Voilà une bande dessinée des plus originales sur la Première Guerre mondiale. Les Godillots pourra par conséquent déplaire, mais pas laisser indifférent. Car Olier (scénario) et Marko (dessin) ont choisi l’humour pour raconter la guerre, cette Grande Guerre si meurtrière et traumatisante. Pas de poilus blessés ici, de corps démembrés, de boue et de désespoir, mais une sympathique escouade du 435e Régiment d’Infanterie avec son capitaine Mougin, un brin sanguin, et ses deux recrues principale : les soldats Palette et Le Bourhis.
Dans le premier tome, Le plateau du croquemitaine, ces deux-là sont affectés au ravitaillement de la B12. Ils doivent donc traverser le plateau dit du croquemitaine, régulièrement arrosé par les Allemands. C’est au cours de cette mission qu’ils vont rencontrer deux autres acolytes : Salopiot le singe et Bixente, dit Bichette, un jeune Basque qui a traversé la France à la recherche de son grand frère.
Dans le deuxième tome, L’oreille coupée, nos personnages se trouvent confrontés à un problème moral. Un soldat d’une compagnie franche qui campe près de leur cantonnement a coupé l’oreille d’un prisonnier allemand. En apprenant cette mutilation indigne, le capitaine Mougin entre dans une colère noire et décide d’aller rendre l’oreille à l’ennemi. Juste au moment où le commandant Desmonnier décide d’une inspection surprise. Son plan : faire accuser le capitaine et son escouade de sympathiser avec l’ennemi.
Il est question dans ces deux volumes de la série Les Godillots de barbarie de guerre, d’honneur, d’automutilation, de désertion, d’amitiés ou de conflits entre soldats, thèmes traditionnels dans le cadre de cette Première Guerre mondiale. L’humour vient des dialogues entre les personnages, du dessin qui outre parfois les expressions et donne à tous une bonne bouille, des rapports très relâchés entre soldats et officiers et de multiples situations comiques, notamment celles engendrées par le singe turbulent. On connait l’efficacité comique du couple de héros antagonistes qui ici fonctionne pleinement.
D’où une certaine distance à l’égard du drame qui se joue là, même les soldats allemands ont l’air bien sympathiques. Il ne s’agit pas de rendre compte d’une réalité tragique ni à l’inverse de se moquer de ces soldats. Aucune vision globale n’est évoquée, le sort de la guerre ne se joue pas dans ces quelques cases. C’est bien plus aux individus qu’aux événements que s’attache Les Godillots. Le style réaliste (les uniformes, les paysages dévastés) traduit un souci de ne pas fantasmer ce que fut le quotidien de la guerre. Au-delà des problèmes souvent évoqués traités avec humour (le froid, le ravitaillement, les corvées…), les deux albums évoquent des situations bien plus graves comme celle de la barbarie : où se trouve la limite entre le devoir du soldat (qui doit tuer l’ennemi) et la cruauté qui le déshonore ?
La page Facebook qui vous permettra de suivre quasi au jour le jour l’évolution de la série Les Godillots, qu’on espère voir se prolonger bien au-delà de ces deux tomes.
Thématique Première Guerre mondiale sur Tête de lecture et le tome 3 de la série !
Les Godillots tome 1 : Le plateau du croquemitaine ; tome 2 : L’oreille coupée
Olier (scénario) & Marko (dessins et couleurs)
Bamboo, 2011 et 2013
Très tentant.
J’espère bien 🙂
Merci pour la bonne idée !
C’est une BD qui m’a tout de suite attirée par son ton différent pour traiter de la Grande Guerre et je n’ai pas été déçue.
MARKO. on languit ……..accélère sut ta tablette et pour gagner du temps je te livrerai les gouaches en tubes géant…….
En tous les cas c’est du beau boulot…..merci……
c’est osé! et donc, ça me tente énormément 🙂
Et tu verras finalement, ça passe très bien.
Je ne connaissais pas. Pas mal du tout !! Je note.