1498. On reproche à Léonard de ne pas terminer La Cène qu’il a entamée au couvent de dominicains Santa Maria delle Grazie de Milan. C’est comme si le maître était passé à autre chose. Nul ne comprend pourquoi le Judas de Léonard n’a pas encore de visage. Et lui d’expliquer qu’il doit voir de ses propres yeux ce Judas pour pouvoir le peindre. Qui donc est assez perfide et assez veule pour avoir le visage de Judas ?
Le premier chapitre d’exposition passé, on suit un marchand allemand, Joachim Behaim, de passage à Milan où il vient de vendre deux chevaux au duc Ludovic Sforza. Il est également à la recherche d’un créancier de son père qui lui doit dix-sept ducats. A force de question, il comprend que l’homme, Boccetta, est le pire pingre et filou de la création et que jamais il ne retrouvera son argent. Il n’a pourtant pas l’intention de se laisser faire.
Alors qu’il fomente des plans, son chemin croise celui d’une jeune fille magnifique dont il tombe aussitôt amoureux. Il la cherche dans toute la ville, veut savoir qui elle est, où elle loge. Quand ils se rencontrent à nouveau, elle semble disposée à répondre à son amour. Elle se prénomme Niccola, elle est jeune, belle, doucet et pure. Confiante et amoureuse, elle se donne à ce bel amoureux qui souhaite sincèrement faire son bonheur. Mais voilà que Behaim apprend que Niccola n’est autre que la fille de Boccetta qui s’est moqué de lui et n’entend pas lui rendre son argent.
Je découvre Leo Perutz avec Le Judas de Léonard. Mal m’en a pris de ne pas dénicher le fameux Cavalier suédois dont on dit tant de bien car ce roman-ci m’a bel et bien ennuyée. Il ressemble à une pièce de boulevard avec quiproquos et personnages stéréotypés. Il n’est guère question de peinture au final, mais bien de morale : celui qui fait passer l’argent avant tout, voilà l’Affreux. Il ne s’agit donc pas d’un bandit, d’un voleur ou d’un assassin, mais bien d’un honnête marchand qui se laisse dominer par la vengeance et le profit, pour lesquels il renie son amour.
Leo Perutz s’empare d’une anecdote historique (Léonard de Vinci ne termine pas sa fresque ne sachant quel visage donner à son Judas) et choisit d’éviter toute interprétation facile, tout manichéisme. Malheureusement, l’histoire qu’il invente n’a ni originalité ni dynamisme : une comédie à l’italienne dénuée de charme.
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Le Judas de Léonard
Leo Perutz traduit de l’allemand par Martine Keyser
Phébus (Libretto), 2013
ISBN : 978-2-7529-0953-4 – 195 pages – 8,70 €
Der Judas des Leonardo, première parution (posthume) : 1959
Oh dommage 😦
Il faudra retenter une lecture de l’auteur : le cavalier… ou le marquis de Bolibar très bien aussi 🙂
Bonne journée 🙂
Oh oui, je ne resterai pas sur cette déception !
Je viens de lire un billet bien plus enthousiaste sur ce fameux cavalier…
Ah mais toi, tu retournes le couteau dans la plaie !!
Je te recommande aussi Le maître du jugement dernier, excellent. Par contre, j’ai voulu relire La neige de Saint-Pierre, mais les personnages m’ont semblé assez caricaturaux, et je n’ai pas persévéré.
Ça se confirme donc : il y a du bon et du moins bon chez Leo Perutz… et ce n’était pas mon jour de chance !
Un livre que je ne lirai pas. Merci de t’y être collé !
Je t’invite cependant à lire tous les bons articles du jour autour du Cavalier suédois que beaucoup ont eu la sagesse de choisir.
Mauvaise pioche donc, c’est un auteur dont il faut bien choisir son titre on dirait ..
Tout à fait. Je ne sais plus pourquoi j’ai acheté Le Judas de Léonard au Salon du Livre l’an passé plutôt que Le cavalier suédois, mais je crois que j’avais lu juste avant une chronique positive…
Oh, quel dommage… parce que si Le cavalier suédois ne mérite pas un qualificatif, c’est bien celui d’ennuyeux !
Ce n’est que partie remise..
A vous lire tous aujourd’hui, je crois même que c’est un roman passionnant, avec jeu autour de la narration et du lecteur : tout ce que j’aime !
Leo Perutz m’a presque toujours enthousiasmé. De la relativité de toutes nos interventions sur la littérature. Et c’est très bien ainsi.
J’étais vraiment toute prête à me laisser séduire, je partais enthousiaste. Puis je me suis peu à peu dégonflée comme un vieux pneu, pffff, jusqu’à me trainer au final. Si tu ne l’as pas lu celui-là, il faut le tenter car je suis curieuse de l’avis d’un connaisseur de l’auteur.
Tant pis, voilà un titre que je ne noterai pas.
N’oublie pas de noter Le Cavalier suédois !
J’avais lu Le Miracle du manguier mais ça remonte tellement que je n’en ai quasi plus de souvenirs. Mon billet sur mon ancien blog (faudra que je continue le transfert) me laisse entendre que j’avais apprécié. Je tenterais bien Le Cavalier suédois un jour. Dommage pour ton choix, la thématique m’aurait attirée aussi.
Je crois que Le Cavalier marque plus durablement. Il y a peu, j’ai entendu un journaliste qui en parlait avec délice alors que sa lecture remontait déjà à plusieurs années…
Le titre le sujet auraient tout pour me plaire ta critique sévère est un avertissement. Je n ai encore rien lu de cet auteur je commencerai par le Cavalier suédois
A lire le résumé et le début de l’histoire, je m’attendais à un roman comme Le Turquetto, beaucoup axé sur la création artistique en relation avec la vie du peintre. Ce roman m’avait plu…
J’ai moi aussi un très mauvais souvenir du Cavalier suédois, et bon, sur ce coup-là, je vais me fier à tona vis, je passe
Pour Le Cavalier suédois, tu dois être le seul car il est vraiment très apprécié…
Même s’il est né à Prague (donc, à l’époque, dans l’Autriche-Hongrie), Leo Perutz n’est pas un écrivain tchèque mais autrichien (il a vécu depuis ses 17 ans à Vienne), de langue allemande.
Merci pour cette précision.