Le personnage principal de ce roman s’appelle Elsa Préau. Le lecteur la découvre non à travers un portrait psychologique mais grâce à une suite de scènes très espacées dans le temps où elle est tour à tour Elsa la petite fille, Elsa la jeune épouse, madame Préau l’institutrice, puis directrice, et enfin la vieille dame autour de laquelle tourne l’intrigue. Sophie Loubière parvient ainsi à présenter cette femme de façon assez claire pour qu’on devine son instabilité mentale, mais aussi assez elliptique pour qu’on se fasse des idées sur ce qui s’est passé dans sa vie.
Voici les éléments que le lecteur connaît au moment où commence la véritable intrigue du livre : depuis toute petite, Elsa entend des bruits et voit des fantômes ; elle a épousé son cousin, lui a donné un fils, Martin, avant qu’il parte au Canada ; elle a élevé seule cet enfant jusqu’à son adolescence avant qu’il ne parte lui aussi, puis revienne ; Martin a eu un fils, Bastien, auquel Elsa fut très attachée ; elle lui en demande toujours des nouvelles mais il ne répond jamais.
La vieille Elsa est de retour dans la maison familiale en Seine-Saint-Denis. Les environs ont beaucoup changé depuis qu’elle l’a quittée. Mais son fils médecin ne vit pas loin, elle a une infirmière et une femme de ménage près d’elle. En face de chez elle, un pavillon est sorti de terre. Une famille y vit : les parents et trois enfants. L’aîné semble très différent des autres et il apparait bientôt à Elsa qu’il est maltraité. Il ne va pas à l’école, sort rarement, mais chaque fois qu’elle le voit, il lui semble plus mal en point. Et il ressemble à Bastien. Elsa cherche à en savoir plus sur l’enfant et bientôt, elle contacte les services sociaux et la police : elle, l’ancienne directrice d’école, ne peut laisser ce cas évident de maltraitance impuni.
Ce qui apparait de plus en plus évident au lecteur de L’enfant aux cailloux, c’est que mamie Elsa perd la boule : elle entend des bruits dans sa maison, ne prend plus ses médicaments, voit en l’enfant aux cailloux son petit-fils Bastien dont on comprend petit à petit qu’il est mort. La police et les services sociaux ont beau enquêter et lui affirmer que ses voisins d’en face n’ont que deux enfants, la vieille n’en démord pas…
Je me suis cru maligne tout au long de cette lecture : la mamie va commettre l’irréparable, c’est certain, elle va jouer les Zorro et faire justice elle-même alors que tout ça vient de son imagination dérangée. Et… et… Sophie Loubière est bien plus fine que ça (elle est écrivain et moi pas…) : la fin du roman est imprévisible comme j’aime et plus forte qu’on ne s’y attend.
Quand j’ai entendu parler de ce livre, il m’a rappelé bien des souvenirs. Le nom de Sophie Loubière était lié à un très agréable souvenir de vacances, il y a bien quinze ans de ça. L’été 1996 ou 1997, France Inter diffusait un feuilleton radiophonique dans la plus pure tradition du genre : « Le secret du coffre rouge ». C’était old-fashioned, passionnant, drôle et écrit par Sophie Loubière dont je n’ai pas oublié le nom. Ce petit plaisir d’été fait partie d’une page très ensoleillée de ma vie : l’Aveyron, mes enfants tout petits, la préparation de l’agreg…
Il n’était donc pas question que je rate ce roman qui ne m’a rien rappelé de tout ça, bien sûr, mais qui s’est révélé assez finement construit pour me scotcher toute une journée sur les pas de mamie Elsa et de ce petit enfant aux cailloux.
L’enfant aux cailloux
Sophie Loubière
Fleuve Noir, 2011
ISBN : 978-2-265-09257-0 – 333 pages – 17.50 €
Je n’étais pas particulièrement attirée par ce roman, mais ta façon de le présenter me fait dresser l’oreille.
