Mathématique du crime de Guillermo Martinez

Mathématique du crimeGuillermo Martinez est un écrivain argentin, soit. Mais il a aussi été un « brillant étudiant en mathématique à Buenos Aires, il a passé deux ans à l’université d’Oxford », nous informe l’éditeur. Ce qui prend tout son sens dans Mathématique du crime.

Mon intérêt pour les mathématiques, s’il fut un jour, s’est fracassé sur un mystère : 8 x 8. Je n’ai jamais su et ne saurai jamais. Quelque chose entre 50 et 60, voire un peu plus ? Blocage. J’ai fait illusion malgré tout jusqu’en 3e, et puis plus rien. Mon 14 au bac en la matière s’explique par le fait que j’ai été interrogée sur l’histoire du calendrier. Oui, j’ai passé un bac littéraire dans les années 80 (pas d’épreuve écrite en maths)…

On comprendra que les pythagoriciens, le théorème de Fermat et Wittgenstein me soient passés largement au-dessus. Et donc qu’il n’est pas nécessaire de savoir combien font 8 x 8 pour apprécier Mathématique du crime. Etonnant, non ?

A vingt-deux ans, le jeune narrateur a soutenu une thèse en topologie algébrique (?) à l’université de Buenos Aires et vient passer deux ans à Oxford pour spécialisation (ne me demander pas en quoi). Il loge chez une charmante vieille dame, Mrs Eagleton qui vit avec sa petite-fille Beth, trentenaire, qu’elle a élevée à la mort tragique de ses parents. Et voilà que la vieille logeuse est retrouvée assassinée, étouffée dans son fauteuil. Le professeur Seldom, éminent mathématicien, découvre le corps avec le narrateur car il a été averti par un curieux message.

La police enquête. Mais voilà qu’un autre crime est commis dans l’entourage de Seldom : le voisin de lit d’un de ses amis hospitalisé (un autre mathématicien bien sûr, inconscient celui-là, mais volontairement, ça serait trop long à expliquer…) est retrouvé mort. Là aussi, il y a message avec un signe. Bientôt, une suite logique semble se dessiner. Enfin quand je dis logique, c’est plutôt Guillermo Martinez qui le dit.

Nous suivons donc notre Argentin (qui a déjà séduit la plus belle rousse du coin) qui essaie d’être à la hauteur du maître. Clairement, il ne le sera pas, car l’intrigue est retors, complexe et plus émouvante au final que le titre et l’intrigue le laissaient croire.

Un roman policier argentin dans la plus pure tradition du roman policier british, avec vieilles dames, universités feutrées et dîner à six heures et demie (dur pour un Argentin…).

Mathématique du crime a été adapté au cinéma par Alex de La Iglesia. Pas celui complètement déjanté de Acción mutante ou Le Jour de la Bête, malheureusement. Crimes à Oxford est un film beaucoup plus sage, un film espagnol dans lequel tout le monde parle anglais. Exit le bel Argentin, c’est Martin (Elijah Wood), étudiant américain, qui débarque à Oxford pour demander à Seldom (John Hurt) d’être celui qui dirigera sa thèse. Et c’est une lutte de cerveaux qui s’ouvre entre les deux hommes. Le film suit de très près le roman, l’intrigue principale et sa construction très élaborée sont respectées. Sauf à la fin, où le jeune étudiant endosse une responsabilité qui n’est pas présente dans le roman.

Le film est beaucoup plus sensuel, plus visuel bien sûr. Plus besoin d’imaginer Oxford : on la voit. Et il est bien sûr tout à fait crédible qu’Elijah Wood séduise toutes les femmes qu’il rencontre. Perso, un gars qui me dit : « And when this nightmare is over we’ll get out of here, outside this world… to a place… where people don’t know their two times tables », je dis oui, mille fois oui !

Guillermo Martinez sur Tête de lecture
 
Mathématique du crime

Guillermo Martínez traduit de l’espagnol par Eduardo Jiménez
Robert Laffont (Pavillons Poche), 2008
ISBN : 978-2-221-11058-4 – 259 pages – 7.90 €

Crímenes imperceptibiles, parution originale : 2003

23 commentaires sur “Mathématique du crime de Guillermo Martinez

  1. Moi c’est le 8×7 qui me pose problème, j’hésite toujours entre 54 et 56.
    Je ne connais ni le livre ni le film mais ça m’a l’air pas mal du tout, je pense que ça pourrait me plaire. Et puis, j’aime bien cette collection Pavillon poche.

    1. Si les maths étaient vraiment harmonieux, moins je trouve qu’on se serait arrangé pour continuer la série des 5×5 : 25 et 6×6 : 36. Voilà quelque chose de logique ! On avait un 8×8 : 68 que nous tendait les bras 😀

  2. A l’exception de la géométrie, je n’ai jamais été fan de maths mais si c’est « dans la plus pure tradition du roman policier british », je prends – même si l’auteur ne l’est pas 😉

  3. vendu, j’ai envie des deux maintenant, le livre et le film (même s’il n’est pas inoubliable, j’essaie d’imaginer ta citation dite par Elijah et hop)

    1. C’est le bon côté du personnage… parce que bon, il la colle là à l’aéroport pour cause d’illumination soudaine, et adieu le week-end en amoureux…

  4. (Prise 3 pour le comm, qui ne veut pas passer, pour une raison étrange)
    Je disais donc…
    J’ai vu et aimé le film mais je ne savais même pas qu’il s’agissait avant tout d’un roman. Shame on me. Maintenant, non seulement je le sais, mais j’ai envie de le lire. Atmosphère british, ça me plaît!

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