Robert Jordan est un jeune professeur d’espagnol américain engagé dans les Brigades Internationales pendant la guerre d’Espagne. Il est chargé de faire sauter un pont pour empêcher les fascistes de prendre Ségovie. Pour ça il rejoint une troupe de partisans dans la montagne et partage leur vie au jour le jour.
Il tombe amoureux de Maria, belle jeune fille malmenée par la guerre et recueillie par la bande de Pablo, en particulier par Pilar sa femme, qui fait désormais office de chef. Car Pablo n’est plus l’homme courageux qu’il était, la mort et l’alcool l’ont rendu méfiant et égoïste. Robert Jordan se méfie de lui, mais trouve du soutien dans une autre bande de guérilleros, celle de El Sordo, cachée dans les montagnes elle aussi.
L’action de Pour qui sonne le glas se déroule sur trois jours, entre l’arrivée de Robert Jordan et l’opération du pont. Trois jours pendant lesquels l’Américain Robert Jordan va découvrir l’âme des guérilleros, leur engagement, leurs querelles, leur courage et leurs peurs. Il découvre aussi l’amour, qu’il décide de vivre intensément, comme si ces trois jours étaient toute sa vie.
Pour qui sonne le glas ne traite pas que d’héroïsme. Il y a aussi la peur de mourir, les tripes qui se nouent au son des avions, l’envie de vivre, de profiter du monde. Pris dans le grand vent de l’Histoire, ce roman traite de destinées individuelles, de ces hommes et femmes inconnues qui tombent pour un idéal. Ce sont des héros qui se croient faibles, ils n’ont pas d’uniforme, juste un courage qui les fuie parfois, et des convictions chevillées au corps. C’est la liberté avant tout, et s’il faut tuer et être tué pour ça, d’autres se lèveront pour continuer. L’engagement comme idéal absolu, car l’homme n’est pas un mais partie du Tout :
« Nul homme n’est une île complète en soi-même ; chaque homme est un morceau de continent, une partie du Tout… La mort d’un homme me diminue moi aussi, parce que je suis lié à l’espèce humaine. Et par conséquent n’envoie pas demander pour qui sonne le glas. Il sonne pour toi. » (John Donne).
Ernest Hemingway s’est engagé en tant que journaliste pendant la guerre d’Espagne, et qu’il ait vu ou entendu d’atroces scènes, il les rapporte avec un tension palpable. A ce titre, comment oublier celle du massacre des fascistes qui doivent les uns après les autres passer entre les rangs de paysans républicains de plus en plus déchaînés. La vengeance devient boucherie, le déchaînement de violence rabaisse l’homme. La guerre ne légitime pas le massacre et la torture, celui d’en face est un frère qui s’est trompé.
Pour qui sonne le glas, le film de Sam Wood réalisé en 1943, peu de temps après les événements, est d’une grande fidélité au livre dans son déroulement. Ceux qui ont trouvé le livre trop long trouveront des longueurs au film (2h 50) mais peut-on se lasser du sourire lumineux d’Ingrid Bergman ? Gary Cooper est impeccable, le point faible réside dans l’image aux couleurs parfois très contrastées et dans les décors qui ne sont pas toujours naturels (les dessins de montagnes passent mal).
La scène mémorable du massacre des nationalistes est comme dans le roman racontée par Pilar. Le résultat est beaucoup moins fort, les images n’atteignant pas l’émotion tragique mise en mots par Hemingway. La bestialité que cette scène évoque n’était peut-être pas de mise à Hollywood, de même que les relations entre Robert et Maria qui font l’amour dès le premier soir dans le roman, et qui se contentent de s’embrasser sous les feux de la rampe. De même la scène du massacre de la bande d’El Sordo est loin d’être aussi intense humainement que sous la plume d’Hemingway. Quelques visages aux traits tirés ne suffisent pas à exprimer la peur, l’engagement, l’idéal de tous ces personnages.
Les scènes sentimentales sont plus accentuées dans le film ce qui va à l’encontre de la plume d’Hemingway qui ne s’attardait guère sur l’émotion, même si Pour qui sonne le glas est moins aride, plus humain que L’adieu aux armes. Enfin, il faut être au fait du contexte avant de regarder le film car rien n’y est expliqué.
Un film pour le plaisir des acteurs, un livre parce qu’il faut lire Hemingway.
Ernest Hemingway a obtenu le prix Nobel de littérature en 1954. Il s’est suicidé le 2 juillet 1961, il y a cinquante ans.
Ernest Hemingway sur Tête de lecture
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Pour qui sonne le glas
Ernest Hemingway traduit de l’anglais par Denise Van Moppès
Gallimard (Folio n°455), 2010
ISBN : 978-2-07-036455-8 – 499 pages
For Whom the Bell Tolls, parution aux États-Unis : 1940
Lu , aimé et oublié. Contente que tu me rappelles ainsi l’intrigue de ce roman. Je n’ai pas vu le film et je le regrette.
L’intrigue en elle-même tient à pas grand-chose : vont-ils faire sauter le pont ? Je croyais que le film serait plus d’action, mais finalement, il est aussi centré sur les personnages, même si l’optique n’est pas exactement celle d’Hemingway.
