me rebute un peu…

  6. Définitivement pas pour moi, je pense que je ne supporterai pas. Certes c’est un roman, mais comment peut-on avoir l’idée de tirer un roman d’une histoire vraie horrible, perverse, déstabilisante, ignoble ?
    Je tenterai un autre Jauffret pour la qualité de son écriture, mais pas celui-là. Je ne sais si ça se sent dans la lecture de Claustria, mais cet auteur n’a pas l’air d’être tout à fait net dans sa tête (ce qui n’empêche pas le talent, certes).

  7. Moi, non plus, ce livre ne me tentait pas car je trouve cette histoire très malsaine et j’avais peur de me sentir un peu voyeur. Puis, j’ai écoutê l’auteur lors de l’émission de la Grande Librairie et j’ai trouvé qu’il en parlait avec un certain retrait en examinant tous les points de vue possible. Il ne juge pas, il décrit. Certes, cela doit être assez abominable mais j’ai maintenant envie de voir ce que l’auteur a tiré de cette histoire sordide. Je vais donc le lire prochainement.

    1. Pas vu. Busnel m’énerve et je ne regarde plus cette émission sur le net, mais si tu me dis que cet auteur y est passé, je vais chercher cet épisode, ça m’intéresse.

  8. Merci pour ta chronique qui m’a scotchée jusqu’au bout.
    Je n’ai lu que Lacrimosa de Jauffret. J’ai entendu parler de celui-ci; et je me disais pourquoi pas.
    C’est vrai qu’il semble avoir un belle écriture.
    Merci d’avoir partagé ta lecture!

  9. comme je disais plus haut..;ce livre, je ne pourrais pas le lire, et j’ai du mal à imaginer comment peut-on l’écrire…ça me donne des frissons cette histoire brrr

  10. Euh… Je crois que je me contenterai de Room ! Déjà je trouvais encore une fois que ça manquait singulièrement d’imagination de raconter un fait divers, mais ton billet surffit à faire peur !

  11. je suis curieuse de lire par moi-même ce qu’un auteur peut écrire de tout ça mais je crains de ne pas avoir les nerfs assez solides pour aller jusqu’au bout, mais ça m’embêterais aussi de pas en être capable et ne pas avoir pu apprendre de mes yeux ce que ça donne, donc je le note et dès que j’ai le courage je le lirais ça c’est certain mais faut je choisisse le bon moment, merci en tout cas pour ce billet bisous

  12. Autant je m’étais jetée sur L’Adversaire de Carrère parce que l’affaire Romand me fascinait, autant cette affaire là me rebute et me dégoûte totalement. Bref, je n’ai pas du tout envie de le lire ! Mais ce qui est fascinant, c’est que Jauffret se soit plongé dans un sujet pareil…

    1. J’ai lu L’adversaire aussi, il y a longtemps, je crois qu’il y a en moi aussi une certaine fascination morbide pour ces êtres-là, ces hommes qui passent aux actes les plus terribles, infanticides, inceste en gardant une apparence normale. On peut les croiser, les connaître, et même les apprécier pour certains et ne jamais soupçonner quoi que ce soit d’horrible… c’est fascinant l’espèce humaine…

      1. Je réfléchis… je me dis que j’ai lu L’Adversaire, uq ej’ai beaucoup aimé, sans doute pour une part par la fascination devant le personnage et son histoir (dont j’avais déjà entendu parler) mais par la relecture qu’en fait Emmanuel Carrère. Il n’invente pas pour combler les blancs de l’histoire, mais se situe vis à vis d’elle en tant qu’homme et écrivain, et c’est ça que j’ai aimé. Même procédé chez le dernier Delphine de Vigan : écrire son histoire et écrire l’écriture du livre. Je pense que je n’apprécierais pas la manière de faire de Jauffret (mais bo je n’ai jamais lu cet auteur, je ne suis pas objective)

    1. C’est un livre qu’il est difficile de conseiller, c’est à chacun de savoir s’il peut supporter de telles horreurs, même s’il n’y a aucun descriptions macabres ou sanguinolentes.

  13. @ A Cécile, Régis Jauffret a repris en grande partie hier ce qu’il a dit à la Grande Librairie, en développant puisqu’il a parlé plus d’une heure. Les réactions en Autriche sont très vives depuis une quinzaine de jours, sans qu’il s’explique trop pourquoi, puisqu’il y a eu des livres avant le sien. Et le livre ne sera traduit là-bas qu’à l’automne … Mais il est très sollicité par les médias autrichiens ces jours-ci. Il semblerait qu’en Autriche, tout le monde souhaite oublier, et là on peut dire qu’il secoue le cocotier.

