Dans son appartement, au dernier étage d’un immeuble citadin, Hilario se prend pour Napoléon. Un beau jour, il s’est aperçu dans le miroir et s’est reconnu : Napoléon. Ayant eu connaissance d’un livre intitulé Les Six Napoléon, il ne souhaite usurper aucune identité et devient donc Napoléon VII.
Régulièrement, il inspecte ses troupes en bas dans la rue, qui s’apprêtent pour la bataille. Il fait défiler devant lui plusieurs maréchaux, et même son secrétaire, qui apparaissent en lieu et place de son gros orteil, par le trou de sa chaussette. Il leur pose des questions pour savoir s’ils sont bien ceux qu’ils prétendent être car après tout, leurs réponses viennent peut-être des connaissances d’Hilario, de tout ce qu’il a lu dans les livres, et il a beaucoup lu. Il s’interroge sur lui-même aussi : est-il bien Napoléon ? Si oui, comment se fait-il qu’il sache comment il va mourir, comment se fait-il qu’il vive dans un appartement si moderne ? L’électricité n’existait pas au temps de Napoléon, non ?
Ça n’est pas son voisin Miguel qui va éclairer la question, puisque lui se prend pour Joséphine. Il propose à Hilario une soirée, une petite fête rien qu’à eux deux. Mais voilà que Joséphine apparait à Hilario/Napoléon à la télé, sous les traits d’une cuisinière donnant des conseils. Mais Hilario sait bien qu’il s’agit en fait de Joséphine, elle lance d’abord quelques insinuations (cette insistance à parler de bœuf, taureau castré, ne serait-elle pas un reproche caché ?), puis s’adresse à lui en lui reprochant ses absences, son infidélité, son manque d’ardeur sexuelle.
Le lecteur d’abord perplexe, se demande s’il n’est pas tombé dans une maison de fou, ou bien un immeuble, voire même un asile en bonne et due forme. Mais comment ne pas céder à la douce folie d’Hilario qui prend ses doigts de pied pour des généraux napoléoniens ? Les dialogues sont épatants, certaines scènes cocasses, parfois moqueuses mais sans tendre au ridicule, Hilario n’étant pas un homme dont on se moque : on l’aime tout de suite.
Férus d’histoire vous pouvez trembler : il n’est pas certain que votre santé mentale sorte indemne de votre passion. Mais plongez sans bouée, il s’agit d’une folie douce contagieuse qui donne le sourire…
Napoléon VII
Javier Tomeo traduit de l’espagnol par Denise Laroutis
Bourgois, 2001
ISBN : 978-2-267-01599-4- 192 pages – 14.50 €
Napoleón VII, parution en Espagne : 1999
une façon de ne pas prendre l’histoire trop au sérieux, j’ai lu Javier Toméo il y a longtemps, un petit recueil d’histoire de bêtes et j’avais beaucoup aimé
Voilà de l’original!!! Se prendre pour Napoléon, c’est un grand classique, mais là ça a l’air de pousser l’affaire au plus loin. Merci!
Je crois que c’est un don chez Tomeo : pousser l’affaire au plus loin…
ça a l’air super, et ta critique fait envie 🙂
Enfin quelqu’un qui lit et apprécie Toméo !! Si jamais tu le rencontres jette-toi sans hésiter sur « le Chasseur de lion » le meilleur Toméo à mon avis 🙂
Merci pour ce conseil. C’est vrai que ce n’est pas un auteur qui fait la une et fait parler de lui, mais il est très réjouissant, j’aime cet humour déroutant.
On en est déjà au 7e Napoléon ? J’ai dû rater des trucs….
Sympa ! Je ne connaissais pas du tout cet auteur. On en fait de belles découvertes en passant chez toi !
livre étonnant , non?
ton texte fait du bien
luocine
Livre étrange en effet, j’ai vraiment eu l’impression au départ que le personnage était interné, qu’on avait qu’un petit focus et qu’un plan large nous dévoilerait le reste, mais non, c’est plus drôle que ça…
Ohlala, si c’est pas pour moi, ça ! Je ne l’aurais pas cru simplement en voyant la couverture. Mais dès ton premier paragraphe, on sent le délire à plein nez ! Et je vois que Keisha a réagi pareil.:)
Je ne suis pas certaine que ce soit une lecture pour moi… 😉 !
Un peu de folie douce pourtant, c’est toujours bon à prendre…