Et si l’amour c’était aimer ? de Fabcaro

Et si l'amour c'était aimerElle s’appelle Sandrine, elle est apparemment heureuse en ménage avec Henri, directeur de start-up : ils sont riches, attentionnés l’un à l’autre, bien coiffés. Le soir après le boulot, ils se racontent les petites choses de la vie : Richard qui a mis du poivre plutôt que du sel dans sa paella, par exemple… Des trucs pas importants mais le quotidien de tout couple, n’est-ce pas ?

Non, pas tout à fait, parce que c’est Fabcaro qui raconte et qu’il va toujours trop loin, bien trop loin même… La vie de Sandrine et Henri est d’un vide abyssal… jusqu’au jour où surgit Michel, le livreur de macédoine. Pour Sandrine, c’est le coup de foudre. Elle ne pense qu’à lui, commande de la macédoine tous les soirs, finit par lui faire passer un petit mot pour lui donner un rendez-vous. Parce que oui, Michel est un peu mou du bulbe, il ne comprend pas tout de suite l’intérêt que Sandrine lui porte.

Puis c’est la scène de promenade au zoo (où tous les animaux forniquent), le restaurant, le baiser torride : toutes plus ridicules les unes que les autres par le vide des dialogues et les stéréotypes véhiculés. Ils ont tous des coiffures top moumoute, des costards nickels et les répliques figées.

Fabcaro donne dans la parodie de romans-photos avec cette bande dessinée qui se prête très bien à l’exercice puisque qu’il s’agit dans les deux genres de suites d’images avec des dialogues en phylactères. On pense également aux séries télé romantiques aussi débiles que romantiques. Il se repait  dans le cliché de drague et d’histoire d’amour préfabriquées qui ne manquent pas de situations stéréotypées. Du coup, c’est parfois cruel mais tellement parodique que même les amoureux tout frais ne pourront que rire. Deux vignettes efficaces pour la scène de rupture (Sandrine se trompe de prénom), deux pour Michel qui plonge dans l’autodestruction, deux planches très drôles pour la visite au conseiller conjugal (« Bah dis donc, je te dis pas la situation de merde. Ça vous fera 65 € »). Il en rajoute encore sur la fin, avec des péripéties encore plus improbables (genre fils caché et homosexualité latente) qui tirent la BD vers le grand-guignol : une réussite.

Fabcaro est donc toujours aussi à l’aise dans le n’importe quoi, comme j’avais déjà pu l’apprécier dans Mars !. On passe un bon moment, on s’amuse de tous ces ridicules un peu méchants mais décalés. Vous prendrez bien une petite tranche de rire ?

Fabcaro sur Tête de lecture

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Et si l’amour c’était aimer ?

Fabcaro
6 Pieds sous terre, 2017
ISBN : 978-2-35212-135-0 – non paginé – 12 €

19 commentaires sur “Et si l’amour c’était aimer ? de Fabcaro

  1. Ça ne devient pas un peu lourdingue au bout d’un moment ? J’ai lu un roman écrit avec ce style récemment (pas le choix), mais ce n’était pas volontaire. Une torture…

  2. Noté tu penses bien, j’ai demandé l’achat à la bibli (en même temps qu’un truc super sérieux sur un géographe, histoire de faire passer le truc) et j’attends!
    (mais oui, Sandrine! tu ne pouvais pas rater ça! ^_^)

      1. Mais oui, ça me revient, Z comme Diego, j’ai forcément lu ça! Complètement fou, d’ailleurs, m’étonne pas.

  3. Ma grand-mère adorait les romans photo… et je les lisais tous dans son dos. J’avais même mes acteurs préférés. Du coup, je vais lire ça vec plaisir, tu peux t’imaginer!

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