Il est souvent difficile de passer après la vague d’enthousiasme, cette vague qui justement vous a porté vers un livre, le chargeant d’une attente bien lourde à porter. Pour qu’un livre soit à la hauteur de ses louanges, il faudrait qu’il se révèle exceptionnel, voire même « seulement » original dans son sujet, son intrigue ou son style. Tant de précautions pour entamer une chronique sur Un long moment de silence de Paul Colize laisse augurer une déception. Or je ne suis pas déçue, juste déconcertée par les éloges reçus par ce roman qui est un bon roman, sans rien d’exceptionnel.
Ah si, un personnage exceptionnel quand même : Stanislas Kervyn. Je vous le recommande mesdames, il a tout pour se faire détester d’emblée. A tel point que c’en est même un peu trop : on comprend rapidement qu’il demande à toutes les femmes qu’il croise si elles veulent baiser vite fait, la répétition de la situation tourne au systématisme. Il n’a pas d’amis, une famille qui préfère l’oublier et il harcèle ses employés.
Kervyn sort un livre d’enquête sur une tuerie qui a eu lieu au Caire et qui a coûté la vie à son père alors que lui-même n’était qu’un gosse. Il a bossé comme un fou sur ce bouquin, mais pas assez puisque suite à une émission de télé, il est contacté par un inconnu qui en sait beaucoup et lui dévoile que la cible de cette tuerie était son père.
Le lecteur suit parallèlement l’histoire de Nathan Katz, jeune Juif rescapé des camps recruté par une organisation secrète, le Chat, pour liquider les nazis planqués à travers le monde. On voit venir le lien entre les anciens nazis et le père de Stanislas. D’autant plus que sa mère était Polonaise et que le passé de la famille est un tissu de secrets et de non-dits. Il est donc question de nazis en fuite et de victimes de la Shoah. Par conséquent, on comprend rapidement d’où va venir l’émotion, que tout ça va tourner autour d’un drame de guerre, épouvantable évidemment, mais prévisible dans le contexte.
Stanislas découvre des choses qu’il ignorait sur le passé de ses parents et apprend l’existence des chasseurs de nazis, en particulier celle de Nathan Katz. Paul Colize nous mène jusqu’au dénouement avec un savoir-faire indéniable sans qu’il soit ébouriffant. Un homme trop sûr de lui qui se prend en pleine figure le passé de ses parents, il n’y a pas là de quoi s’affoler, surtout quand il s’agit pour la énième fois des méchants nazis qui comme chacun sait, ne sont pas tous morts foudroyés le 8 mai 1945, fort malheureusement.
Ce qui retient plus particulièrement mon attention dans Un long moment de silence ? A n’en pas douter les personnages. Stanislas Kervyn parce que je trouve tout à fait culotté de prendre pour personnage principal un type aussi détestable. Nathan Katz parce qu’il est intéressant d’entrer dans la psychologie de ce type qui de victime devient bourreau en décidant qu’il est du bon côté de la justice.
Après lecture, j’ai relu quelques billets sur ce roman sans comprendre ce qui lui a valu de tels débordements d’enthousiasmes…
Un long moment de silence
Paul Colize
La Manufacture de Livres, 2010
ISBN : 978-2358870559 – 480 pages – 20,90 €
Ha. A Girl en a lu un autre et son enthousiasme est très fort!
Oui, je viens de lire ça : elle donne très envie !
Un bon roman, c’est déjà suffisant pour ne pas me faire regretter mon achat. Je me souviens de la librairie où je l’ai acheté et de l’enthousiasme d’un lecteur qui me l’a fortement conseillé. J’aime bien les clients d’une libraire qui se conseillent mutuellement…
Ah moi aussi j’aime ça : deux lecteurs qui ne se connaissent pas et commencent à discuter livres. Je me rappelle, ça m’est arrivé au resto d’un hôtel : le gars à la table d’à côté était Néerlandais et nous parlions donc en anglais, de littérature italienne !
