Promenez-vous dans les bois de Ruth Ware

Promenez -vous dans les boisLeonora, narratrice de Promenez-vous dans les bois, est écrivain de polars, célibataire et solitaire. Elle chérit d’ailleurs sa solitude plus que tout. Alors pourquoi accepte-t-elle de se rendre à l’enterrement de vie de jeune fille de Clare, amie d’enfance mais perdue de vue ? Parce que Flo, l’organisatrice insiste beaucoup peut-être, certainement aussi parce que Nora décide elle aussi d’y aller. Elles n’auraient pas dû.

L’ambiance est pourrie dès le départ, les invités n’ayant pas réussi à s’esquiver peu nombreux. Pourtant Clare est le type même de fille populaire, très belle, bonne copine. Mais Leonora reste obsédée par les souvenirs ravivés par Clare : alors âgée de seize ans, son histoire d’amour avec un certain James s’est terminée très tragiquement et elle ne s’en est jamais remise. Alors quand Clare lui annonce, que son futur mari n’est autre que James, c’est le poids du passé qui écrase Nora.

J’avais envie d’un suspens, d’un terrible suspens capable de me tenir enchaînée à un livre. J’aurais pourtant dû me méfier de ce titre-là, qui bien sûr rappelle un des pires slashers qui soit, un français (qu’on n’y voie bien sûr aucun lien de cause à effet…) : Promenons-nous dans les bois de Lionel Delplanque.

Car Promenez-vous dans les bois n’est pas le suspens annoncé et je suis assez déçue. Le roman voudrait s’affranchir de certains codes qu’il utilise mais n’y parvient pas. Les six protagonistes se retrouvent assemblés dans une maison au fond des bois. Dans les faits ils ne sont pas adolescents, mais dans leur souci constant de leur look et de leurs amours, ils le sont. Et ils se font une séance de ouija, quoiqu’à contrecœur. Pour couronner le tout, un superbe fusil est accroché au-dessus de la cheminée, chargé à blanc. Et vous devinez quoi ? Ce sera l’arme du crime. Sans blague. Quelqu’un l’a chargé avec de vraies balles. Non ? Si. Incroyable…

La tension tient sur deux faits essentiels qui restent longtemps inconnus du lecteur : que s’est-il passé dix ans auparavant quand Nora et James ont rompu ? Pourquoi Nora a-t-elle été invitée à cet enterrement de vie de jeune fille alors qu’elle n’a pas vu Clare depuis plusieurs années et qu’elle n’est même pas conviée au mariage ?

Le problème est que je me suis peu à peu désintéressée de ces questions. J’aurais même abandonné Nora à son sort sans trop de regret. Elle n’est pas crédible en écrivain, ni même en amoureuse souffrante depuis dix ans. On ne ressent pas le magnétisme de Clare et les autres personnages ne sont guère plus consistants. Ils s’ennuient pendant ce week-end, et le lecteur avec. Or pour s’accrocher à un suspens, il faut au moins se préoccuper un peu du sort des personnages. Ou alors il faut qu’ils soient un peu troublants, voire pervers… mais ceux-ci sont prévisibles comme la météo d’hier. On peut même aller jusqu’à dire que Leonora tourne gourdasse à force de s’entêter à ne rien comprendre de ce qui lui arrive.

Bref : zéro empathie + rien de troublant = une lectrice déçue. Qui va se regarder un bon petit slasher pour avoir enfin sa dose d’émotions !

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Promenez-vous dans les bois… pendant que vous êtes encore en vie

Ruth Ware traduite de l’anglais par Séverine Quelet
Fleuve Editions, 2016
ISBN : 978-2265099364 – 384 pages – 20,90 €

In A Dark, Dark Wood, parution en Grande-Bretagne : 2015

 

31 commentaires sur “Promenez-vous dans les bois de Ruth Ware

    1. J’ai eu envie de le chroniquer quand même car j’étais vraiment trop déçue… d’autant plus que j’ai dû lire deux ou trois chroniques très positives…

  1. Mouais bof. Et puis Nora/leonora, c’est la même je suppose, là déjà mon neurone est grillé…
    Sinon je te signale l’excellent Promenons nous dans les bois de Bryson, une rando dans les Appalaches, où on s’amuse fort! (non fiction of course)

    1. Ah, c’est plus « compliqué » que ça car quand elle était ado, cette Leonora se faisait appeler Lee par le beau James. Si tu es mieux réveillée à cette heure, tu auras compris qu’il existe donc trois façons de désigner cette personne et si tu as déjà lu des bouquins dans ce genre-là, ben tu sais que ce n’est pas innocent. Et donc quand le truc sur son prénom arrive, c’est à peu près aussi discret qu’un nez de clown et la gourdasse ne s’en rend pas compte…

  2. le « teaser » de ton article m’a fait bien rire 😀 rien que pour ça je suis ravie d’avoir lu ton billet même si toi, tu n’es pas ravie d’avoir lu ce livre 🙂

    1. J’en ai lu d’autres depuis parce que quand même, je ne pouvais pas rester sur cette déception. Donc roman policier historique à venir et aussi roman noir (plus certainement romanS noirS parce que j’ai été sevrée trop longtemps !).

    1. Je trouve qu’il faut dire les choses telles qu’elles sont. Dire qu’on nous vend souvent des copies laborieuses au prix du dernier chef d’oeuvre du genre. Eh bien ça n’est pas vrai, ce livre-là ne vaut vraiment pas grand-chose, ça n’est même pas une bonne histoire alors autant l’exprimer et expliquer pourquoi, je trouve…

    1. Oh moi je sais bien que si ! Ce sont les éditions Fleuve maintenant et ils ont une nouvelle collection (en tout cas un nouveau nom, le concept est assez similaire à ce qui s’est déjà fait) : outrefleuve. Alors si tu n’es pas réfractaire à l’étrange et si tu cherches un très bon suspens pour l’été, je te conseille Le Camp de Christophe Nicolas.

  3. Merci pour cette critique, je sais que si j’ai envie d’un thriller, je ne me tournerai pas vers celui-ci ^^ J’imagine tout à fait l’intrigue bateau et peu consistante.

    1. Voilà en effet un livre qui donne envie de faire autre chose que de lire… J’ai eu une méchante période où j’ai aussi abandonné pas mal de livres en cours, mais à présent je crois que j’en suis sortie 😉

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