Bilal a dix-sept ans. Il vient d’arriver d’Irak à pied et n’a qu’une envie : s’embarquer pour la Grande-Bretagne et rejoindre à Londres sa douce amie Minâ. Mais pour l’heure, il est bloqué à Calais après une tentative ratée de passage clandestin dans un camion. Après quatre mille kilomètres à pied, ce ne sont pas trente kilomètres de mer qui l’effraient. Il décide donc d’apprendre à bien nager pour entreprendre la traversée. A la piscine, il rencontre Simon, le maître-nageur. C’est un homme blessé, fatigué, en train de divorcer d’avec sa femme, bénévole d’une association qui nourrit les clandestins. Elle lui reproche sa lâcheté, son silence face à la condition de ces hommes démunis et rejetés par les bons citoyens.
Ému par le sort de Bilal, désireux de prouver à sa femme qu’il peut lui aussi faire quelque chose, il décide d’aider le jeune garçon bien au-delà des limites de la loi. La police va donc s’en prendre à lui aussi, pour aide à personne en situation irrégulière (à ne pas confondre avec assistance à personne en danger… rien à voir, malheureusement…) car la simple compassion est interdite à Bilal.
A la question « Comment va le cinéma français », on peut apporter une réponse positive à l’issue de ce film. Pas de nombrilisme, pas de pathos, pas de gags à deux balles. C’est un film engagé et humain qui montre sans complaisance mais sans militantisme forcené les conditions que la France fait à ces hommes démunis. Disons-le, la France ne fait rien. Ils ne sont pas renvoyés dans leur pays en guerre, mais ils s’accumulent et attendent, sans autre objectif que de passer quand même et donc de tomber dans le délit pour y parvenir.
J’ai entendu dire que la ville de Calais n’appréciait pas ce film. Je le comprends et pourtant, la mobilisation de certains Calaisiens est explicite et fait honneur à tous ses habitants. D’autres bien sûr ne sont pas montrés sous leur meilleur jour, et les dénonciations font froid dans le dos…
C’est donc un film politique, mais pas seulement. C’est aussi l’histoire d’un homme déboussolé par son amour perdu, vraiment très bien interprété par Vincent Lindon, pudique et bourru. Son improbable rapprochement avec un jeune immigré sonne vraiment très juste sans que le réalisateur donne dans le mélodrame : quelques scènes simples et émouvantes construisent leur relation.
Il est malheureusement possible que ce film ne change pas grand-chose à la situation de tous ces gens. Mais il a au moins le mérite de faire parler d’eux, d’amener les gens à s’interroger et à réfléchir sur une situation qui n’en est pas, sur le sort de ces gens qui attendent.
Welcome de Philippe Lioret
Avec Vincent Lindon (Simon), Firat Ayverdi (Bilal), Audrey Danat…
Sortie nationale : 11 mars 2009 – Durée : 1h 50