Avant Funérarium, je n’avais lu qu’un seul roman de Brigitte Aubert, Le souffle de l’ogre que j’avais totalement détesté : l’humour basé sur le viol d’enfants, j’ai du mal à trouver ça drôle. J’ai donc laissé passer quelques années avant de tenter à nouveau la romancière de polars à l’humour si particulier.
Dès le début, il est à nouveau question d’enfant mort, possiblement assassiné et violé, découvrira-t-on ensuite. Bon… Je poursuis tout de même ma lecture car le ton de Funérarium n’a rien à voir avec celui du Souffle de l’ogre, même si l’humour n’est pas absent. Il repose sur le personnage principal, Chib Moreno, qui porte à l’évidence un regard décalé sur le monde qui l’entoure. Lui-même exerce une profession à part : thanatopracteur. Il passe donc beaucoup de temps avec des cadavres, humains ou animaux.
A Cannes où il exerce, beaucoup de gens font appel à lui. Il est contacté par une famille d’aristocrates, les Andrieu, pour conserver le corps d’Elilou, leur petite fille morte accidentellement en tombant d’un escalier. Les parents sont d’autant plus éplorés que c’est le second enfant qu’ils perdent, sur six. Réticent, Chib accepte car il ne sait pas dire non. Et parce qu’il est sensible au charme endeuillé de Blanche Andrieu, la mère.
Il procède donc aux soins mortuaires de la petite qui sera exposée dans un cercueil de verre dans la chapelle familiale privée… et il découvre qu’elle n’était plus vierge. Il n’est pas au bout de ses surprises puisque le corps de la gamine va être profané, des animaux seront mutilés, on va lui tirer dessus, il y aura un mort et encore bien des larmes.
C’est ce que je reproche à Brigitte Aubert : l’excès. Le morbide fait suite au macabre sans que la police intervienne et sans grande cohérence psychologique. « N’en jetez plus » a-t-on envie de dire. Situations ou personnages sont parfois invraisemblables, comme la jeune Gaëlle, étudiante en médecine qui vient « enquêter » avec Chib sans que ça pose problème. J’ai par ailleurs perdu le fil des voisins et amis qui couchent les uns avec les autres. Il y a dans ce roman un côté comédie de boulevard, très improbable, qui ne cadre pas avec la gravité du sujet. La caricature du milieu aristo catho est par ailleurs assez lourde.
Funérarium ne tient que par son personnage principal, Chib Moreno. Il est en constant décalage avec les aristocrates qu’il côtoie. Ses pensées intimes n’ont rien à voir avec ce qu’il dit et ce qu’il fait, poussé par la bienséance. Il méprise ces riches névrosés, potentiellement pervers, mais tombe amoureux de la plus déglinguée d’entre eux.
Il faut aussi souligner l’exploit accompli par Brigitte Aubert : celui de rendre drôle un personnage de macho insupportable nommé Greg. C’est le meilleur ami de Chib qui ne pense qu’à ajouter des femmes à son tableau de chasse. Mais sa description par Chib le loser et ses réparties stéréotypées en font un personnage drôle malgré sa lourdeur.
Bilan : il semblerait que je ne sois pas totalement hermétique à l’humour très particulier de Brigitte Aubert, mais cette intrigue invraisemblable ne m’a pas convaincue.
Brigitte Aubert sur Tête de lecture
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Funérarium
Brigitte Aubert
Seuil (Points n°P1110), 2006 (édition originale : 2002)
ISBN : 978-2-02-087369-7 – 413 pages – 7,20 €
Je pense clairement que Funérarium n’est absolument pas pour moi. J’ai horreur de l’excès, de l’humour déplacé et j’ai l’impression que le livre véhicule des valeurs plus que douteuses. Je découvrirai cette autrice sur une autre oeuvre, si le coeur m’en dit.
Je ne crois pas que ses livres véhiculent beaucoup de valeurs, ça serait même plutôt l’inverse…Et d’après ce que j’ai pu lire, ses romans sont toujours dans cette même veine, plus ou moins trash…
JE l’ai celui-là, mais j’ai peur de rester un peu sur la touche. Je tenterai le coup vu ton avis!
C’est un humour particulier, je ne sais pas s’il fonctionnera avec toi…
Ce livre est une catastrophe psychologique avec une intrigue dénuée de sens et de cohérence. On en sort irrité d’avoir perdu son temps
Oh, tu en parles comme d’un mauvais souvenir on dirait…
Oh que oui !
Parfait! Les choses sont claires, je ne lirai pas ce livre. Je pense aussi que l’excès nuit en tout, d’autant qu’il s’agit de macabre et d’enfant violé.