Nous sommes en 1558 quand s’ouvre Une colonne de feu. Marie Tudor, fille aînée d’Henri VIII est reine d’Angleterre et Ned Willard amoureux de la très belle Margery Fitzgerald qui le lui rend bien. Après la rupture avec le pape, l’Angleterre est donc revenue dans le giron de l’Église catholique mais les protestants se multiplient. Nombreux sont en effet ceux qui s’interrogent sur la légitimité du clergé, ses avantages, sur la nécessité de lire la Bible en langue vernaculaire et sur la toute puissance de Rome. Mais il est interdit de s’interroger ouvertement, sous peine de mort.
A Kingsbridge, clergé et notables traquent les protestants qui organisent des messes clandestines : on les arrête et leur chef est brûlé. Cette intransigeance révolte Ned qui décide de quitter sa ville pour entrer au service de la princesse Elisabeth, elle aussi fille d’Henri VIII mais tenue à l’écart par sa demi-sœur. Le jeune homme quitte sa ville le cœur lourd car Margery doit épouser le vicomte de Shiring, puissant aristocrate.
Le lecteur d’Une colonne de feu le sait mais Ned ignore qui de la princesse Elisabeth ou de Marie Stuart, épouse de l’héritier du trône de France et reine d’Écosse accèdera au trône d’Angleterre à la mort de Marie Tudor si celle-ci meurt sans que son mari, le roi Philippe II d’Espagne lui ait donné d’enfants. Il s’engage par conviction, parce que comme de nombreux chrétiens anglais, il ne supporte plus que l’Église persécute et torture des gens pour leurs convictions religieuses.
Si l’histoire de l’Angleterre ne vous est pas familière, elle le deviendra certainement à la lecture d’Une colonne de feu. Malgré ses multiples personnages, Ken Follett a le don de raconter sans jamais perdre son lecteur, de faire de cette diplomatie internationale un roman simple quant à l’intrigue et très agréable à lire (il ne m’a jamais été nécessaire de consulter la liste des personnages fictifs et réels fournie en début de roman). Les fils narratifs sont pourtant nombreux. Ned Willard tisse le principal, mais on s’écarte bien souvent, en Espagne par exemple sur les pas de son frère Barney qui vit à Séville, mais aussi à Paris sur ceux d’un certain Pierre Aumande, fieffé menteur et arriviste chargé par les Guise de traquer les protestants. Il séduit la jeune Sylvie Palot, fille d’un libraire parisien qui imprime clandestinement des bibles en français. Ce commerce est florissant car sous le règne d’Henri II et de Catherine de Medicis, les communautés protestantes se multiplient en France et à Paris.
On suivra Ned, Margery (et Rollo son frère, catholique fanatique), Sylvie, Pierre et d’autres personnages secondaires depuis leur jeunesse jusqu’à leur mort. On s’immerge dans le règne d’Elisabeth Iere, on côtoie les têtes couronnées en restant au plus près des protagonistes fictifs, de leurs amours, trahisons et engagements. Ils représentent la lutte pour la tolérance religieuse (incarnée par Elisabeth et Catherine de Medicis) contre le fanatisme aveugle de l’Église. On perçoit que les têtes couronnées sont à la merci de leurs conseillers manipulateurs ou bien intentionnés. Les grands épisodes de l’Histoire (Saint Barthélémy, invincible Armada, conspiration des poudres…) sont vécus à hauteur d’hommes et de femmes dans un tourbillon d’intrigues individuelles très bien menées.
Une colonne de feu donne à vivre une époque violente et complexe, mais surtout passionnante. Ned Willard, cheville ouvrière des « services secrets » d’Elisabeth porte l’intrigue et nous rend familiers ces conflits vieux de plusieurs siècles qui ont agité les grandes puissances européennes. Plus de neuf cents pages de détails foisonnants qui donnent à voir sans ennuyer et permettent de cerner des personnalités lointaines dans le temps et presque étrangères tant les mentalités ont changé, mais toujours humaines. Car malgré les siècles, la tolérance religieuse reste un thème encore et toujours d’actualité.
A lire une interview de Ken Follett sur ActuaLitté.
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Une colonne de feu
Ken Follett traduit de l’anglais par Cécile Arnaud, Jean-Daniel Brèque, Nathalie Gouyé-Guilbert, Odile Demange, Dominique Haas
Robert Laffont, 2017
ISBN : 978-2-144727873 – 922 pages – 24,50 €
A Column of Fire, parution en Grande-Bretagne : 2017
Vu mon goût immodéré pour les châteaux anglais je devrais le lire, mais il ne me fait pas tellement envie. Tu as l’air d’avoir apprécié ta lecture pourtant. Ce sera pour plus tard… En attendant bon bout d’an !
Oui, j’ai apprécié ma lecture, je ne serais pas allée au bout de ces plus de 900 pages sinon, c’est presque un défi 😉
Un livre de la qualité de Les piliers du ciel. Se lit avec plaisir, sans lassitude. On s’attache à tous les personnages et on regrette de tourner la dernière page. ❤
J’ai beaucoup aimé ce roman aussi, Ken Follett est un conteur de talent et cette fresque se révèle passionnante
Je n’ai lu qu ele premier de Ken Follett… j’avais peur de relire la même chose tout le temps. Mais cette période, je connais et j’aime bien. Pourquoi pas. Surtout si tu donnes ton go!
Moi aussi je n’ai lu que le premier, il y a 18 ans, et j’ai lu celui-ci avec grand plaisir 😉
Il attend dans ma liseuse, bien sagement.
Cela donne envie de se replonger dans l’histoire britanniques, j’oublie au fil des ans, et une piqûre de rappel, même si elle est romancée ne me ferait pas de mal. Par contre je ne me suis jamais lancée dans du Ken Follet, j’appréhende un petit peu!
Un auteur qui a beaucoup de succès mais je ne m’y suis pas encore mise.
Il me faisait sacrément envie, je comptais sur toi pour me convaincre totalement, c’est fait, merci Sandrine !
J’en profite pour te souhaiter une excellente année 2018.
j’aimerais lire cet auteur mais ne sais par quel roman commencer… peut-être pas avec celui-là?
J’entends parler de cet écrivain depuis de nombreuses années, mais je ne sais pas pourquoi il ne m’inspire pas confiance…
J’avais lu ‘les piliers de la terre’, il y a moult années. Et si j’avais apprécié toutes les parties consacrées aux descriptions et explications historiques (l’auteur a un réel talent pour rendre tout cela très clair et captivant) j’avais aussi été très agacée par le côté plus-que manichéen des personnages. Mais là tu ne sembles pas y faire allusion, je vais donc peut-être accorder une seconde chance à Mr Follet (qui va être absolument ravi et soulagé de l’apprendre j’en suis certaine).