  14. Un très beau billet, YS ! On sent, à tes phrases, que tu étais encore sous le « choc » de ce livre.
    Je ne sais pas si je le lirai … Le fait qu’il failler le lire comme un roman me perturbera, un peu comme toi. Je me demanderai toujours si le fait est avéré ou pas. Je me dirais « mais, non, là ce n’est pas possible, il n’a pu qu’imaginer, ce serait trop horrible autrement ».
    Mais peut-être pas.
    Alors je vais éviter, tout comme j’évite maintenant Teulé. Le voyeurisme me rend une sale image de l’humanité, si tant est que ces personnes-là soient des hommes.
    Qu’est-ce qui les sépare des bêtes ?

    Et puis, il y a aussi les voisins qui n’ont rien dit … Comme tu écris : doit-on en tirer des conclusions sur un pays entier ? Ce serait réducteur, mais ….

    Merci, en tout cas de ton éclairage. Je l’aurais lu sans ton billet, mais là je crois que je ne vais pas m’infliger cette lecture entre roman et réalité … (S’il voulait vraiment en faire un roman, pourquoi être resté si proche de faits réels ? Mince, alors, je viens de lire un policier pour le prix ELLE dont le sujet est aussi l’enfermement, et là on SAIT que c’est de la fiction.)

    Qu’a-t-il voulu prouver en écrivant un tel livre ? Tiens, j’aurais bien envie de discuter avec lui …

    1. Tu mets le doigt sur ce qui m’intéresse dans de tels livres : oui, Josef Frizl est un être humain, impossible de s’en débarrasser même s’il fait tache dans le concept. Parmi les êtres humains, il y a toi, moi, et lui. Au départ, on est à peu près tous pareil, alors comment devient-on Josef Fritzl et surtout, surtout, comment le reste-t-on pendant 24 ans ? Il n’y a pas de réponses ici, ça n’est pas le but, mais des pistes de réflexion, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on réfléchit en lisant ce livre. L’Autriche a sa place dans cet affreux tableau, mais elle n’est pas la cause, elle est un élément, une convergence.
      Je n’ai pas voulu entendre Régis Jauffret s’expliquer avant de lire ce livre. Hier, j’ai regardé quelques émissions : la grande librairie, mais surtout des interviews sur rue 89 (au son abominable, Jauffret est obligé de crier car c’est enregistré dans un café très bruyant). C’est assez éclairant sur sa démarche, son travail d’écrivain et les réactions que le livre déclenche.

      1. Merci, Ys, de ta réponse ! 😉

        Oui, c’est une question très dérangeante … A laquelle j’espère qu’on peut dire que c’est le fruit d’un malade assez intelligent pour paraître sensé. Mais quid alors de sa femme, sa complice ?
        Erff …

        Je regarderai les vidéos de l’auteur, son travail d’écrivain m’intéresse.

      2. Sa femme, je crois que c’est pire… à cause de l’image qu’on se fait d’une mère, image idéale certes, mais enfin, laisser son mari violer et frapper sa fille, lui faire sept enfants, les élever, c’est incompréhensible… comme quoi il nous reste beaucoup à apprendre sur l’esprit humain…

  15. Ce livre me tente tant il est dérangeant… mais! Il y a un gros mais, ça me dérange ne pas pouvoir dissocier la fiction de la réalité. Romancer une histoire vraie ne me dérange pas s’il n’y a pas de confusion possible. Mais dans ce cas, je crains de tomber dans du glauque et du sordide sans fondement (ce qui, une fois de plus, ne me dérangerait pas si c’était purement romancé!)

  16. j’en ai entendu des avis très partagés (et à l’opposé) dans une émission, et j’attendais de voir ce qu’en dirait les blogueurs que je suis. Ton billet est très intéressant. J’ai lu un Jauffret il y a des années, c’était glauque, déplaisant. Je ne sais pas si retenterai l’expérience.

  17. J’ai entendu une émission littéraire à la radio où l’auteur était invité à parler de son oeuvre. Ca m’a donné vraiment envie de découvrir ce roman. Une oeuvre sans doute très dure mais qui me tente.

  18. Je ne sais pas pourquoi ces faits divers intéressent tant les écrivains. Autant, cela me convient pour de vieux faits divers, autant cela me gêne avec des récents. Difficile d’expliquer mais sans doute l’impossibilité de se distancier avec les récents. Bref, pas tentée.

