Une journée, plusieurs personnages qui se croisent à Juliet, mille onze habitants, province canadienne de la Saskatchewan (au centre-ouest du Canada, au nord du Montana). Aucun événement ne vient troubler la vie routinière de ces habitants, leur quotidien leur tenant lieu d’aventure.
Tout commence par un cheval qui s’échappe au petit matin de sa bétaillère. Il parcourt les champs et se retrouve non loin de chez Lee Torgeson, vingt-six ans, héritier de la ferme de Lester et Astrid qui sont devenus ses parents parce qu’ils l’ont une nuit trouvé dans une panière à linge devant leur porte. Alors qu’il fait encore nuit, Lee décide de partir à cheval, faire un tour. Sans le savoir, il va suivre les pas de deux cow-boys qui se livrèrent jadis, du temps des pionniers, à une course mythique de cent soixante kilomètres. Tout au long de son périple, Lee se souvient de sa vie auprès de Lester et Astrid, ressassant ses regrets.
Blaine et Vicki Dolson n’ont pas le temps de ressasser, surtout Blaine qui doit travailler pour nourrir sa famille de six ans et sa femme bonne à rien, même pas à congeler des haricots verts. Elle passe sont temps en ville, à ne rien faire d’autre que dépenser l’argent qu’ils n’ont plus, plus du tout car le couple est totalement dépassé par les dettes. Ce qui n’entame en rien l’insouciance de Vicki mais perturbe Shiloh, le fils aîné de treize ans. Malgré l’injonction de son mari, Vicki part en ville, s’arrête chez Norma pour une coupe de cheveux à la plus petite qui vient de ses les tartiner de chewing-gum. Norma vit avec son père paraplégique et en est à sa troisième rupture de fiançailles avec Dale Patterson. Puis Vicki fait plusieurs quincaillerie, dont une où la petite Daisy se casse le bras, où elle croise Norval Birch, le directeur de la banque qu’elle ne connait que trop bien. Mais Norval est las de la banque, de mettre le couteau sous la gorge de braves gens qui ne peuvent joindre les deux bouts. Sa fille doit se marier sous peu avec un bon à rien qui l’a mise enceinte. La cérémonie réjouit et occupe sa femme Lila.
Willard Shoenfeld lui s’occupe du drive-in. Il vivait jadis avec son frère Ed et Marian, la femme de son frère. Depuis neuf ans que son frère est mort, il vit toujours avec Marian, sans plus se parler que se regarder. Enfin il y a Hank et Lynn Trass qui tiennent l’Oasis café : Hank a croisé Joni, dont le cheval s’est échappé. Elle lui donne son numéro de portable, au cas où il en entendrait parler. Le numéro tombe entre les mains de Lynn qui se rappelle l’infidélité de Hank, au tout début de leur mariage. Dès lors elle imagine qu’il a une maîtresse et ne cesse d’appeler Joni toute la journée.
Une journée comme les autres dans la vie des habitants de la province de la Saskatchewan. Leurs espoirs, leurs envies, beaucoup de regrets. A moins de partir (mais où ?), il n’y a pas grand-chose à attendre de la vie, si ce n’est ce qu’on connait déjà. C’est à l’intérieur d’eux-mêmes que tous ces personnages vont se transformer, à la faveur d’un geste, d’un regard ou d’un comportement inhabituels. A travers ce roman, Dianne Warren dresse une galerie de personnages éprouvés par la vie, authentiques. Ces anonymes deviennent soudain proches et familiers car en quelques mots, l’auteur caractérise ses personnages et les fait vivre. Elle maîtrise très bien l’art du portrait, autant physique que psychologique. La très aride province de la Saskatchewan est elle aussi puissamment évoquée, notamment à travers le désert qui fait sa particularité. Ce sont ces habiles et minutieuses descriptions qui ont soutenu mon intérêt pour un roman par ailleurs un peu lent.
Cool Water
Dianne Warren traduite de l’anglais par France Camus-Pichon
Presses de la Cité, 2012
ISBN : 978-2-258-09501-4 – 403 pages – 22 €
Cool Water, parution au Canada : 2010
Tiens tiens, eh bien ça me dirait ce genre de lecture… Pas du sensationnel, du bien observé.
Il pourrait te plaire en effet, beaucoup de nature et de grands espaces à l’intérieur.
Pas très réjouissant tout ça ! Je ne te sens pas si enthousiaste que ça.
C’est indéniablement bien écrit, les personnages sont finement observés, mais pour moi, c’est un peu lent…
J’aime ce genre d’histoires, je note 🙂
Toute proportion gardée, on est dans la veine Jim Harrison.
Harrison? (Je rigole!)
Bon, ça ressemble à une roman que je viens de terminer, que j’ai adoré, mais autant laisser passer un peu de temps quand même avant d’y penser.
Que veux-tu : une belle écriture, de grands espaces et un zeste d’ennui, ça me ramène à Harrison…
Je connais, pour ton expérience Dalva. ^_^
Je crains que ça ne fasse un peu trop suite de petites nouvelles mises bout à bout, non?
Je n’ai pas trouvé. L’auteur agence bien ses personnages et les différents focus qu’elle braque sur eux ; ils se croisent, sans se connaître au final aussi bien que le lecteur.
Keisha intéressée ? sans blague !
La lenteur ne me dérangerai pas, mais çà me paraît assez désespérant non ?
Eh bien je dirais que ce n’est pas follement gai c’est vrai, mais que les gens s’en sortent, ne désespèrent pas justement grâce aux relations qu’ils nouent les uns avec les autres.
Bon, je décrypte : rien d’urgent, mais à garder en mémoire… 😉
J’aurais pu écrire ça, mais c’est un peu radical 🙂
La couverture est jolie mais le livre ne me tente pas…
Bonne semaine !
Je suis d’accord, très belle couverture, poétique en elle-même.
j’ai un peu peur de la lenteur de ce livre
C’est un livre qui raconte le quotidien de gens ordinaires, donc, rien de vraiment trépidant…
j’ai tellement de livres en retard que je zappe celui-là surtout que la nature j’en sors avec « le mur invisible » , j’ai envie d’humanité vivante
à bientôt
Luocine
Je suis bien d’accord avec toi : faut pas abuser avec la nature 🙂
Quand il fait vraiment trop chaud, rien en peu aller vite. Malgré une envie de cool water en ce moment, je passe.
Je n’ai pas lu ton billet mais juste les commentaires pour me faire une idée. Je l’avais justement repéré dans ta liste à mon dernier passage sur ton blog. Je pense peut-être le lire.
Lent, oui, mais justement, tout est là, l’intérêt, le plaisir, la retenue, l’attente…
L’attente à ses charmes, c’est certain, c’est juste que je ne suis guère patiente…
Bonjour,
je viens de le lire dans le cadre d’un partenariat avec la librairie Dialogues. En attendant la publication de ma chronique, je me permets de vous présenter mon nouveau blog.
http://lesangnoir.wordpress.com/
Merci de me lire et de faire tourner l’info s’il vous plaît. S’il vous plaît quoi ? Ben mon blog bien sûr ! Thierry
C’est un livre qui me tenterait bien. J’aime bien ces métamorphoses intérieures.
A tenter alors. je n’ai guère l’âme poétique et contemplative, je peux passer à côté de belles choses qui m’ennuient…