Polynie de Mélanie Vincelette

PolynieOn ne se figure pas tout ce qui se passe dans le Grand Nord arctique. Si vous y imaginez la vie s’écoulant lentement au rythme de l’extinction des ours polaires et de la fonte des glaces : détrompez-vous. Polynie vous entrainera vers ce Canada inhospitalier et pourtant très convoité, théâtre de drames d’amour et de mort.

Rosaire Nicolet est retrouvé assassiné dans sa chambre d’hôtel d’Iqaluit, village arctique de l’île de Baffin et capitale du Nunavut. Pas n’importe quel hôtel mais Le Cercle polaire, sorte de Las Vegas du Grand Nord. Sur le bras de cet avocat en droit international est écrit au stylo : « Les Chinois ont découvert l’Amérique ». Ambroise, frère de Rosaire et narrateur de Polynie est anéanti par cette mort et bien sûr intrigué par l’inscription. Il fouille, interroge, réfléchit et découvre à la fois qui était son frère et certains épisodes rocambolesques de l’histoire familiale.

C’est que ces deux Nicolet descendent de Jean Nicolet, explorateur et découvreur français parti pour la Nouvelle-France au début du XVIIe siècle avec dans ses bagages une carte dessinée par Zheng He, amiral chinois et eunuque qui aurait découvert l’Amérique en 1418.  Et cette histoire de découverte, une vieille lune, n’est aujourd’hui pas innocente. C’est que le Grand Nord canadien, avec ses richesses naturelles, fait des envieux. D’ailleurs, Rosaire Nicolet était sur place pour prouver au nom du gouvernement que la dorsale de Lomonossov est bien reliée au plateau continental canadien.  C’est que les Danois, les Russes et même les Chinois pourraient bien prétendre à la souveraineté de ce territoire si géologie et géographie s’en mêlent. Et alors adieu veau, vache, cochon or, pétrole et toutes les richesses de plus en plus accessibles grâce au réchauffement climatique.

Les enjeux actuels autour du Grand Nord sont facilement abordés par Mélanie Vincelette à travers la forme romanesque. L’énigme liée à la carte chinoise nous renseigne sur le passé lointain du pays, et le personnage de Brice de Saxe Majolique, prince marxiste et orpailleur, propriétaire d’une mine d’or à Kimmirut, rend compte de ces nouveaux exploiteurs qui entendent tirer profit de la zone, légalement ou pas. En y ajoutant une histoire de fraternité et une histoire d’amour, nous voilà avec un de ces romans qui intéresse par son histoire et nous apprend beaucoup sur une région aussi méconnue que mythique.

Car le Grand Nord sécrète sa part de rêve et de mystère, un imaginaire de glace, de nuit et de peur. Un espace immense qui demande à l’homme d’être encore plus grand et qui lui permet de se construire.

Polynie

Mélanie Vincelette
Robert Laffont
ISBN : 978-2-221-12387-4 – 213 pages – 18 €

23 commentaires sur “Polynie de Mélanie Vincelette

    1. Oui peut-être. J’ai trouvé intéressant d’aborder les problèmes liés au Grand Nord canadien aujourd’hui en les mêlant de façon romanesque au passé à la fois historique et mythique.

  1. J’ai envie de lire des auteurs canadiens ! J’hésite sur celui-là, car je n’aime pas trop les histoires de meurtres et les enquêtes. Cela dit, j’apprécie que le roman raconte les enjeux et l’histoire du pays. J’ai vu que tu en avais déjà quelques uns en stock, je vais y jeter un oeil 😉

    1. Le meurtre est le point de départ, mais il n’y a pas d’enquête policière (je n’ai d’ailleurs pas ajouté ce mot-clé pour le classer) : la mort de Rosaire sert de déclencheur pour son frère qui se met personnellement à chercher pourquoi on a tué son frère, il essaie surtout de savoir qui il était réellement et en apprend beaucoup sur lui, notamment ses activités illégales dans le Grand Nord.
      Il y aura de nombreux écrivains canadiens invités au festival America, ce sera une bonne occasion d’en découvrir de nouveaux.

  2. « Théâtre d’amour et de mort » …. « un imaginaire de glace et de peur », voilà des expressions qui me font mouche, grand nord ou pas … la géographie n’est pas mon fort, mais des livres avec de l’histoire et du mythe, c’est mon truc … tout ça pour dire que je note !

  3. Rien à voir avec le titre … En relisant les commentaires, je vois que tu y parles du festival « América », je suis tentée de m’y brendre pour la première fois cette année. Tu animeras des plateaux comme à Saint Malo ? C’est aussi convivial ? Ou grosse machine ?

    1. Oui, j’animerai trois débats et cette fois, je t’envoie le jour et l’heure si tu y vas ! A mon humble avis, c’est beaucoup plus convivial que Saint-Malo. L’exemple qui tue : pas besoin d’avoir payé pour entrer dans le chapiteau géant qui sert de librairie, à l’inverse de Saint-Malo. Je trouve ça limite révoltant d’avoir à payer pour entrer dans une librairie !
      America est un festival très chaleureux, à tous les points de vue, il est à taille humaine. Mais bien sûr, attends-toi quand même à être frustrée : de nombreux débats ont lieu en même temps. Ceci dit, la majeure partie est enregistrée et on peut écouter plus tard ce qu’on a raté.

  4. oh, je le veux, celui-là! J’ai plein de copains qui travaillent au Nunavut, du coup, ça m’intéresse! Merci pour la suggestion!

  5. Merci de ta réponse, elle me donne encore plus envie de découvrir ce festival. Je vais tenter de m’organiser pour y être ! Et je veux bien les jours et les heures de tes « plateaux », comme ça si je ne peux pas venir, je pourrais au moins t’entendre ! Et je te rejoins pour Saint Malo, payer pour rentrer dans le chapiteau est scandaleux et non productif pour les personnes voulant simplement acheter deux trois livres et avoir des dédicaces, vu que le prix d’entrée est celui d’un ou deux livres !!! Débile !

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