Ces orages-là de Sandrine Collette

Depuis Des nœuds d’acier son premier livre, Sandrine Collette est pour moi une valeur sure : en plus de porter un joli prénom, elle ne m’a jamais déçue. Donc, alors que je dois faire au moins sept heures de voyage (neuf au final) par 40° même en Bretagne et que j’ai oublié de prendre un livre (il faut voyager léger en Blablacar + train), je me rends au Relais H de la gare de Rennes (une verrière, par temps de canicule, un vrai bonheur…) et je n’hésite pas à acheter Ces orages-là. Et je l’achète malgré le blurb horripilant en couverture : Sandrine Collette brosse le portrait bouleversant d’une femme brûlée au fer rouge. Dixit Le Monde des livres qui donne donc dans le poncif aussi racoleur qu’éculé.

Ça aurait quand même dû me mettre la puce à l’oreille… C’est comme si cette phrases tarte à la crème était un avant-goût du contenu…

Clémence a enfin réussi à quitter Thomas, ce jeune homme apparemment si charmant, aimé de tous, le gendre idéal. Oui mais après un an et demi de vie commune comme un conte de fée, Thomas a révélé son vrai visage : un dominateur violent complètement tordu. Il a instrumentalisé Clémence qui fait tout ce qu’il veut pour continuer à plaire, à être aimée par celui qui est tout, qui a fait le vide autour d’eux.

Et l’insignifiante Clémence, choisie à dessein par l’ogre Thomas, devient une proie. Le roman débute par une scène de chasse nocturne, un « jeu » au cours duquel elle doit courir quasi nue dans la forêt tandis qu’il la traque comme un animal.

Clémence a réussi à fuir mais elle ne pense qu’à retourner vers Thomas, le centre de ses pensées maladives. Il lui est une drogue, néfaste comme toutes les drogues, mais indispensable. Elle a loué une affreuse maison dont personne ne veut et trouvé un poste de boulangère (c’est son métier). La maison possède un tout petit jardin qui enchante Clémence. Et de l’autre côté de la clôture, il y a un homme qui arrose son jardin et ne semble pas la voir, comme tout le monde.

L’enjeu de Ces orages-là ? Vous l’avez deviné : Clémence retournera-t-elle de son plein gré vers Thomas ? Thomas la retrouvera-t-elle ? Puis : qui est l’homme derrière la clôture ? Va-t-il aider Clémence ? Malheureusement, on pourrait répondre à l’avance à toutes ces questions tant ce roman est attendu et cousu de fil blanc. Absolument aucune originalité. Je n’ai jamais cru en Clémence qui m’a semblé être un agrégat de poncifs et passages obligatoires sur la femme maltraitée et soumise qui essaie de se rebeller : enfance violente, mésestime de soi, invisibilité sociale, autodestruction… J’ai eu l’impression de lire un traité de psychologie adapté en thriller. Tout m’a semblé écrit à la louche, sans subtilité. Le personnage de Gabriel, le fameux voisin, ne rattrape rien, au contraire : il est aussi stéréotypé que Clémence.

Clémence pousse un cri, titube comme si elle avait cogné un obstacle, se rattrape – cours. Mais les yeux écarquillés, foudroyés par les mots, elle ne veut pas de ces mots-là, la raison lui échappe, au rythme des foulées sa voix rauque, Non, non, non. Pas Thomas. Pas manquer. Et pourtant. Levant les yeux sur les panneaux, elle reconnaît les noms des rues. Elle sait qu’elle se rapproche. Elle file vers lui, elle n’a plus la maîtrise, elle est un corps de fer qu’un aimant surpuissant attire contre sa volonté. Depuis son départ elle a la certitude que Thomas la retrouvera. Mais c’est très différent de courir vers lui, car cette fois c’est elle, juste elle, qui retourne. Thomas n’y est pour rien.

Au final, quelques invraisemblances narratives (Clémence ne reconnaît pas sa mère qu’elle n’a pas vu depuis seulement trois ans) ont achevé de me persuader que Ces orages-là était le plus mauvais livre de Sandrine Collette que j’aie lu.

Sandrine Collette sur Tête de lecture

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Ces orages-là

Le livre de Poche n°36335, 2022

ISBN : 978-2-253-93498-1 – 234 pages – 7,40 €

9 commentaires sur “Ces orages-là de Sandrine Collette

  1. Ouf, je n’ai jamais accroché à l’écriture, je n’aime pas qu’on me force la main. ^_^
    Comment ça, voyager sans livre? Un poche, oui, suffit de prendre moins d’autre bricoles? C’est mon expérience.

  2. Je n’ai lu que Un vent de cendres, qui se passait dans le vignoble champenois, que je connais… mais bof, j’ai trouvé beaucoup de clichés et rien ne m’a donné envie de retenter l’expérience.

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