    1. Si un écrivain imaginait une telle histoire, on lui dirait qu’il délire, que ce n’est pas possible qu’un père enferme sa fille pendant 24 ans, lui fasse des enfants, en plein dans une ville avec voisins et tout. Mais la réalité est toujours pire que la fiction…

  19. En voilà au moins un que je suis sûre de ne pas lire… Beaucoup trop glauque pour moi… De plus j’ai autrefois travaillé avec des enfants victimes de maltraitances diverses et variées (dans ce domaine, l’humain possède de l’imagination…) et j’ai eu ma dose de « réel » au travers des paroles de ces enfants. Aucune envie de descendre dans la cave !
    Pour autant, j’ai lu avec un certain intérêt les articles qui tournent autour de ce livre, tout en me questionnant sur les motivations de l’auteur… Il y a un bon article dans le Mag. lit. du mois dernier. Bon we à toi !

  20. J’ai écouté une émission littéraire sur France culture dont le sujet était « le fait divers dans la littérature » en fait la littérature foisonne de faits divers, les auteurs s’en inspirent, il y a le célèbre « de sang froid » de Truman Capote. Claustria nous choque parce que l’on connait le fait divers et ça bien évidemment ça nous force à réfléchir sur ce sujet. Je ne lirais pas ce livre, je n’en ai pas le courage et je l’assume, mais je suis intéressée par la publication de ce livre. Je suis très contente de lire ton article qui est très intéressant et qui est surtout loin des critiques lus et entendus dans les médias. Je bosse dans une bibliothèque et il est dans ma prochaine commande et je poserais des questions aux personnes qui le liront. C’est bien que tu es fait un article de ce livre et je vois par le nombre de commentaires que ce sujet intéressent beaucoup de monde.

    1. Tu as de la chance d’être dans une bibliothèque et de pouvoir échanger avec les lecteurs leurs impressions sur les livres. Il est certain que ce livre-là suscitera bien des réactions, certains lecteurs peut-être ne le finiront même pas…

  21. L’un d’entre vous s’étonnait du peu de réaction à propos de l’Autriche. Un de mes cousins est autrichien; il lit parfaitement bien le français. Il est horriblement blessé de l’utilisation de cette histoire comme d’une métaphore de l’Autriche. Et je le comprends.
    Nous avons eu une histoire assez similaire en France, dans ma région; cette histoire a défrayé la chronique il y a un ou deux ans…mais elle avait duré des années, et là aussi, une fille séquestrée par son père, avait mis au monde plusieurs enfants…Elle ne s’en est sortie qu’à la mort de son père. Allons-nous aussi décider, parce que ça s’est passé en France, que la France est le pays de l’inceste, des non-dits, et que donc cette histoire est la métaphore de notre pays??
    Enfin, j’aimerais bien savoir comment l’auteur a pu mener une enquête approfondie! Il a en effet dit à ma nièce, dans une interview, qu’il n’était jamais allé en Autriche avant le procès et la conférence de presse qui a eu lieu alors (le livre était paru). Et il ne parle pas la langue.
    Tout cela me laisse perplexe.

    1. Dans le livre, il est toujours accompagné d’une certaine Nina qui est son interprète.
      Je ne chercherai pas à le défendre, mais je peux peut-être répondre à certaines de vos questions, d’après ce que j’ai compris du roman : il y a eu l’affaire Kampusch avant l’affaire Fritzl, qui a beaucoup marqué l’opinion. Ensuite, l’auteur se réfère souvent aux lois autrichiennes : 3 ans de prison pour viol, c’est peu du point de vue de la violée ; et il explique que si l’affaire n’avait été à ce point médiatisée, Fritzl n’aurait été condamné, au regard de la loi, qu’à 8 ans de prison… pour 24 ans de calvaire, c’est encore peu…
      Ceci dit, je comprends tout à fait que les Autrichiens se sentent attaqués car l’auteur est vraiment très dur. Il fustige surtout la toute puissance du père de famille, quasi omnipotent, d’après lui.

  22. J’aime vraiment beaucoup Régis Jauffret : je l’ai découvert grâce à ses Microfictions (dont une que j’ai toujours en mémoire et à chaque fois que je la raconte, tous sont impressionnés de la narration qui se dégage en deux pages !… pour les amateurs, c’est celle avec un mec qui retrouve sa belle-mère à chaque accouchement de sa femme et fille de l’autre), j’ai adoré Lacrimosa (malgré un début très difficile : il faut passer les 80 premières pages). Cet auteur compte vraiment pour moi, mais je dois le reconnaître, ce dernier opus m’effraie (comme auparavant Alice Sebold avec La nostalgie de l’ange… ma petite famille n’y est pas étrangère). Je passerai le cap, j’en suis sûre. Merci en tout cas pour ce billet ! L’ambiance familiale et sociale autrichienne que tu décris (et que dépeint Jauffret) me rappelle Le ruban blanc de Mickaël Hanecke (sûrement pas une coïncidence)

    1. J’ai trouvé le livre d’Alice Sebold carrément raté, aucune comparaison possible avec ce roman. Par contre ton commentaire aiguise ma curiosité envers Microfictions, bravo ! Et bienvenue ici.