J’avais lu des billets plus négatifs à l’égard de ce titre. Ton point de vue change la donne…
Ah bon ? Je me demande bien ce qu’on lui reproche…
Tout comme Aifelle et Jérôme, ce roman ne m’attirait pas du tout, mais tu as l’art de le présenter et d’intriguer le lecteur potentiel. Je ne dis pas que je vais me précipiter dessus mais je ne dis plus non non plus.
C’est une histoire de folie, et je les aime particulièrement. Je l’ai passé à ma fille qui ne lit plus que trois livres par an, eh bien elle le lit avec plaisir, en appréciant le suspens que l’auteur met habillement en place. (Je ne suis pas mécontente de mon choix pour elle…)
ce titre est noté… à lire
ton billet renforce cette idée.
Le sujet m’intéresse… Je n’en avais pas entendu parler jusqu’alors et le voilà noté !
Contente de te le faire découvrir car il en vaut la peine.
Ton billet est intrigant à souhait. Si je tombe sur ce titre, je penserai à le prendre
Inconnu au bataillon, tant mieux ! Bises et merci pour ce partage, j’ai hâte de croiser sa route.
Suspens psychologique, le genre de truc qui me faitnpeur d’avance !
ça ne fait pas vraiment peur, c’est juste vraiment bien ficelé.
Lu il y a peu, j’ai vraiment apprécié ce roman et la manière dont l’auteur nous mène par le bout du nez.
Je reviens car je viens de constater (et le temps que cela monte au cerveau, il faut laisser passer quelques jours) que tu as changé la configuration de ta page. Toi aussi, tu t’y mets ! J’aime bien (voilà, c’était mon commentaire intelligent et hautement participatif au débat instauré sur ce livre. Bonne nuit)
J’imagine tout à fait la scène : Philisine se disant « tiens, je crois que j’ai vu quelque chose d’inhabituel il y a quelques secondes, mais quoi… ? » 🙂
Tu as des dons divinatoires… soupirs
Une lecture coup de coeur pour moi et je suis ravie qu’elle t’ait plu également.
Personne ne m’avait tenté avec ce bouquin et puis voilà ton billet et ma LAL qui grossit.
C’est pas juste ! 🙂
Le Papou
Ca a l’air pas mal du tout. il me rappelle un peu une nouvelle de EESmith du recueil Odette Toulmonde, une femme qui voit une vieille et inconnue chez elle.
Un roman très intéressant. Comme toi, j’ai été entraîné à la suite de Mamie Elsa.
J’ai lu ce roman et je me souviens l’avoir trouvé pas mal du tout, en effet ! C’est peut-être la construction peu classique du roman qui dérange?? Moi je me souviens que cela m’avait déstabilisée mais pas déplu!
C’est vrai que c’est assez étrange au début, on a l’impression d’assister à quelques scènes de vie, sans rien pour les lier, mais c’est plus malin que ça. Et c’est ce qui m’a plu en plus du thème de la folie qui s’installe.
Oui, un vrai petit bonheur ce roman ! Comme tu le dis, il se révèle bien plus subtil et plus fort qu’au prime abord…
J’avais adoré ce roman ! Très bien fichu !
je note, celui devrait me plaire 🙂
j ai très envie de lire ce roman et tu en parles très bien sans trop le dévoiler tu sais le décrire , je retrouve les ingrédients que j’aime dans ce que tu dis alors je le mets dans ma liste …..
merci
Luocine
Sophie Loubière avait sorti un premier polar en 2009 je crois, « Dans l’oeil noir du corbeau »… Je note celui-là si l’occasion se présente…
Sinon, ça fait longtemps que je n’ai pas du venir, mais j’aime bien ta nouvelle présentation !
Si je trouve un autre livre de cette auteur, c’est sûr, je le lirai. Je ne savais pas avant ce titre qu’elle écrivait des romans. Et la nouvelle déco date d’il y a 15 jours 😉
Bien ficelé, je note !
Je note aussi!