Tout piller, tout brûler est un recueil qui regroupe des nouvelles austères. Les personnages qu’on y croise, éprouvés par la vie, n’ont plus grand-chose à en attendre. Il y a dans leur destin une fatalité sombre qui ne leur permet guère d’espérer un mieux. Beaucoup de familles recomposées, de divorcés, de solitaires qui trouvent dans l’alcool ou la violence des moyens de supporter le quotidien et d’envisager l’avenir.
Ainsi Bob, le héros de « La cote de brun », avait un travail, un père, une femme. Il n’a plus rien et se retrouve dans une maison, sorte de préfabriqué en bord de mer sans accès à la plage qui appartient désormais à son oncle, lequel lui a demandé d’y faire des travaux pour trois fois rien. Il n’y a rien dedans, que des trucs oubliés, cassés et un vieil aquarium rempli d’eau saumâtre. Le jour où il trouve un magnifique poisson, il le met dedans, change l’eau et pêche d’autres animaux de mer qui s’y trouvent bien. Il y croit Bob à ce poisson, à la possibilité de faire vivre près de lui quelque chose de vraiment beau. Mais il a tort.
De même Mathew, narrateur de « Un lien fraternel », pense-t-il qu’une partie de chasse réussie va le réconcilier avec son frère après quarante ans de jalousie et d’animosité. Comme Bob, il entrevoit la possibilité d’être heureux simplement, simplement heureux, mais c’est compter sans le destin qui a décidé que rien ne pourrait réunir les deux frères.
L’amour, l’amitié, la générosité, la confiance : rien ne résiste à la vie qui pille et brûle car elle est combat permanent. Trahison et faiblesse sont au cœur de l’homme qui ne saurait construire quoi que ce soit de durable. Les personnages de Wells Tower savent ça dès leur plus jeune âge, quand l’âge de s’amuser à la fête foraine devient l’âge du cauchemar. On peut dès lors se jeter au cou du premier venu à seize ans, pour échapper à ce qu’on n’aura jamais.
Il ne fait pas bon vivre dans l’Amérique de Wells Tower, même si elle n’est pas dénuée d’un certain humour viril. Les grands espaces et mère Nature ne procurent ni sérénité ni apaisement, mais plutôt solitude, ignorance et enfermement. Le constat est amer et surtout très brillamment incarné par des loosers du rêve américain. La plume de Tower anime, le temps de quelques pages, ces déglingués qui ne font que passer sur une terre où tout déjà a été pillé et brûlé et sur laquelle le malheur s’acharne encore. On ne peut qu’espérer le meilleur de son roman à venir.
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Tout piller, tout brûler
Wells Tower traduit de l’anglais par Michel Lederer
Albin Michel (Terres d’Amérique), 2010
ISBN : 978-2-226-20849-1 – 239 pages – 20€
Everything Ravaged, Everything Burned, parution aux Etats-Unis dans diverses revues
pessimiste !
réaliste !
L’auteur est noté, j’attends de le trouver en poche ou à la bibli… (enfin, le livre, pas l’auteur !) Je crains de moins aimer que Joseph Boyden, mon chouchou !
le livre à la bibli, mais l’auteur au prochain festival America 😉
Comme d’habitude, les nouvelles, ça me bloque. Même si c’est américain et que ça a l’air de qualité.
je vois ce que tu veux dire, c’est pareil pour moi, mais il suffit de trouver le bon rythme de lecture, faire une pause entre chaque texte…
Un rien désenchanté, cet auteur, on dirait! Je préfère attendre son prochain roman.
Moi aussi j’attends maintenant son roman, certainement fort.
non, mon été est trop pourri pour que je lise des livres désespérés. Il pleut TOUS les JOURS!!
évidemment ça ne fait pas une chronique littéraire mais ça plombe le moral
je vais lire du harlequin!!!
Luocine
moi aussi chez moi il pleut tout le temps, mais je crois que lire du Harlequin dans ces conditions, ça serait le bout du rouleau…
bon d’accord !(je précise que je n’en ai jamais lu …) mais des livres qui rendent heureux ?
Si l’âme humaine est la même que la couleur du ciel parfois c’est seulement impossible. Et c’est ce que j’ai ressenti à la lecture de ton texte , j’avais voulu faire de l’humour .. un peu à plat
Luocine
J’ai changé de méthode aujourd’hui, parce que bon, je suis encore en train de lire un livre pas vraiment gai (sur le Sentier lumineux, rien pour se réjouir…). J’ai allumé mon vidéo projecteur, descendu mon grand écran et envoyé dans l’ordi… La Tour infernale ! Bon ok, c’est pas gai non plus, mais revoir Robert Vaughn, Steve McQueen, Paul Newman tels qu’il y a 30 ans, quel bonheur ! Quand j’ai rouvert les volets, deux heures trente plus tard, il pleuvait toujours mais je l’avais presque oublié…
Hum, après Vampires de Jonquet et le dernier Mo Hayder je passe mon tour pour le moment côté livre « noirs »… même si ce livre me semble intéressant (je note quand même le titre…).
je vais peut-être finir par entamer une déprime à cause de mes lectures… on dira que c’est dû au temps 🙂
Voilà un livre qui pourrait bien me plaire !
Aucun doute. Et tu trouveras deux trois conseils de choses à déguster en même temps 😉
Tu as aimé ou pas? Je n’arrive pas à savoir…
J’ai aimé découvrir l’univers et le style de cet auteur. Ça n’est certain pas une lecture distrayante ou plaisante, mais c’est certainement un bon écrivain et j’aime aller à leur rencontre.
Je l’ai dans ma PAL !!!Je vais attendre le retour du soleil pour l’en sortir…
Prochaine apparition prévue ici pour le mois d’août. Rien d’annoncé pour la Bretagne 🙂
Un bon souvenir de lecture, et auteur repéré pour le festival!!!
Que d’excellents auteurs présents à ce festival, the place to be !