Personnellement, c’est le premier billet que je lis, et on ne peut pas dire que tu pousses franchement à la lecture 😉
Je l’aurais peut-être plus apprécié si je n’avais jamais rien lu à son sujet…
moi, ça m’arrange. D’une part je n’arrive pas à lire en ce moment ( même des livres censément dits »bons » ), alors je ferai l’impasse bien volontiers sur celui-ci
si même un petit Gallmeister ne te sort pas de cette panne….
je vais acheter Cassandra
J’avais passé un bon moment. Ce fut une belle découverte.
Je retenterai probablement.
ah zut. J’aimerais tellement te communiquer mon enthousiasme. As-tu lu Back Up ?
Non, je découvre l’auteur avec ce titre… mais pourquoi pas Back Up, plus tard…
c’est très bien comme ça, enfin un titre qui me permet de me tenir à ma résolution : ne pas se laisser par trop de livres que je n’aurai de toute façon pas le temps de lire. Donc courageusement en voici un que je ne mets pas sur ma liste .
PS ce que je ne dis pas, c’est qu’en plus je n’aime pas les polars donc : facile de me tenir à ma fameuse résolution!
Je me souviens que tu n’es fan ni de romans de guerre, ni de polar : même si j’aime, tu n’es pas preneuse 😉
Je l’ai commandé pour le lire dans le cadre de ton challenge Lire le monde, je suis contente de lire ton avis mitigé. Je suis souvent déçue par les romans qui font l’unanimité.
Voilà, comme ça tu as un son de cloche un peu moins retentissant, ça abaisse la barre des attentes !
Bon, je vais peut-être commencer d’abord par Back-up 😉
Oui, A Girl a l’enthousiasme communicatif, elle me donne à moi aussi l’envie d’essayer l’auteur avec cet autre titre.
J’ai envie de découvrir cet auteur belge mais je pensais plutôt à « Back up », et je reste donc sur ma première idée 😉
Sinon, super ton nouveau classement par auteurs autour du monde !!!! Tu nous fais voyager 🙂
Oui ! La Belgique, ça n’est pas encore très dépaysant (quoique perso, je ne lise pas tant d’auteurs belges), mais demain : auteur guinéen !
Je vis en Belgique et pourtant je lis assez peu d’auteurs belges ! Je devrais m’y mettre 😉
Il y a une lecture commune autour de Simenon prévue pour le 7 janvier !
Peut-être pas son meilleur ? Ou ce n’était pas la bonne thématique pour toi ? J’avoue que celle de ton choix de livre me parle moins que Back Up. Encore que Back Up c’était pas gagné non plus au départ. Je n’avais eu que l’écho très très enthousiaste de Valériane, ceci dit, c’était assez pour que j’en attende beaucoup, et je n’ai pas été déçue pour ma part.
Le choix de livre de Mimi me tente plus que le tien, mais même si tu n’as pas été très convaincue par ce livre, le dernier paragraphe de ton billet me confirme tout de même dans mon sentiment que Paul Colize est vraiment un très très bon auteur qui vaut le détour, même si ça ne fait pas mouche à tous les coups.
C’est Valériane qui m’a suggéré Paul Colize parmi les auteurs belges. Et ceci dit, je ne regrette pas la découverte, je l’ai classé dans « A lire », c’est globalement positif.
J’ai découvert l’auteur avec Back Up que j’avais beaucoup aimé, j’ai continué avec celui-ci et j’ai aimé aussi, par contre je n’avais lu aucun avis sur ce livre.
Le revers de la médaille quand on fréquente beaucoup les blogs : on découvre mais on attend aussi beaucoup des livres plébiscités.
Bonjour Sandrine, personnellement, je n’ai rien lu de Paul Colize, pas forcément tentée. Ses histoires ne m’attirent pas trop. Bonne journée.
Il récolte pourtant quelques avis élogieux… beaucoup même 🙂
Bonsoir Sandrine, j’emprunterais certainement un jour un de ses romans en bibliothèque. A part ça, pour la Carte des Mendelssohn, comme je t’ai répondu sur mon blog: le roman fait 461 pages (et non 765). Diane Meur a pu identifier 765 descendants de Moses jusqu’à la 8ème génération. Bonne soirée.
Merci pour la précision !
Je suis en retard sur mes commentaires et sur mes lectures. Je passe donc, et je gagne du temps. 🙂
Le Papou