Arthur Ténor est un auteur pour la jeunesse qui écrit sur de multiples sujets. Lui confier celui de la Première Guerre mondiale n’était donc pas un défi, tant son écriture agréable mais exigeante (il utilise plus de cinq cents mots de vocabulaire) ne pouvait que convenir. Avec Il s’appelait le soldat inconnu, il parvient à combiner didactisme et émotion sans exagérer l’un ou l’autre des registres.
L’idée, comme le suggère le titre, est de donner une identité au soldat inconnu. C’est-à-dire de suivre la démarche exactement inverse qui a présidé au choix d’un poilu pour les représenter tous. Cependant, Arthur Ténor en choisissant François, héros imaginaire, brosse le portrait possible d’un grand nombre de jeunes soldats morts au combat.
François, fils de paysans, est né à la toute fin du XIXe siècle. Fils unique, il est la perle de ses parents. Comme tous les enfants, il va à l’école, se fait des amis, et surtout des ennemis avec lesquels il joue à la guerre (la guerre des bouses, quel épisode !). Il tombe amoureux de la fille de l’instituteur, Lucie, apprend de son grand-père la sculpture sur bois dont il aimerait faire son métier. Car en grandissant, il a bien sûr des projets d’avenir.
Quand éclate la guerre, il est encore trop jeune pour être mobilisé, mais il aimerait devancer l’appel. Ses parents l’en dissuadent. Quand son tour arrive, en 1915, il est fier de partir défendre la patrie. Si l’entrainement ne brise pas son enthousiasme, ses premiers jours au front s’en chargent. Il voit mourir ses camarades, doit tuer de sang froid… Lucie, engagée comme infirmière, n’est pas loin mais elle lui manque. Et un jour, un obus fatal l’emporte.
On sait bien sûr dès le début que François ne survivra pas. Sa mort n’en est pas moins dramatique et émouvant le chagrin des siens. C’est qu’Arthur Ténor parvient à rendre ce jeune homme proche, et à le rendre emblématique d’une génération sacrifiée. On ne connait ni son nom ni sa région d’origine, mais il est le symbole de très nombreux jeunes Français venus de leur campagne et morts sur le champ de bataille.
Il s’appelait le soldat inconnu s’acquitte avec simplicité des passages obligés d’un tel roman (mobilisation, camaraderie de tranchées, permission, lettres aux parents, gaz, face à face avec l’ennemi…). Il est à recommander dans le cadre d’un parcours de lecture sur la Grande Guerre, ou pour les jeunes lecteurs curieux.
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Il s’appelait le soldat inconnu
Arthur Ténor
Gallimard (Folio Junior n°133), 2004
ISBN : 2-07-055867-3 – 147 pages
J’aime beaucoup l’écriture de Ténor. Je dois lire celui ci ainsi que Mémoire à vif d’un poilu de 15 ans, visiblement le titre chouchou de l’auteur sur le sujet…
Je vais le lire aussi : il doit être aussi intéressant que celui-là.
Je ne le lirai pas car je préfère la littérature adulte mais je trouve qu’il a l’air vraiment idéal pour présenter la guerre et surtout sa réalité au jeune public. L’enthousiasme de partir à la guerre et la rapide désillusion entre ce qu’on a cru et la dure réalité ont l’air bien décrit.
Arthur Ténor est de ces écrivains qui n’hésitent pas à hisser le vocabulaire jeunes lecteurs vers le haut, j’apprécie ça particulièrement.
différent mais sur le même thème, je lis Ceux de 14 de Genevoix. Excellent et empreint d’une très grande dignité.
Oui, tout à fait excellent, et même fondamental parmi tous les écrits sur la Grande Guerre.
je me demande ce que vaudra la série réalisée par F3 l’adaptant…
As-tu lu Cris de Gaudé? je l’ai emprunté à la bibli tout à fait par hasard.
Les adaptations me font toujours un peu peur… et non, pas encore lu le Gaudé mais comme tu es au moins le deuxième à me le conseiller, je vais le lire.
pas conseillé, je ne l’ai pas lu encore 🙂 c’est la prochaine lecture après le Genevoix!
J’en conclus que toi aussi, tu es plongée dans la Grande Guerre….
Je le conseille à mes ados.
Aux plus jeunes aussi, je pense.
jamais déçue avec cet auteur, j’en garde un excellent souvenir ainsi que de « Mémoire à vif d’un poilu de 15 ans »!
Il donne aussi dans la SF avec bonheur.
Et pour les grands comme moi, ça peut le faire??
Mais oui, tout à fait puisque je l’ai lu et que je suis plus grande que toi 🙂