Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs

C’est sa très étrange couverture qui m’a donné envie de lire Miss Peregrine et les enfants particuliers. D’autant plus qu’en le feuilletant, on découvre d’autres de ces photos anciennes, toutes aussi bizarres, créant même un malaise diffus. Car ces enfants photographiés ont tout de freaks, ces monstres de foire si chers à Tod Browning. Monstrueux ou juste différents ? Qui sont-ils ces « enfants particuliers » ?

Jacob Portman est un ado américain comme les autres. Si ce n’était un grand-père vraiment original, qui depuis qu’il est tout petit lui raconte des histoires fantasques d’enfants particuliers. Il lui en montre même des photos. Quand il avait six ans, Jacob s’en émerveillait, mais à seize, les trucages lui sautent aux yeux et il s’en veut d’avoir été aussi crédule. Sauf que.

Le grand-père meurt dans des circonstances violentes. Jacob recueille ses derniers mots : « Va su l’île… Trouve l’oiseau. Dans la boucle. De l’autre côté de la tombe du vieux. Le 3 septembre 1940… Emerson. La lettre. Raconte-leur ce qui est arrivé, Jacob ». L’île ne serait peut-être que celle où le grand-père a été recueilli pendant la guerre, alors que lui, le petit Juif, fuyait en laissant derrière lui toute sa famille. Une île au large du Pays de Galles : Cairnholm. Une femme : miss Peregrine.

Jacob se rend sur l’île avec son père et trouve l’Oiseau. C’est Miss Peregrine Faucon, celle qui veille sur la boucle qui permet aux enfants particuliers de vivre dans un éternel 3 septembre 1940 et d’échapper ainsi aux estres et aux creux qui rêvent de les tuer tous jusqu’au dernier.

Pousser la porte de la grande maison de Miss Peregrine et suivre Jacob dans son voyage touchent à la fois au rêve et au cauchemar. Peu à peu cependant, le malaise s’estompe car ces enfants particuliers ne sont que des enfants traqués venus se cacher de la barbarie. Il y a bien sûr plusieurs niveaux de lecture dans ce roman très évocateur de Ransom Riggs. L’auteur crée une ambiance onirique et inquiétante parfois transcendée par l’enfance et les rires, parfois soulignée par les bombardements et les sous-marins nazis encerclant l’île.

Miss Peregrine et les enfants particuliers peut se lire comme un roman d’aventure : on suit Jacob qui d’un indice à l’autre laissé par son grand-père découvre le mystérieux orphelinat, puis ses habitants, puis leurs ennemis qu’il combat lui aussi. Mais c’est aussi un beau roman sur l’enfance, le courage ; surtout sur la différence et tout ce qu’elle implique d’isolement, au mieux, et de persécution.

L’insertion de photos dans le roman est un plus évident. On s’interroge sur leur origine et comme Jacob, on imagine des trucages. A la fin, l’auteur précise cependant qu’il s’agit là de vraies photos, collectionnées par diverses personnes et rassemblées ici. Ce qui rajoute à l’angoisse qui ne quitte pas le lecteur : qui sont ces enfants et ces personnes représentées ? Comment ont-ils vécu ? Ransom Riggs répond à sa façon.

Ransom Riggs sur Tête de lecture

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Miss Peregrine et les enfants particuliers (Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, 2011), Ransom Riggs traduit de l’anglais (américain) par Sidonie Van den Dries, Bayard Jeunesse, juin 2012, 443 pages, 14.50€

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