
Rationalistes de tout poil, quittez ici toute espérance : ce livre est complètement loufoque ! Le narrateur, Vito, vit depuis toujours avec un serpent lové autour du cœur. Il a vu tous les médecins, consulté tous les spécialistes mais rien n’y fait : il devra faire avec toute sa vie. Mais ce n’est rien si on le compare à son ami Bruno qui au premier abord à l’air normal mais s’offre de temps en temps des petites poses en se décérébrant : il dévisse le couvercle qu’il a sur le crâne et en sort son cerveau qu’il abandonne (momentanément) dans une bassine,
puis, à l’abri de tout drame – à l’abri, par ailleurs, de n’importe quelle ébauche de réflexion -, il regarde la télévision en sirotant une bière. Il en boit la moitié, verse l’autre moitié sur son cerveau. Je l’envie énormément.
Mais Vito pense trop, Vito pense tout le temps, à l’absurdité du monde et à la nécessité de vivre. Et même de survivre. Alors il a l’idée du siècle et avec Bruno décide d’ouvrir un café-librairie à Porto Alegre. Bien entendu, les clients sont au moins aussi bizarres qu’eux, comme Cyan, qui est « obligée de manger du papier parce que tout chez elle, sa peau, ses cheveux bouclés, ses organes internes, est en fibre de cellulose« .
L’affaire vivote jusqu’à ce que Vito rencontre un certain Semper Fidelis qui lui dévoile que son père est en fait un mégasminthe, c’est-à-dire une sorte de rat géant et anthropophage…
On aura compris que ce livre est un délice d’absurde et de non-sens, une sorte de farce existentialiste sur la nécessité de vivre, malgré tout. On rit, on s’étonne et on s’attache à cette brochette d’humanité étrange, fantastico fantasque. Tous ces personnages sont à la fois attendrissants et drôles tant l’auteur décrit leurs particularités avec tendresse et réalisme. On dirait une cour des miracles bon enfant où rien n’est jamais trop incroyable. Le narrateur, paumé et sans cesse rappelé à l’ordre par son serpent n’est pas moins réussi, lui dont la sœur aimée s’est réduite au point de devenir la ballerine d’une boîte à musique… complètement et délicieusement loufoque !
Si vous aussi vous avez envie de lire brésilien, rendez-vous sur le blog Lecture sans frontières.
Le syndrome de La Chimère
Max Mallmann traduit du portugais (brésilien) par Maryvonne Lapouge-Pettorelli
Joëlle Losfeld, 2004
117 pages, 14 €
Síndrome de Quimera, année de parution originale : 2000
Aaah mais le voilà enfin ce dingo brésilien que je guette depuis que tu m’en as parlé. Alors je suis vraiment nullos dans le recensement des livres brésiliens parce que celui-ci a en effet clairement tout pour me plaire (rien que ta première phrase !) et je ne l’ai pas repéré malgré des recherches poussées ! Merci pour cette trouvaille que je m’empresse de noter !
L’auteur n’est peut-être pas très connu, je ne sais pas. En tout cas, ce roman te plaira, c’est certain !
Un bouquin loufoque et agréable à lire, c’est peut-être une bonne occasion d’entrer dans la littérature brésilienne que je ne connais pas beaucoup
Moi non plus. Si on ne souhaite pas un livre qui sente le Brésil à plein nez alors celui-ci convient je crois pour découvrir la littérature brésilienne.
Je ne pense pas que je pourrais entrer dans ce loufoque là, mais quelle imagination !
Il faut laisser parler l’irrationnelle en toi 🙂
J’ai lu un brésilien un peu barré (merci a girl) et là je signe!!! (normal que je pense à cette histoire de temps cerveau disponible?)
Il est en réserve à la bibli, j’ai noté.
Je ne sais pas si quand Lelay a dit ça, il était conscient de l’impact de la formule…
Ouh, il y a de la LC dans l’air.^^
Tu as réussi à entrer dans cette histoire un peu barrée, bravo.
En général, j’aime bien les trucs un peu barrés.
Je note, si je réussis à entrer dedans et à croire à toutes ces loufoqueries, je pourrais aimer ! (moi aussi, j’attendais ce sud-américain barré !)
Je pense que ça fonctionnera pour toi aussi car c’est vraiment drôle.
Ah mais ça pourrait bien me plaire… et ça compte aussi pour le Mois latino, je pique ton lien !
Oh oui, bien sûr ! (je suis en train de devenir une vraie challengeuse !)
Une brochette d’humanité étrange, rien que cette formule est tentante …