Harper Flute a sept ans quand commence le récit de son enfance dans l’Australie de la fin des années 20. Son père, Court Flute, honnête et aimant mais un brin fainéant a obtenu des terres du gouvernement au retour de la Première Guerre mondiale. Mais elles s’avèrent quasi stériles et la famille vit pauvrement, se nourrissant des lapins qui pullulent sur le terrain. Et la famille qui compte déjà quatre enfants s’agrandit encore avec la naissance de Caffy. C’est le jour où il naît que Tin, désormais l’avant-dernier de la fratrie manque de se noyer dans la rivière, ne devant sa survie qu’à une miraculeuse coulée de boue. Le soir même il commence à creuser son premier trou sous la maison.
De trous en tunnels, Tin creuse de véritables labyrinthes dans lesquels il passe de plus en plus de temps. Jusqu’à ce que sa propre mère l’oublie dans ses projets d’avenir ; jusqu’à force de creuser sous la vieille bicoque qui les abrite tous, celle-ci finisse par s’effondrer, signant ainsi le début des malheurs de la famille Flute. Car la Dépression touchera aussi ce fin fond de l’Australie et ces pauvres gens ne devront leur survie qu’à la générosité de leurs voisins. Et le père qui n’a jamais fait que des mauvais choix dans sa vie, se met à boire après la mort accidentelle de Caffy, tombé dans un trou.
Il est beaucoup question de trous, de boue et de tunnels dans ce roman. Ces éléments renvoient explicitement au calvaire que vécut Court Flute dans les tranchées européennes. Il est de retour au pays mais la guerre l’a brisé, lui colle à la peau comme de la boue. Il ne vivra pas l’avenir qui lui était réservé, il ne le peut plus. Il n’a pourtant pas été un bon soldat, il ne creusait pas de belles et bonnes tranchées, les siennes s’écroulaient sans cesse. C’est peut-être pour ça que Tin, son fils préféré, s’enfonce sous terre et se met à creuser cette terre qui n’a pas tenu ses promesses : pas plus de champs fertiles que d’or, comme l’avaient constaté les chercheurs de la génération précédente.
On lit à la fois le récit très réaliste d’une enfance difficile et une sorte de conte car le personnage du petit Tin a quelque chose d’inhabituel, de presque merveilleux. Au lieu de grandir et de se civiliser, il se transforme en petit animal sauvage, loin des humains. Il se suffit à lui-même, semble n’avoir besoin de rien. Comme si vivre sous terre était la seule façon de pouvoir tenir dans ce grand pays pauvre de l’après-guerre.
Paru dans une collection jeunesse, L’enfant du jeudi est un texte fort qui n’est pas destiné particulièrement à un jeune public.
L’enfant du jeudi
Sonya Hartnett traduite de l’anglais par Valérie Le Plouhinec
Les Grandes personnes, 2011
ISBN : 978-2-36-193051-6 – 220 pages – 16 €
Thursday’s Child, parution en Australie : 2000
un livre qui semble étrange…
Je ne connaissais pas du tout mais j’aurais tendance à rapprocher ce titre des affligées à cause de l’Australie et de la 1ère guerre mondiale, même si je suppose que les deux romans sont au final très différents.
C’est moi qui insiste sur la Première Guerre mondiale, en raison de la boue et des tunnels, mais elle n’est pas aussi présente dans le texte que dans Les affligés. Par contre, l’aspect conte/merveilleux est aussi présent d’une certaine façon.
Etonnant, ce livre. Je ne reconnais pas l’édition : un comble ! Bises et merci pour la découverte.
J’ai lu « Une enfance australienne » que je n’avais pas aimé. Pas certaine de vouloir retenter
J’ai fait aussi un mauvais départ avec cette auteur qui mérite qu’on essaie à nouveau, en tout cas ce titre est vraiment réussi.
Tu m’intrigues, je l’ai noté !
Ce livre m’intrigue ! Il semble très différent de celui que j’ai lu dans la même édition…
Si je ne me trompe, cet éditeur a repris le fonds des éditions Panama qui avaient entre autres publié La messagère de l’au-delà qui est aussi un livre fort pour ado. Les Grandes personnes est un éditeur très intéressant.
je te rejoins dans ta conclusion…
Je compte bientôt lire cette romancière avec Une enfance australienne. Celui-ci semble très sombre.
J’avais commencé un autre livre de cette auteur, je ne sais plus lequel mais il s’ouvrait sur une scène avec un enfant sur une barrière… Il ne m’avait pas bien plu ce livre, mais j’étais décidé à retenter l’auteur, c’est pourquoi elle était au programme des 12 d’Ys. Et voilà.
Comme le dis Lystig, oui étrange… et comme tu le notifie cela fait plus penser à un roman adulte qu’un roman jeunesse…. je ne connaissais pas du tout ce titre.
La narratrice est une enfant de sept ans au départ, mais bien sûr, ça ne fait pas l’âge du lectorat potentiel.
De cet auteur, je n’ai lu que « Une enfance australienne » : un roman étrange, mais qui m’avait plu.
Un autre de ses romans « Finnigan et moi » est dans ma PAL.
Voilà qui titille ma curiosité… Noté !
Pas un livre jeunesse ? Tiens, il me semble qu’il était conseillé comme tel, pourtant.
disons pour grands ados alors…
Cela ne me tente pas mais je l’ai proposé à ma demoiselle 🙂
on e peut pa stout mettre dans sa fameuse iste alors les tunnels je vais laisser tomber………
Luocine
ça a l’air pour le moins curieux mais aussi très intéressant ! Merci d’en avoir parlé 🙂 J’ai un des précédents romans de Hartnett dans ma PAL, gentiment prêté par Hilde. En tout cas je note !
très très étrange, tu en parles bien et je le note mais est-ce aussi sombre que le laisse penser ton billet ? je ne connais pas ces éditions du tout.
Bien contente de le revoir sur ton blog car je l’avais remarqué mais oublier de noter. On semble manquer un peu d’oxygène à la lecture mais elle semble tout de même intéressante.
Ne t’inquiète pas : le lecteur ne passe pas son temps avec l’enfant dans les souterrains, on profite bien des grands espaces.