  23. Je ne sais pas quoi penser de ce livre… j’ai entendu l’auteur en parler à plusieurs reprises, suivi un peu les débats… Je reste perplexe. Je ne sais pas si j’aurais le cœur assez accrocher pour m’embarquer dans cette lecture…

  24. J’ai beau oui hésité avant de lire ce livre parce que c’est une histoire horrible et je ne voulais pas jouer au voyeur. Puis, j’ai entendu l’aiteur parler de son livre à La grande Librairie. J’ai fait le lien avec l’allégorie de la caverne et j’ai compris que l’auteur écrivait une fiction pour tenter de comprendre les protagonistes. Alors, comprendre l’âme humaine, même aussi tordue, lâ ça m’intéresse. Et je ne suis pas déçue car Jauffret dissèque les relations humaines de cette histoire. Il dêcortique les pensées, les réactions des uns et des autres sans trop s’attarder sur les scènes scabreuses, qui sont tout de même bien imaginées par le lecteur.
    Effectivement, l’Autriche est très associée au phênomène et les connections avec le nazisme et Hitler sont assez prêsentes. Je ne suis pas sûre qu’elles apportent un éclairage sur le carctère de Fritzl, le lien ambigü avec la mère aurait pu suffire.
    De toute êvidence, c’est un roman dont on sort marquée, effarée mais aussi interpellée par cette réflexion sur le comportement humain.
    Je rêdige ma chronique demain sur mon blog pour le challenge.

  25. Bouuuhhh… Je n’aime pas Régis Jauffret , enfin ses livres… J’ai lu  » Clémence Picot » il y a quelques années, j’ai été terrifiée… Mais ton billet est superbe!

  26. Bonjour,
    La première fois que je viens commenter chez toi, alors que tu es inscrit dans ma colonne de lecteurs sur mon blog 🙂
    J’ai vu Régis Jauffret à l’émission : La Grande Librairie. Même si tu n’aimes pas cette émission, je trouve qu’il la présente très bien. Il met de côté un certain « intellectualisme » pur et dur, ce qui permet à tout le monde d’accéder à cette émission. Du moins est-ce mon ressenti sur ce journaliste.
    Je vois d’autres émissions littéraires et j’étais une grande fan de Bernard Pivot, actuellement Naulleau et d’autres aussi 🙂
    Pour ce qui concerne ce livre, j’ai écouté l’auteur, entendu son argumentaire. J’ai trouvé au départ que c’était quelque peu malsain d’aborder encore ce sujet, depuis les récits qui en avaient été faits par la victime et surtout les médias qui en font des gorges chaudes et de l’audimat sur le sensationnalisme.
    Ensuite j’ai entendu la façon dont il abordait la fiction en détournant les faits. Pourquoi pas.
    Ce qui m’incite à l’acheter, mais j’attendrai, trop cher en ce moment dans sa belle couverture.

    Le sujet de l’enfermement dans la caverne, et des habitants retranchés de toute vie extérieure je la comprends très bien et je puis facilement l’imaginer.
    Comment ne pas comprendre et lire des faits par lesquels je suis partiellement passées personnellement. Il ne s’agissait pas de cave, mais d’un autre enfermement.
    J’attends avec impatience la sortie de ce livre à un prix plus abordable et je reviendrai commenter, car j’ai hâte d’en lire sa version. Elle est je pense bien documentée d’après ce que j’ai pu en entendre dans le reportage. Je n’ai rien lu de lui.
    Il est possible que cela soit à certains moments très indigestes, surtout pour savoir comment cela se déroule cet enfermement depuis de nombreuses années, en-dehors de toute réalités extérieures.
    Je suis curieuse de sa théorie, de son développement, et j’ai compris ce qu’il veut transmettre. Le tout est de lire maintenant ce livre pour m’en faire une opinion toute personnelle.

    Je comprends que cela puisse heurter par le sujet. Le silence ne doit pas rester ni l’enfermement.
    Moi-même lorsque je m’y attarde, je dois m’accrocher encore devant l’horreur de ce qui pourrait jamais exister.
    Amicalement.

    1. Malgré la documentation dont il s’est entouré et l’enquête qu’il a faite, Régis Jauffret utilise la fiction et son imagination pour retracer ces événements, il ne peut en être autrement. Si un lecteur a vécu un enfermement sous quelque forme que ce soit, il est certain que sa vision de ce roman sera différente, et peut-être, sûrement, la lecture sera difficile. Car rien n’est anodin dans ce livre, pesant à la lecture, étouffant, mais aussi très pertinent, de mon point de vue. Pas de voyeurisme, ni de curiosité malsaine car il s’agit aussi d’une expérience humaine, aussi terrible et extrême soit-elle…

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