L’épouvantail de Stromboni et Cotte

L'épouvantailLa collection Rivages/Noir de chez Casterman publie des adaptations de romans parus chez Rivages. Ronald Hugh Morrieson n’en n’a pas écrit beaucoup, mais L’Epouvantail a pourtant déjà fait l’objet d’une adaptation au cinéma (The Scarecrow de Jason Sam Pillsbury, 1982).  La couverture, évoquant un film noir, voire un film d’horreur, donne le ton de cette bande dessinée, résolument sombre.

Hubert Slater, magicien de son état, s’installe dans la ville paumée de Klynham, Nouvelle-Zélande. Il séduit tout le monde grâce à quelques tours. Son arrivée coïncide avec la découverte du corps d’une jeune fille. C’est aussi à ce moment-là que Ned et Les découvrent qu’on leur a volé leur réserve de pignons qui devait leur servir à acheter des poules. Persuadés que la bande de Lynch est à l’origine du vol, les deux adolescents partent de nuit en voler quelques-unes.

C’est que dans la Nouvelle-Zélande rurale des années trente, quelques poules permettent de gagner de l’argent, alors qu’il y en a peu. Tout ce qu’il y a, c’est de la poussière, de l’alcool et de la bagarre. Cotte et Stromboni mettent largement l’accent sur l’arriération de la population, qui se laisse facilement abuser par les propos d’un beau parleur qui présente bien comme Hubert Slater.

Le trait de Stromboni n’épargne pas cette sous humanité faite d’alcoolos, de débiles, de méchants.

Il n’y a guère que les jeunes adolescents, tout en émoi, porteurs de rêves pour adoucir parfois le tableau.

Tableau d’ailleurs très sombre, sur papier jaune ou noir, chargé d’ombre et de rouge. Le trait peut se faire précis mais à l’image de la narration, le dessin est globalement confus, embrouillé. On ne sait pas toujours bien qui on suit, ni ce qu’on doit suivre d’ailleurs. Pas d’enquête sur la jeune fille retrouvée morte, pas de personnage central pour porter une histoire. On assiste plus à des scènes, à des tensions qui se créent à force de frustrations. L’ambiance étouffante gagne en intensité, on se met à craindre le pire, non sans raison. Enfin peut-être, car la fin est étrange et peut donner lieu à plusieurs interprétations.

Il faut lire L’épouvantail si on apprécie les ambiances plutôt malsaines, tendues, le genre western hyper réaliste autour d’une population de pauvres Blancs imbibés, limite dégénérés. On est pas loin non plus de l’Amérique profonde et de tous les tarés qu’elle a pu nourrir en son sein…

L’épouvantail

Olivier Cotte (scénario) et Jules Stromboli (dessin)
Casterman, 2012
ISBN :  9782203048881 – 128 pages – 18 €

12 commentaires sur “L’épouvantail de Stromboni et Cotte

  1. Purée, je suis vraiment moue du bulbe en ce moment… Je viens de réaliser qu tu avais changé de plate-forme et de design de blog… et pourtant, ce n’est pas comme si je n’avais pas lu tous tes billets depuis des mois… Mes excuses ! (à propos : j’aime bien ton nouveau blog !!!)

    Ca a l’air noir, effectivement, le genre de bd que je ne lirai pas trop en ce moment, je suis vraiment dans autre chose ! Mais ça a l’air bien !

  2. La couv est intéressante je trouve. Je ne sais pas si je vais lire cette BD mais je note quand même je trouve le thème assez original et l’ambiance a l’air particulière dans cette BD donc peut-être à voir oui. Je note pour plus tard.

    1. Une collection bien sombre, mais de bons titres avec de vraiment bonnes adaptations qui peuvent donner envie de lire le roman originel.

  3. Ce genre d’ambiance n’est décidément pas pour moi, du moins en ce moment ni les fins ouvertes d’ailleurs qui me déçoivent toujours!

    1. Je crois pour ma part que je vais passer une bonne partie de l’été dans ce genre d’ambiance bien sombre : chouette 😉

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s