L’homme qui refusait de mourir de Ancion et Killoffer

L'homme qui refusait de mourirAprès avoir été séduite par Quatrième étage dix ans après sa parution, j’avais envie de lire un texte plus récent de Nicolas Ancion. Pourquoi pas son dernier ? Et me voilà avec entre les mains un livre original, un « conte illustré pour adultes » à en croire l’éditeur, Dis Voir. Illustré, le texte l’est par Patrice Killoffer qui offre des planches hallucinées à un texte qui ne l’est guère moins.

Alex Vidal est hanté par un cauchemar : son arrière-grand-mère de cent huit ans est charcutée sur une table d’opération. Sa femme tente de l’apaiser mais, inquiet, il se rend quand même auprès de son ancêtre qu’il ne trouve pas dans sa chambre. Le directeur lui affirme qu’elle est à l’infirmerie, et l’infirmière qu’il n’y a pas d’infirmerie. De retour dans la chambre, il trouve sa mémé fatiguée, avec des douleurs inhabituelles. Il court assez vite pour voir s’éloigner une fourgonnette, qu’il décide de pister. Et comme détective, c’est son métier, il ne va pas mettre longtemps à la retrouver.
Parallèlement, on suit l’interview qu’une jeune journaliste fait du professeur Karinthy, spécialiste des bactéries et chercheur en immortalité… On croise de même Michaël Molitor, candidat à la vie éternelle et le docteur Gomez, dont il vaut mieux taire le domaine de recherche. Il va être question du mariage délicat entre technologie et tripaille, ce que traduisent très bien les sombres illustrations de Killoffer.

J’ai cherché des renseignements sur les éditions Dis Voir, qui est en fait un éditeur d’art contemporain. Avec cette étrange collection de contes pour adultes son « ambition est de confronter la littérature avec les plus récentes recherches en science cognitive ». Thème scientifique donc pour lequel Nicolas Ancion déclare « s’inspirer librement des recherches de François Taddéi sur le vieillissement des bactéries et la transmission du savoir dans la nature, depuis les unicellulaires jusqu’aux humains ». Me voilà donc aussi partie à la recherche de renseignements sur François Taddéi (ce qui n’est absolument pas indispensable pour la lecture de ce livre, mais je suis curieuse…) : chercheur, généticien, spécialiste de la génétique moléculaire évolutive, c’est sérieux et complexe…
Mais le sujet doit épouser la forme du conte, moderne forcément, et ici assez glauque puisqu’il s’agit de manipulations sur l’humain et de savant fou. Il emprunte également quelques ficelles au thriller et à la science-fiction.

Au final, c’est un objet assez étrange que ce livre, très agréable à regarder et à feuilleter car d’une grande qualité de réalisation (malgré les quelques coquilles typographiques), ce qui explique son prix élevé. Les illustrations me plaisent beaucoup et complètent excellemment le texte.

L’histoire elle-même est au final plutôt frustrante, car très courte et les personnages restent assez basiques, comme dans un conte qui avance vers sa conclusion. Mais il est tout à fait inutile d’envisager ce que l’histoire aurait pu être traitée sous forme de roman puisque le texte s’inscrit dans le cahier des charges d’une collection. Ce livre ne démontre pas, il n’explique pas non plus, il s’inscrit plutôt dans une visée prospective et résolument pessimiste sur les dérives des recherches sur le vieillissement. Les amateurs de science-fiction ne trouveront pas matière à s’étonner mais apprécieront certainement les sombres illustrations de Patrice Killoffer. Les autres seront peut-être surpris, voire même dérangés par la violence qui imprègne tout l’ouvrage. C’est assez inhabituel, mais stimulant.

Nicolas Ancion sur Tête de lecture

L’homme qui refusait de mourir

Nicolas Ancion et Patrice Killoffer
Dis Voir, 2010
ISBN : 978-2-914563-4 – 110 pages – 29 €

24 commentaires sur “L’homme qui refusait de mourir de Ancion et Killoffer

  1. Je ne sais pas si le livre me tente réellement (on m’a offert Quatrième étage lors de mon passage à Bruxelles… je vais commencer par celui-ci) mais j’adore les dessins, en tout cas.

    1. Si tu aimes ce genre de graphisme alors c’est à moitié gagné. Le texte de Nicolas Ancion est très différent de celui de Quatrième étage, rien à voir, cet auteur semble avoir plus d’une corde à son arc.

  2. Il me fait penser à mes propres rêves, ce bouquin. Mais ça me parait décousu. Je pense que je vais commencer avec un autre livre d’Ancion avant de voir si celui-ci pourrait éventuellement me tenter…

  3. Je ne connais pas cet auteur mais j’avoue que la couverture, le titre, le résumé et les dessins ne me donnent vraiment pas envie de lire ce roman bien que tu aies l’air plutôt ravie de cet ouvrage !!!!

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