Quel symbole incarne le mieux, aujourd’hui encore, l’Argentine aux yeux du monde ? Sans aucun doute le tango. Et qui incarne le mieux le tango ? Indéniablement Carlos Gardel, ce mythe vivant, trop tôt décédé dans un accident d’avion, mais qui sait, peut-être a-t-il rejoint ces non morts glorieux que sont Elvis Presley et Marylin Monroe sur une île au large du Pacifique ou de l’océan Indien…
Car rien n’est trop extraordinaire pour cet homme qui a lui-même entretenu sa légende : on ne sait même pas où il est né, peut-être à Toulouse, peut-être à Montevideo, lui même affirmant être « né à Buenos Aires à l’âge de deux ans et demi »…
Tant de flou biographique et de mythographie sont pain béni pour ceux qui ont pour mission d’inventer des fictions, du rêve, aussi Carlos Sampayo s’est-il attelé au destin mystérieux de son improbable compatriote. Le scénariste choisit une reconstitution en flash back, ancrant le récit principal en l’an 2000, entre deux exégètes gardeliens qui s’écharpent à coups de certitudes au court d’un débat télévisé. Ainsi les thèmes les plus souvent abordés concernant le chanteur sont passés au crible de toutes les théories : Gardel a chanté pour les conservateurs, les socialistes et les anarchistes, mais qui soutenait-il donc ? Il vouait à sa mère un amour démesuré, l’empêchant de fréquenter les femmes qui s’offraient à lui : impuissant, ou pire, homosexuel ? Avait-il un sosie qui aurait pris sa place dans le funeste avion colombien ? Autant de questions pour entretenir le mythe, en aucun cas pour y répondre.
Au-delà de son aspect mystérieux, on comprend à travers ces deux bandes dessinées que Gardel a su charmer le monde entier, toutes classes confondues. Il chantait avec son âme, telle était, dit-on, la raison de son succès, mais il était surtout généreux et passionné. Dans les années 20 et 30, sa voix conquiert l’Europe (surtout l’Espagne et la France qui lui font un triomphe), puis New York, avant d’être acclamé à Hollywood.
Les deux Argentins exilés n’en sont pas à leur première collaboration (on leur doit, entre autres, les aventures du privé Allack Sinner) mais ils auront quand même mis plusieurs années à boucler cette biographie, ou plutôt cette « vie rêvée ». Le dessin en noir et blanc de Muñoz (qui fut l’élève de Breccia, et ça se voit) est sombre et fluide, parfois effrayant, comme fantasmagorique, pour mieux entretenir le mystère. Le rêve (sud) américain brisé ne se dessine pas en couleur parce qu’on en meurt, parce que l’Argentine qui a perdu l’idole qui s’était donnée à elle ne s’en est pas encore remise.
Carlos Gardel : la voix de l’Argentine
Carlos Sampayo (scénario) & José Muñoz (dessin)
Futuropolis, 2007 et 2010
2 volumes de 56 pages et 16 € chacun ; existent en 1 volume
Carlos Gardel … un mythe !!!
Je n’aime pas danser, mais j’adore entendre jouer un tango et voir des danseurs vibrer sur ces notes
Bonne soirée
Quand on les voit danser, on se dit qu’il y a beaucoup plus que la danse derrière le tango…
Qui ne connaît pas Carlos Gardel et pourtant que connaît-on vraiment de sa vie? Moi, pas grand chose en tout cas! C’est pourquoi ces deux albums me plairaient bien.
Ils ne répondent pas à grand-chose sur les questions qu’on se pose sur cet homme, c’est plutôt leur propre interprétation de sa vie.
Eh bien moi, je ne connaissais pas Carlos Gardel …
Eh bien maintenant, c’est fait 😉
Je ne connais pas non plus… Honte à moi ???
En tout cas, ça donne envie de découvrir Carlos Gardel, ce billet !
Il ne passe pas tous les jours à la radio, tu es toute pardonnée !
Un homme mystérieux, une musique envoûtante et un graphisme agréable à l’œil… tous les ingrédients semblent rassemblés pour passer un excellent moment à lire ces BD!
Illustrateur et scénariste ont très bien utilisé ces ingrédients : à déguster !
Ah ! Carlos Gardel (ça sent un peu le pseudo nan ?) mais le tango comme tu le dis est bien plus qu’une danse, merci (moi la reine de la BD^^) de nous faire découvrir un peu de ce mythe encore « mythifié » visiblement…
Les partisans de sa naissance en France (plus que probable semble-t-il) disent que son nom d’origine est Gardès…
tu viens d e m’apprendre plein de choses ! Je ne connais rien au tango ! Ce qui est bien c’est que tu ne fais pas les choses à moitié quand tu explores la littérature d’un billet, j’aime bien voir tous ces aspects différents de l’Amérique du Sud… Me reste plus qu’à les découvrir moi-même !
J’espère faire partager mon engouement pour cette littérature, tous genres confondus !
oh ça doit être intéressant à découvrir.
C’est en tout cas une façon agréable d’en apprendre plus sur ce personnage.
Merci pour le conseil. Je ne connais ces auteurs que de noms. J’avais hésité à plusieurs reprises, attirée par le personnage mais tenue en respect par le graphisme. Je vais prendre un peu de temps pour découvrir les premières planches.
Pas forcément attirant ce graphisme sombre, mais il convient ici très bien.
J’ai lu le tome 1 de cette superbe BD sur Gardel, parce que je suis une inconditionnelle du tango, de ses airs, de sa musique, de sa danse … Les dessins sont réellement magiques et rendent très bien cette atmosphère singulière de la vie de Gardel et du milieu interlope du tango argentin. Et puis, il y a la voix extraordinaire de Carlos Gardel, unique ! Bref, que du bonheur que je vais me dépêcher de retrouver à la médiathèque pour la relire.
Il existe les deux en 1 tome maintenant. J’ai écouté des enregistrements de Gardel suite à cette lecture (et une autre), mais j’ai un peu de mal avec le tango…
Voilà une référence que je note dans mon bloc, J’ai pratiqué le tango argentin, et j’écoute Carlos Gardel encore bien souvent!
Ton blog est un vrai plaisir de découverte. Nous venons d’en créer un avec deux amies, nous n’avons pas d’autres prétentions que de partager nos points de vues.
Au plaisir de nous rencontrer au détour de nos lectures. A bientôt
Bienvenue ici et dans la blogosphère.
On ne danse jamais Gardel, »La Voz », car on dit que sa voix prend le dessus sur la musique. De toute façon beaucoup d’Argentins n’aiment pas danser sur les tangos chantés –
J’ai tenté le coup avec cette bd mais j’ai pas bien accroché dans le suivi de l’histoire. Je n’ai pas insisté, et je me suis mise à écouter du Tango pour rattraper le coup.
Essaie Quino : Mafalda n’a rien perdu de son charme…
C’est fait, j’ai révisé mes classiques. C’est d’ailleurs avec Mafalda que j’ai attaqué la littérature argentine.