Le problème avec Jane de Catherine Cusset

Le problème avec JaneA la découverte de romancières françaises que je n’ai pas lues, voilà que j’ouvre ce roman. Pourquoi ? Une quatrième de couverture qui prétend que « c’est une radiographie des rapports amoureux et sociaux dans l’Amérique contemporaine que nous propose Catherine Cusset » et un Grand Prix littéraire des lectrices de Elle en 2000. Pas les bons critères pour moi à l’évidence car Le problème avec Jane fut d’un ennui terrible.

Jane est universitaire. Elle trouve un manuscrit sur son paillasson, le lit et constate qu’il raconte sa vie : mais qui a bien pu l’écrire ? Voilà pour le suspens. L’histoire de Jane forme 95 % du roman, les 5 % autres sont les intervalles au présent qui égrainent ses suppositions quant à l’auteur de sa biographie. Elle soupçonne ses connaissances les unes après les autres : amis, amants, collègues… passionnant.

Sa vie est celle d’une petite universitaire ambitieuse, un peu cul serré, très centrée sur elle-même. Qu’est-ce que c’est pas facile d’être universitaire et femme… et trouver le grand amour, ah la la, quelle histoire… et quand on l’a trouvé, qu’est-ce que c’est bien, qu’il est beau mon homme… et bien sûr, s’embrasser follement, quel pied… ah mais zut, ça ne dure pas, quelle torture… bon, je vais m’en trouver un autre… : à peine au-dessus de Katherine Pancol

Il était là, sur le seuil, habillé d’un jean, d’un tee-shirt gris et de baskets. L’air de sortir d’un magazine de mode en papier glacé. Le genre d’homme qui n’avait jamais regardé Jane. Mais lui la regardait : c’était à elle qu’il souriait et tendait une rose jaune. Le même type qu’Eyal, en plus beau : grand, svelte, les épaules larges, une bouche charnue au dessin délicat, des cheveux châtains tombant en mèches souples sur son haut front, et ce sourire radieux, avec une pointe tendrement ironique, qui dégageait ses dents larges et régulières et plissait ses yeux clairs.

Personne n’est obligé d’écrire ça, non ?

Le défilé des problèmes sentimentaux et professionnels de cette femme est extrêmement ennuyeux et on se fiche pas mal de savoir qui peut la connaître assez bien au point d’écrire sa biographie avec tant de détails. Ce roman est bourré de clichés sur l’amour et le couple, plein de bonne conscience (Jane a des amies lesbiennes et noires – les deux ! -, des amants étrangers…) et heureusement qu’il est sorti avant le 11 septembre sinon on y aurait eu droit aussi. On aurait pourtant pu s’attendre à un peu d’humour puisque plusieurs fois dans le livre, ses amis préviennent Jane que les romans universitaires sont toujours très ennuyeux. Ce qui est faux d’ailleurs, mais n’est pas David Lodge qui veut.

Il n’est de même pas facile de rendre intéressant un personnage pleurnichard et nombriliste. Il faut donner quelque chose au lecteur pour qu’il s’accroche, se motive à continuer. Le style peut-être ? Jane étant spécialiste de Flaubert, y aurait-il une tentative de la part de Catherine Cusset d’écrire la vie d’une femme qui s’ennuie ? Ce n’est en tout cas pas non plus grâce au style qu’on tourne les pages. Pour moi, ce ne fut que conscience professionnelle, et je ne sais à quel genre de lectorat ce livre s’adresse. Qui Le problème avec Jane a-t-il réjouit et pourquoi, j’aimerais le savoir… On n’est pas dans la veine du feel-good-book (cette prof est bien trop déprimante et dénuée d’autodérision) et on devine grâce au prix Fémina une certaine ambition littéraire, donc pas la veine Pancol non plus. Alors qui ?

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Le problème avec Jane

Catherine Cusset
Gallimard (Folio n°3501), 2001
ISBN : 2-07-041705-0 – 458 pages – 8,60 €

14 commentaires sur “Le problème avec Jane de Catherine Cusset

  1. Je l’ai lu au moment de sa sortie. Je peux difficilement te dire ce que j’en ai pensé, je ne me souviens à peu près de rien. Il me semble que j’avais aimé sans plus, en tout cas je n’ai pas continué avec l’autrice. J’ai « un brillant avenir » dans ma PAL depuis un bon moment et j’ai du mal à l’en sortir.

  2. J’étais persuadée d’avoir lu un titre d’elle avec un avis très négatif … Mais aucune trace sur mon blog ni sur mes étagères. Une prémonition, sûrement. Il y a certains auteurs, comme cela, qui me donne l’impression d’être édités par une sorte de tradition reconductible d’année en année … Il doit bien y avoir un lectorat, pourtant …

    1. Oui, certainement… elle a publié de nombreux romans régulièrement appréciés par la critique… je ne condamne pas les autres romans, il y en a un qui s’intitule La haine de la famille, ça donne envie, mais je n’ai plus envie d’essayer…

  3. Je n’ai lu que Un brillant avenir, sans enthousiasme mais sans ennui non plus… et ne m’en souviens guère. Je ne me suis pas précipitée sur les autres romans de l’auteure par la suite, ça, c’est sûr ! Quant au lectorat, ça, je ne saurais dire… les lecteurs (ou lectrices) de plage, qui en sont toujours au début de leur roman, tu remarqueras ?

    1. C’est parce que les vacances sont toujours trop courtes ! Moi je ne vais pas à la plage, ça doit être pour ça que je termine les livres 🙂

  4. Tu es d’une abnégation… courage ou masochisme ? J’espère que d’autres lectures plus passionnantes te sont venues entre les mains !

    1. En ce moment, je lis dans un cadre professionnel : je prépare une formation. Mon avis n’aura rien à voir au cours de la formation mais ici sur mon blog, je me lâche un peu… Donc je lis les romans dans leur intégralité, pour savoir de quoi je parle. Et je lis des romancières que je n’ai jamais lues, pour les découvrir. Mais si justement je ne les ai jamais lues c’est parce qu’elles ne m’ont jamais attirée… il y a donc des chances pour que pas mal de mes prochaines lectures ne m’emballent que très moyennement…

    1. Si tu l’as lu à sa sortie, ça n’est pas très étonnant. Moi aussi ça m’arrive de constater en lisant mon blog que j’ai lu tel ou tel livre il y a 15 ans… j’aurais pu jurer le contraire…

  5. Je ne sais même plus si je l’ai lu, en tout cas j’ai abandonné un de ses romans ultérieurs.
    Tu n’as pas trop de chance avec tes auteures françaises, mais il y en a quand même d’excellentes, non? Evite celles qui ont eu des prix, alors? ^_^

  6. Comme Aifelle, je l’ai lu lors de sa parution, et je ne suis même pas sûre de l’avoir fini. J’ai le vague souvenir de m’être demandé en permanence où l’auteure voulait en venir, et quand est-ce que ça allait commencer…

  7. J’avais lu ce roman à s sortie pour sa très bonne presse, et depuis je n’ai plus jamais relu Cusset…pour les raisons que tu soulignes dans ton billet!

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