Je ne sais pas trop me l’expliquer mais je n’ai jamais lu un roman d’Hemingway alors que je suis quasi certain de trouver ça génial. J’ai « Le soleil se lève aussi » qui doit dormir sur une étagère.
Réveille-le ! Moi je tenterais bien Paris est une fête dans sa nouvelle édition.
C’est un chouette rappel , j’ai lu ce roman avec bonheur adolescente et j’avais beaucoup aimé le film où Ingrid Bergman est tellement lumineuse , pas certaine de relire le livre mais revoir le film oui mille fois oui !
A chaque fois que je vois un film avec Ingrid Bergman, j’ai envie d’en voir un autre tout de suite, elle est vraiment magnifique et son sourire illumine son visage de façon tellement intense qu’il ne faudrait pas qu’il cesse, jamais. Mais elle est belle aussi quand elle pleure !
Comme Dominique je me souviens surtout du film et de l’inoubliable Ingrid Bergman !!! Mais je suis sûre que le roman n’a pas pris une ride !
Je crois qu’adolescente, le livre ne m’aurait pas plu. J’ai regardé le film avec mon fils, douze ans, et il a trouvé ça…hum… un peu long…
Je veux bien me laisser tenter par Heminqway que je ne connais pas du tout !
Alors oui, il faut remédier à ça. Il a aussi écrit des nouvelles, en recueil en Folio.
Commencé il y a quelques années, j’ai fait l’erreur de m’arrêter aux environs de la page 150. Il me faudra maintenant tout reprendre. Mais ma lecture était difficile, ça n’avançait pas beaucoup. J’ai le souvenir d’une attente perpétuelle.
Ceci dit, je ne compte pas abandonner complètement : il est toujours sur ma PAL, je m’y replongerai, car c’est un monstre de la littérature qu’il faut avoir lu je pense. Et comme tu le dis, il faut lire au moins un Hemingway !
Oui, l’attente est au centre et je ne nierais pas que certains passages peuvent sembler longs. Mais je pense qu’il ne faut rien attendre de l’action.
ravie que ce » pack » t’ai permise de te plonger dans ce récit et la plume d’Hemingway. J’avais été impressionnée par ce roman. Et tu me donnes envie de revoir le film !
Et me voilà avec une envie de lire encore Hemingway, un bon signe…
Je me rappelle avoir adoré à l’époque où je l’ai lu, je le relirai bien maintenant pour me rafraîchir la mémoire, et pourquoi pas regarder le film aussi !
Relire les classiques est un bon programme de vacances 😉
J’ai acheté ce livre pour son titre (j’adore la citation de Donne). D’Hemingway, je n’ai lu que « Le soleil se lève aussi », qui est superbe, il faudrait que je me replonge dedans…
Je n’ai pas lu ce titre-là, pas encore…
Titre tellement connu et cité que j’ai parfois l’impression de l’avoir lu… mais ce n’est qu’une impression!:) Un classique de la littérature américaine que je devrais mettre dans ma liste…
Oui, tu devrais, comme ça tu confirmeras ton impression 😉
Je n’ai pas détesté malgré quelques longueurs côtés militaires et politiques. Mais la plume d’Hemmingway nous fait vite oublier ces petits inconvénients.
Tout à fait d’accord.
Bonjour
Paris est une fête est à relire car dans la nouvelle éditions sont inclus des passages qui avaient été tronqués lors de la sortie du livre. Par exemple le passage où Hemingway et Fitzgerald sont des dans WC. Pour ceux qui n’ont pas encore lu je les laisse sur leur faim.
Amitiés
Merci pour ce teasing 🙂
Dans ma pal depuis…. Très très longtemps!
C’est mal !
J’avais aimé le film, sublime, pas fini le livre : ton billet est superbe et donne envie de reprendre le livre. J’ai bien aimé »l’adieu aux armes » curieusement, peut être le contexte me parlait -il plus. Je lirais volontiers « paris est une fête » !
PS : tu devrais t’inscrire à ce challenge, tu es en plein dedans !
oups, j’ai oublié le lien !
http://kabaretkulturel.blogspot.com/2011/04/la-litterature-fait-son-cinema.html
Merci, mais je n’aime pas trop les challenges, je ne les tiens jamais 😦
oh depuis le temps qu’il faut que je le lise celui-là! tu m’as donné sacrément envie! Je vais me l’acheter :))
Parfait, restera à le lire ensuite 🙂
J’ai eu ma période Hemingway il y a longtemps, et ces romans restent marqués dans ma mémoire comme de vrais joyaux. Pour qui sonne le glas est un magnifique roman et Hemingway est vraiment un auteur à ne pas manquer !
Oui, c’est exactement ça, je ne saurais dire mieux.
ce livre m’a beaucoup plus… mais il contient trop de détails…. c’est dommage. on perd vite le fils de l’intrigue et l’histoire d’amour est assez bidon. mais il y a de bon passages qui décrivent le peuple espagnole, est cela va me servir pour mon histoire des arts !!!!