Montana 1948 de Nicolas Pitz

Montana 1948Montana 1948, le roman de Larry Watson est un récit d’enfance tragique, tout en tension, émouvant et grave. Dans l’Amérique de l’après-guerre, le jeune David découvre à l’instar de ses parents la véritable personnalité de son oncle bien-aimé : il profite de son métier de médecin pour abuser de jeunes Indiennes.

Quand Marie Little Soldier, la jeune fille qui s’occupe de David au quotidien tombe malade, elle refuse absolument que le docteur Hayden l’ausculte. Mrs Hayden, la mère de David comprend bien vite ses réticences et en parle à son mari, shérif de Bentrock, Mercer County, Montana et frère du docteur. Elle a honte d’aborder ce sujet, honte que ces choses aient lieu sous son toit, mais elle souffre plus encore de savoir Marie à la merci d’un vicieux.

David a douze ans et ne comprend bien mal le drame qui se joue. On l’éloigne, on parle à demi-mots. Bientôt en ville, on le montre du doigt. Son grand-père, ancien shérif lui aussi se met en colère et menace son fils, non pas le médecin violeur mais l’autre, celui qui a pris sa suite en tant que shérif. Celui aussi qui n’est pas allé se battre en Europe, tandis qu’en plus d’avoir réussi professionnellement, Frank est un héros de guerre.

Nicolas Pitz met l’accent sur les relations entre les personnages, la solitude de David qu’on tient éloigné, la difficile affirmation de son père shérif en tant que figure d’autorité et le rôle essentiel de sa mère qui agit selon ses principes et ne lâche rien.

Les Indiens restent en arrière-fond. Pour ces Blancs dominants, ils sont clairement un problème, pas encore des sujets, à part peut-être pour la mère parce qu’elle est femme et croyante. Pour les mâles, ils sont comme du bétail, au mieux des problèmes.

Nicolas Pitz choisit la couleur vive et le trait précis pour adapter le roman de Larry Watson. C’est assez étonnant car on imaginerait un décor plus sombre, mais on peut y voir les couleurs de la fin d’été et l’image d’une société pleine de jeunesse et de vitalité. Nicolas Pitz peint assez peu les paysages et les lieux, donnant la priorité aux visages, souvent en gros plan et dans un style minimaliste. Ils sont représentés sur des fonds unis et manquent parfois d’expression, semblant figés. Le graphisme n’est pas toujours convaincant, les visages peinant parfois à exprimer naturellement un sentiment.

Le style est en effet dépouillé, sobre : pas d’exubérance chez les Hayden, pas beaucoup de sentiments, peut-être pas beaucoup de bonheur. Le lecteur perçoit la solitude du jeune David qui voit sa famille se déchirer et voler en éclats les valeurs dont il a besoin pour se construire.

Si l’adaptation n’a pas l’intensité intime du roman elle peint avec justesse la famille et ce petit coin d’Amérique où se construit silencieusement le drame.

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Montana 1948

Nicolas Pitz d’après Larry Watson
Sarbacane, 2017
ISBN : 978-2-84865-970-1 – 124 pages – 19,50 €

8 commentaires sur “Montana 1948 de Nicolas Pitz

  1. Faudrait, faudrait… que je bosse à plein temps… sur les livres de ma PAL (dont Montana, 1948 fait partie…) (et pourtant je veux le lire, ça élargirait ma liste de propositions de lecture à mes élèves)

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