« La raison du plus fort est toujours la meilleure », est-ce toujours bien vrai ? Les choses ont changé : les animaux de la capitale s’en remettent au Conseil pour vivre en bonne entente avec les hommes. Las de se faire exterminer, d’être les boucs émissaires de toutes les épidémies et autres fièvres, ils ont décidé de mettre leurs instincts sous le boisseau et d’aliéner leur liberté à leur survie. Chiens, chats, oiseaux et quelques autres ont reconnu la supériorité des hommes et vivent désormais tranquilles. A l’image de Karka le vieux corbeau freux qui coule des jours heureux dans son févier du parc Montsouris. Jusqu’à ce que le Conseil le convoque car il y a urgence : les lions sont dans Paris ! Ils ont déjà tué un homme et les humains risquent de se venger sur les chiens qu’ils croient coupables. Karka est chargé de découvrir qui a libéré les lions du zoo et pourquoi.
Le vieux corbeau misanthrope mène son enquête et comprend que la révolte gronde : non, tous les animaux n’ont pas abdiqué face aux humains.
L’Humain est responsable mais nous sommes coupables ; coupables de nous être laissé acheter par des caresses et un peu de nourriture, de nous être laissé domestiquer, d’avoir oublié les forêts et la chasse, de n’avoir pas prêté l’oreille à l’instinct ; coupables de nous être laissé enfermer sans chercher chaque matin à mordre la main qui nous nourrit ; coupables d’avoir trahi la Nature. Pourtant, malgré notre trahison, l’instinct ne nous a pas abandonnés. Entendez-le. Laissez-le clatir en vous. Que nous aboie-t-il ? Que nous devons nous unir contre notre seul ennemi !
Cette rébellion sera-t-elle capable de faire vaciller le Conseil et avec lui l’équilibre entre animaux et humains ?
Pas de doute, ce roman de Sébatien Rutés est original : pas un protagoniste qui ne soit à poil ou à plume malgré l’omniprésence des hommes, ce problème qu’ils doivent tous affronter. L’affrontement parlons-en : les partisans du Conseil y ont renoncé pour vivre tranquille, mais les frondeurs sont fiers et déterminés car qu’importe de vivre longtemps si c’est derrière des barreaux ou au bout d’une chaîne ?
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ?
Le débat n’est pas récent et va bien sur bien au-delà du discours animal.
Calculer, avoir peur, être blême /Préférer faire une visite qu’un poème /Rédiger des placets, se faire présenter ? /
Non, merci ! non, merci ! non, merci !
Mélancolie des corbeaux est donc avant tout bien autre chose qu’un roman policer même s’il en porte les habits. Et c’est bien là le problème me semble-t-il : beaucoup de réflexions très intéressantes sur l’instinct, la liberté, la soumission volontaire ; beaucoup de descriptions, moins bienvenues sur les arbres, les oiseaux, les parcs et autres morceaux de nature parisiens. Mais d’enquête digne de ce nom, très peu ma foi, celle de Karka n’était que l’historiette qui sert de prétexte à la fable.
Si vous désirez lire un polar, même animalier, vous serez déçu. Par contre, si vous êtes porté vers la philosophie et surtout la très belle langue française, car Sébatien Rutès écrit dans une langue aussi classique que maîtrisée, alors vous serez comblé. Pour ma part, je me suis ennuyée tout en appréciant la faconde du vieux Karka et sa maîtrise des subjonctifs imparfaits : ce freux-là parle mieux que n’importe quel humain, c’est un bonheur ! Son enquête n’est malheureusement pas à la hauteur et au final, il y a beaucoup de redites et de ressassement dans les sujets philosophiques abordés.
Mélancolie des corbeaux
Sébastien Rutés
Actes Sud (Actes Noirs), 2011
ISBN : 978-2-7427-9907-7 – 239 pages – 19 €
Je le note car je ne connaissais pas mais il m’intéresse.
Bon weekend !
Ah, je l’avais déjà noté !!!
Son originalité me tente, mais si tu t’y es ennuyée… un peu moins tentée !
En lisant le début de ton billet, je me demandais pourquoi ce livre était chez Actes noirs… et je pense que comme toi, j’aurais été déçue par le manque de « policier » dans ce livre (alala, l’influence de la jaquette). L’histoire est originale mais bon, je ne vais pas me précipiter dessus.
HS: Je crois me souvenir que tu avais tenté Wolf Hall de Mantel mais je ne vois pas de billet… J’en suis au 3/4 et je serais curieuse de connaitre ton avais à l’occasion 😉
Rah la la… le problème avec le livre de Mantel, c’est que je l’ai commencé en anglais, pas moyen de faire autrement d’ailleurs, il n’est pas traduit. Et il est TRES épais. Alors je n’ai pas fini, tout simplement parce que je ne suis pas persévérante en ce domaine, ma lecture était beaucoup trop lente par rapport à mon intérêt qui était lui par contre immense parce que je le trouvais très bien ce livre. Entamé d’ailleurs après la première saison des Tudor : j’étais vraiment dans le sujet.
Bof, bof, bof pas vraiment tenté. Tu t’es ennuyée, beaucoup de redites… ça fait quand même pas mal de points négatifs.
Pas tentée du coup. J’aime bien quand l’auteur nous fait part de ses réflexion, mais aussi quand l’intrigue se tient.
C’est exactement pareil pour moi.
Je suis moins tentée, Hélène Choco me l’avait proposé pourtant. Je vais peut-être attendre un peu ! bisous
Je te l’accorde, lecture très ardue du Mantel. Je prends mon temps mais j’espère bientôt te convaincre de lui redonner une chance 😉 Surtout qu’avec le deuxième booker, j’espère quand même que les éditeurs français vont se bouger…
Je ne connaissais pas. C’est original de mettre en scène des animaux comme ça mais ça m’aurait plus convenu si cela avait été plus orienté polar.
Exactement le même constat : une écriture superbe, une histoire qui l’est moins… Un peu déçue au final.
Je suis normalement sur la liste de voyage de ce livre…j’ai maintenant hâte de plonger dedans !
Ah bon ? J’avais cru comprendre que j’étais la dernière sur cette liste et donc, j’ai pris mon temps pour le lire… j’attends les instructions 😉
Je vais demander à Hélène 😉
Bon, dommage tu m’as l’air tout de même un peu déçu, et je n’ai pas trop envie de me lancer dans une lecture un peu ennuyeuse par moment… J’aime beaucoup cette collection d’Actes Sud (d’ailleurs j’adore en général ce qui publie les éditions Actes Sud)
Ce roman me tentait beaucoup au moment de sa sortie, et puis d’une chose à l’autre, je n’avais finalement pas eu l’occasion de le lire. C’est donc avec beaucoup de curiosité que j’ai lu ton billet. Ça me tente toujours, mais grâce à toi, je ne serai pas déçue puisque je n’y chercherai pas un polar (ce que j’imaginais qu’il était). 😉
Il y a quand même une enquête, mais je pense que c’est plus un prétexte.