Furioso de Carin Bartosch Edström

Louise Armstahl est une violoniste de renommée internationale. Depuis plusieurs années, elle dirige le quatuor Furioso qui compte de nombreux succès à son actif. Au moment de partir sur son île de Svalskär, au large de Stockholm, enregistrer un disque, Louise se blesse à la main. Elle doit trouver un(e) remplaçant(e) très rapidement. Comble de chance, Raoul Liebeskind, grande vedette du violon et ami de longue date, accepte la proposition.

Il se rend donc sur l’île où il retrouve tous les membres du quatuor : Anna, avec laquelle il a vécu quelques mois vingt ans auparavant, Helena, qui est sporadiquement sa maîtresse depuis vingt ans, son amie Louise et Caroline, la maîtresse de Louise et sœur d’Helena. Caroline a à peine plus de vingt ans, elle est de moitié plus jeune que les autres et surtout elle est belle et talentueuse. Louise est folle amoureuse d’elle, au point de s’être mise d’accord avec Peder, son cousin presque frère pour qu’il soit le donneur qui permettra à la jeune femme d’avoir un enfant, le bébé de Louise et Caroline.

Tout va voler en éclat au contact de Raoul, séducteur impénitent qui souffle le chaud et le froid sur toutes ces femmes énamourées. Chacune croit qu’elle a retrouvé (ou obtenu) ses faveurs, que tout est possible avec cet homme terriblement séduisant. Mais il ne semble pas se rendre compte des conséquences de ce qu’il prend comme un jeu amoureux sans lendemain car il est sous le charme de Caroline. En deux jours, il décide de la demander en mariage (ce sera son quatrième…) et de fonder une famille avec elle. De son côté, la jeune femme s’éprend de ce charmeur qui semble si sincère, si amoureux.

Il n’est pas question de roman policier ni d’enquête pendant les deux cent cinquante premières pages de ce gros roman. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Carin Bartosch Edström prend le temps de mettre en place et en lumière les relations entre ses personnages, leurs intérêts communs, leurs passions, leurs rivalités, leur passé. Tout est minutieusement décortiqué, de même que les deux premières journées passées sur l’île privée de Svalskär, dont ils sont les seuls habitants. Huis-clos dont Raoul est le centre et qui attise les passions et les souvenirs. La tension monte, jusqu’à la rupture : la découverte du cadavre d’un des protagonistes. Dès lors commence l’enquête d’Ebba Schröder, commissaire ambitieuse, méthodique et un brin froide qui entend bien démêler les fils de ces relations si intriquées.

Et malgré la minutie avec laquelle Carin Bartosch Edström décrit ses personnages, le lecteur n’est pas plus avancé qu’Ebba Schröder : il est en effet impossible de déterminer qui avait le plus intérêt à voir disparaitre… hum, mieux vaut rester dans le flou pour ne rien gâcher du plaisir du lecteur. Lecteur qui devra aimer la méticulosité de l’analyse psychologique de personnages denses. Au-delà d’un roman policier classique à l’intrigue bien menée, Furioso est aussi (et surtout) un roman sur le sentiment amoureux, la séduction et l’illusion amoureuses, la passion, la domination, bref, tout ce qui rend intense les rapports entre hommes et femmes, de surcroit ici riches, célèbres et névrosés.

Il n’est pas nécessaire d’apprécier la musique classique pour prendre plaisir à ce Furioso qui manie le suspens jusqu’au bout de ses cinq cent quatre-vingts pages. Il faut en revanche ne pas craindre les méandres psychologiques qui entrainent le lecteur au cœur de personnages complexes à souhait.

Un polar suédois par son auteur, mais qui pourrait tout aussi bien être britannique. Et avec tout ça, je n’ai toujours pas lu Henning Mankell…

 

Furioso

Carin Bartosch Edström traduite du suédois par Frédéric Fourreau
Lattès, 2012
ISBN : 978-2-7096-3701-5 – 587 pages – 22 €

Furioso, parution en Suède : 2011

17 commentaires sur “Furioso de Carin Bartosch Edström

  1. Un gros pavé aux méandres psychologiques sur fond de polar, c’est tout ce qui me fait fuir^^
    En tout cas je découvre une fois de plus chez toi un auteur dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Merci^^

  2. Je vois que tu l’as apprécié au moins autant que moi. En lisant ton billet je m’aperçois que j’ai oublié plein de trucs dans le mien, mais le bouquin est tellement dense… Si tu as aimé, tu devrais te plaire avec Wallander

    1. C’est quand même difficile de savoir à qui conseiller ce livre : les amateurs de romans policiers s’ennuieront peut-être aux 250 premières pages s’ils n’ont pas d’intérêt particulier aux relations entre personnages. C’est pourtant très fin. Je n’en ai pas assez parlé je crois, mais j’ai apprécié le jeu de relations entre ces quatre femmes et Raoul, qui n’a même pas conscience du mal qu’il fait et des illusions qu’il entretient. Le jeu amoureux devient délétère, c’est très bien analysé, et original pour ce genre de roman.

  3. Contente de lire un billet sur ce roman, car lorsque je l’avais repéré en librairie, il avait à priori pas mal d’atouts pour me plaire. Apparemment, il vaut le coup. Reste à voir si j’aurai le courage de me lancer dans un « petit pavé ».

  4. j’ adore les commentaires car ça oblige à aller plus loin dans un billet déjà bien fourni.
    Moi ce sont les polars qui m’ennuient parce qu’il y a une clé au roman et que si tout tourne autour de cette clé je lis la fin et je alors il arrive que le roman ne résiste pas
    là tu me tente avec les relations et la musique
    on va voir si ma bibliothèque (en plein déménagement c’est casse pied!) va l’avoir
    bonne fête Ys

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