Les derniers jours du paradis de Robert Charles Wilson

Les derniers jours du paradisCassie, dix-huit ans, vit avec son frère Thomas chez sa tante Riss. Ses parents ont été assassinés et depuis toujours, elle sait qu’elle doit se méfier de certaines personnes. Alors ce type qui dans la rue semble regarder vers sa fenêtre et apparait juste le soir où sa tante laisse les enfants seuls, c’est bizarre. D’autant plus bizarre que quand un automobiliste ivre percute le type et qu’il s’écroule, son sang se met à couler : rouge et vert. Pas de doute, c’est un sim, faut filer de là !

Cassie agit comme il se doit en cas d’alerte : elle se rend chez Leo Beck dont le père est un peu de boss de la Correspondence Society. Les membres de cette société secrète sont les survivants du massacre de 2007 qui a coûté la vie à de nombreux chercheurs et universitaires qui luttent contre les sims. Avec Leo et Beth sa petite mie, Cassie et Thomas vont chercher à retrouver tante Riss et Werner Beck et pour ça parcourir des milliers de kilomètres, jusqu’au Chili.

Les derniers jours du paradis se jouent donc sur le mode de la course pour la survie car bien sûr, les sims ne rendent pas la vie facile aux quatre adolescents. Mais là où le roman devient bien plus intéressant c’est dans le contexte historique et la nature des extraterrestres imaginés par Robert Charles Wilson.

L’action du roman se déroule dans un 2014 qui n’est pas le nôtre. L’humanité fête en effet un siècle de paix, après la Grande Guerre et l’armistice signé en 1914. Des tensions subsistent ici et là mais aucun conflit majeur n’a opposé les hommes depuis cent ans. Mais ils ne le doivent pas à leur sagesse, loin de là. La pacification n’est due qu’à la présence dans la radiosphère (une couche qui entoure la Terre et propage les signaux radio) de l’hypercolonie, « une espèce d’essaim, de ruche ou de nid qui avait enveloppé la planète tout entière ». Cette hypercolonie des sims intervient dans le déroulement de l’histoire humaine, favorisant la paix, la prospérité économique et le développement technologique qui leur permettent de se reproduire.

D’où de très intéressantes réflexions sur le libre-arbitre. L’hypercolonie fait figure de divinité qui n’aurait pas abandonné ses créatures, qui travaillerait à leur développement qui est aussi le sien. L’humanité est ainsi à l’abri d’elle-même et donc du pire. Mais bien sûr, elle n’est pas libre. Alors faut-il ôter à l’homme, pour son bien, la possibilité de faire des choix néfastes pour elle ? Le bonheur dans l’esclavage, mais un esclavage ignoré et salvateur ? Au risque d’être supplanté par une entité qui peut prendre apparence humaine sans que tout un chacun s’en rende compte ?

Si Les derniers jours du paradis s’inscrit dans la veine traditionnelle des romans d’extraterrestres chers à John Wyndham, il va plus loin en posant d’intéressantes questions sur le libre arbitre et la capacité de l’homme à se bien gouverner tout seul.

Robert Charles Wilson sur Tête de lecture

Les derniers jours du paradis (Burning Paradise, 2013), Robert Charles Wilson traduit de l’anglais (canadien) par Gilles Goullet, Denoël (Lunes d’Encre), septembre 2014, 344 pages, 20.50€

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