Katanga 1 de Nury et Vallée

Le 30 juin 1960, le Congo proclame son indépendance. Moins de quinze jours plus tard, la riche province minière du Katanga fait sécession sous la présidence de Moïse Tshombé soutenu par l’ex-colonisateur belge. Le talentueux duo de Il était une fois en France (Fabien Nury au scénario, Sylvain Vallée au dessin) se retrouve pour une nouvelle série qui dès ce premier tome se révèle complexe et passionnante.

Il s’ouvre sur une brève page de texte pour un « petit rappel historique ». L’épisode de l’indépendance du Katanga ne nous est en effet pas familier, mais quelques lignes suffisent pour cerner la situation historique. Les dirigeants du nouveau pays cherchent à recruter des mercenaires pour conquérir les installations minières sous contrôle de l’ONU. Armand Orsini, conseiller spécial du ministre des Affaires étrangères recrute donc des « conseillers techniques ». Ce sont d’anciens combattants, anciens nazis et hommes de main en manque d’action, connus comme « les Affreux », charmant surnom qui ne reflète en rien leur violence.

C’est que ces mercenaires et ceux qui les dirigent sont prêts à tout pour mettre la main sur la province minière du Kasaï encore sous contrôle congolais et récupérer des diamants. Ces diamants, part de fiction de ce premier tome, ont été volés par un certain Charlie, employé noir de Von Harp qui a pris la fuite devant l’avancée des troubles avec une mallette pleine de pierres. Charlie s’est débarrassé de son maître et a caché les diamants : il entend s’en servir pour se faire sortir du « camp des cannibales », camp de réfugiés sous contrôle de l’ONU ou sévissent de jeunes miliciens noirs drogués, hyper-violents et réputés cannibales. Les mercenaires vont devoir infiltrés le camp pour récupérer Charlie.

Tous ces gens sont corrompus et agissent pour leur intérêt personnel. S’enrichir vite en pillant et tuant, trahir ses alliés au besoin. Aucun espoir, aucune compassion : noir et violent de bout en bout, seul l’amour de Charlie et de sa soeur Alicia, pute de luxe qui manipule les Blancs par ses talents sexuels, traverse l’intrigue d’un peu d’humanité.

Fabien Nury et Sylvain Vallée se concentrent sur la violence. Beaucoup de scènes de combats, beaucoup de corps malmenés, démembrés, déchiquetés. Beaucoup de sang. Le tout à une vitesse incroyable : les événements semblent se succéder sans répit. Le dessin de Sylvain Vallée n’épargne rien au lecteur de la violence et du chaos qui règne au Katanga.

Il donne aux personnages des visages très caractéristiques qui permettent au lecteur de tous les identifier rapidement bien qu’ils soient très nombreux. Les mercenaires ont par exemple des tronches de cinéma, on a l’impression de les avoir déjà vus.

Un premier tome puissant et choquant, une grande réussite.

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Katanga tome 1 : diamants

Fabien Nury (scénario), Sylvain Vallée (dessin) et Jean Bastide (couleur)
Dargaud, 2017
ISBN : 978-2205-07455-0 – 74 pages – 16,95 €

4 commentaires sur “Katanga 1 de Nury et Vallée

    1. Oui : les richesses que détient le pays sont un malheur car elles déchaînent les convoitises. Quand il y a de l’argent et du pouvoir, il n’y a plus de raison. Mais quand on voit que le pays qui vient de sortir du terrible colonialisme belge retombe dans la violence et l’exploitation à outrance, c’est désespérant…

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