Julia Deck reprend dans Le Triangle d’hiver certains éléments qui avaient suscité l’enthousiasme des lecteurs de Viviane Elisabeth Fauville, son premier roman : un personnage central féminin à la personnalité trouble, dont il est clair dès le début qu’il faut, lecteur, se méfier. De Bérénice Beaurivage on ne saura rien : ni son vrai nom, ni qui elle est, ni ce qu’elle veut. C’est que malgré les apparences, Le Triangle d’hiver ne raconte pas un ou des personnages, c’est un jeu littéraire visant à embobiner le lecteur.
Dès lors, tout est dans le détail et l’on se doit d’être vigilant aux noms, aux descriptions, aux couleurs de cheveux…
Bérénice Beaurivage, c’est le nom que se choisit la blonde héroïne qui se rêve en romancière dans les locaux de Pôle Emploi. Romancière, c’est quand même bien plus excitant que caissière. Et la fiction permet de faire fi de l’argent, du passé et des scrupules. Surtout quand on l’incarne avec autant de conviction et d’amoralité que Bérénice. La mythomane séduit facilement, s’incruste et puis s’agrippe, vivant aux crochets d’un séduisant inspecteur de navires. Le Havre, Saint-Nazaire, Marseille : les ports français se ressemblent, et curieusement, les bateaux qu’ils abritent aussi…
Et le lecteur attend. Il se sait la proie d’un jeu, d’un artifice littéraire qui se dévoilant soulignera la maestria de l’auteur. Le problème est que ça se voit. Les ficelles étant les mêmes que dans le premier roman, il ne faut pas longtemps au lecteur éveillé pour comprendre les règles du jeu. Ni même comment tout ça va finir.
Ce qui retient mon attention ici, c’est le style de Julia Deck qui mêle à merveille la description, le flot de pensée de son héroïne et une distance ironique assez réjouissante. Ce style-là fait qu’on vient sans peine à bout de ces cent soixante quatorze pages même si la surprise finale n’en est pas une. Car enfin, ce livre-là a bien trop de points communs avec le précédent à mon goût, et l’envie de me prendre au jeu ne vient pas, le prévisible l’emportant sur la surprise.
Julia Deck sur Tête de lecture
Le Triangle d’hiver
Julia Deck
Minuit, 2014
ISBN : 978-27073-2399-6 – 174 pages – 14 €
J’avais bien aimé Viviane Elisabeth Fauville… j’attendrai d’avoir un peu oublié de quoi il retournait pour lire celui-ci, alors…
Après, il y a des lecteurs qui apprécient de retrouver certaines choses d’un roman à l’autre, tout est affaire de goût…
J’avais aimé le précédent et je craignais une redite avec son nouveau roman. Si c’est le cas je passe mon tour…
Je n’ai pas encore lu grand-chose à propos de ce roman, je suis curieuse de connaître l’avis d’autres lecteurs qui ont aussi lu le premier.
Oui, il y a beaucoup de points communs avec son premier roman mais son écriture ( piquante, ironique) fait mouche, et j’ai apprécié les passages sur l’architecture des villes.
je suis d’accord : l’écriture fait qu’on lit avec plaisir car elle a un style bien particulier, maîtrisé qui donne beaucoup d’énergie au roman. Je suis moins fan des descriptions architecturales…
N ayant pas lu le premier , j’aurais peut être l’avantage de bénéficier de l’effet de surprise. Mais souvent je suis déçue quand un roman est construit sur un « truc »
Julia Deck est sans nul doute une auteur à découvrir.
Ca m’intéressait de lire le nouveau roman de Julia Deck, j’ai aimé le premier. Bon, il vaut mieux ne pas investir et l’emprunter en bibli, par curiosité quand même !
Si tu as beaucoup aimé le premier, peut-être seras-tu contente de retrouver les mêmes ingrédients…
Tu n’aurais pas dû lire le précédent, alors.
Ou celui-là peut-être, celui de trop…
Comme je n’ai pas lu le précédent, j’ai donc toutes mes chances !
A part ça, tu as changé comme annoncé sur facebook? Plus épuré? J’avoue ne pas trop trop voir.
C’est parce que je change souvent, tout en restant je pense dans la même veine : pas trop tapageur, largement blanc. Mes mots d’ordre : elegant, responsive, light & grid !
J’aime cette veine là… Facilité de lecture aussi, ça compte (vais je un jour lancer un coup de G. mais gentil sur les blogs qui adorent les caractères clairs sur fond foncé, à mon âge, les yeux détestent…)(aïe j’espère que l’ex Mes imaginaires d’overblog n’était pas ainsi, oups)(bon, quand c’est SF ou polar, je pardonne)
J’essaie aussi de privilégier la visibilité (en ne résistant pas quand même aux fonds nature tendance verte… ^_^)
Je sais, ce n’est pas le bon endroit, mais : seras-tu au salon du livre du RVH ce samedi entre 10 h et 12 h? Je sais que tu animes ou présentes, mais pour le savoir, pas évident. Je pourrais te rendre le Biancarelli (sinon, le renvoyer, ne te prends pas la tête)
J’anime samedi à 14h 30 et 17h 30. Pour 12h, je ne sais pas encore, je devrais être sur le tatami avec les 4-5 ans mais j’essaie de trouver quelqu’un pour me remplacer et être dès le matin aux Rendez-Vous de l’Histoire. Sinon, j’y serai à 12h 30 vendredi avec Valentine Goby. Je te tiens au courant.
J’ai aimé l’entendre parler de son livre dans Les bonnes feuilles, sans avoir envie de le lire.
Merci! Je sens que ça va être le courrier! De toute façon je compte y être de 10 à 12 mais pas plus tard… (je n’ose pas encore me lancer avec les débat et autres) Bon RVH à toi!
J’avais aimé son précédent, mais si tu dis que celui-ci est très ressemblant, je vais sagement attendre et je verrai s’il est dispo à la bibliothèque…
Au début, j’étais plutôt contente de retrouver le même ton qui m’avait bien plu. Puis au fil des pages, j’ai eu l’impression qu’elle rejouait vraiment trop la même musique et du coup, c’est décevant…