L’assaut donné par la police à une maison de la banlieue défavorisée de Brighton tourne au carnage : quatre morts, probablement innocents. Robert Watts, chef de la police, n’était pas au fait ni même présent, mais prend la défense de ses hommes par de véhémentes déclarations à la presse qui enflamment la population. A la suite de plusieurs jours d’émeutes, Robert Watts est contraint de démissionner : sa carrière dans la police est terminée.
Mais l’affaire n’est pas claire : où est l’inspecteur à cause duquel l’assaut a été donné ? Où est son indic ? Qui sont les victimes ? Pire encore : pourquoi aucun des policiers présents sur les lieux ne veut parler et pourquoi disparaissent-ils les uns après les autres ? L’une d’elle, Kate Gilchrist, décide de mener son enquête car elle est certaine d’avoir vu quelque chose d’important pendant l’assaut, quelque chose dont personne ne souhaite se préoccuper. Mais la jeune inspectrice a été la maîtresse d’un soir de Watts, ce qui ne va pas simplifier ses problèmes coté famille… La femme de Watts, déjà dépressive et alcoolique, le met dehors et le voilà réduit à rien. Heureusement, il a gardé quelques amis bien placés.
Parallèlement, le lecteur suit Kate Simpson, jeune journaliste radio, fille d’un membre influent du gouvernement, celui-là même qui a poussé Watts à la démission. Mais elle n’est pas une fille-à-papa et entend bien construire sa carrière elle-même. Quand elle est contactée par un homme qui a trouvé de vieilles archives concernant un célèbre meurtre de 1934, la jeune femme n’hésite pas à se lancer dans cette enquête demeurée irrésolue : le tronc d’une femme avait alors été retrouvé dans une malle à la gare de Brighton, les jambes dans une autre à Londres. Kate demande l’aide de Watts qu’elle sait désœuvré…
Ian Rankin à Edimbourg, Graham Hurley à Portsmouth ou encore Stuart McBride à Aberdeen, et maintenant Guttridge à Brighton. Le roman policier procédural britannique n’en finit pas de nous faire découvrir la face cachée de ces villes à travers des enquêteurs qui partagent certains points communs. Si Robert Watts n’a pas de problèmes avec l’alcool, il en a avec sa hiérarchie et sa femme ce qui le rend rapidement sympathique après une entrée en scène trop prétentieuse. Le personnage n’est pas follement original, ce qui l’est plus, c’est son enquête.
Les deux fils narratifs qui n’ont d’abord rien à voir vont bien sûr se rejoindre, à travers leurs protagonistes. L’intérêt est de suivre le déroulement de l’enquête des années 30, ce qui a été entrepris et ce qui ne l’a pas été, à travers un journal découvert par la jeune Kate. On comprend peu à peu que des personnes impliquées dans cette enquête ont eu beaucoup de pouvoir à Brighton, peut-être même dans la police. Et l’enquête menée par Watts suite à l’assaut catastrophique prouve bientôt qu’aujourd’hui encore, le gratin de Brighton entretient des relations extrêmement troubles avec les mafieux locaux.
Le roman commence très fort avec la scène d’assaut qui tourne au carnage, vécu directement par la femme policier. Quand Watts prend la parole à la première personne, le rythme s’essouffle un peu, d’autant plus que la description des responsabilités policières est assez fouillée. Mais le roman procédural n’est pas connu et apprécié pour son rythme effréné, bien plus pour ses ambiances et ses personnages bien trempés. C’est réussi dans ce roman qui ne tarde d’ailleurs pas à capter l’attention du lecteur à part égale pour les deux enquêtes.
Il s’agit ici du premier tome d’une trilogie, on reste donc un peu sur sa faim même si la lumière a été faite sur les deux intrigues. On sent que la corruption policière et ses conséquences n’ont pas fini d’occuper Watts.
Promenade du crime
Peter Guttridge traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue
Le Rouergue, 2012
ISBN : 978-2-8126-0352-5 – 300 pages – 22 €
City of Dreadful Night, parution en Grande-Bretagne : 2010
Et encore un titre à noter… 🙂
Je suis là pour ça 🙂
et pour moi aussi ! aïe aïe
mais si les deux enquêtes sont résolues, les tomes suivants sont plutôt sur quoi ? l’évolution de la procédure ? des personnages ? d’autres enquêtes ? bizarre…
A mon avis, Watts va continuer à essayer de récupérer son poste, au besoin en faisant tomber des têtes grâce à la résolution d’anciennes enquêtes ou de cadavres dans les placards… suspens…
Les romans de Rankin et Hurley sont toujours au chaud dans ma PAL et tu viens déjà me tenter avec un la ville de Brighton !!
On doit pouvoir faire le tour du pays rien qu’en suivant la littérature policière. Et il faut vraiment faire sortir Rankin et Hurley de ta PAL, ils en valent la peine 😉
Dis donc, Peter semble inspiré par James (Ellroy) ? bises
la corruption est partout…
Ca c’est du sur mesure pour moi. Je vais juste attendre que la trilogie soit sortie complètement.
Je crois qu’elle est déjà achevée en Grande-Bretagne, on ne devrait pas attendre trop longtemps.
Ah ces polars anglais !!! Comment leur résister, encore plus quand on s’attaque à la fameuse malle de Brighton… j’en frémis 🙂
Bonsoir Ys, je l’ai repéré depuis un moment, j’attends que la trilogie sorte en entier sinon, je sens que je vais être frustrée. Bonne soirée.
Je prend note, ça pourrait me plaire !!