Trois potes d’une vingtaine d’années, aimant le vin et les femmes, veulent se faire dépuceler dans un bordel espagnol. Un pitch de départ somme toute simple, pas vraiment glamour et qui se complique.
Pour bien comprendre la difficulté de l’affaire, sachez que les trois amis en question sont Belges, Flamands exactement. Ça n’est pas une tare en soit, mais un obstacle de plus, car l’Espagne, c’est pas la porte à côté. Pourquoi l’Espagne ? Simplement parce que Lars (Gilles De Schrijver), Jozef (Tom Audenaert) et Philip (Robrecht Vanden Thoren) sont tous trois gravement handicapés et que toute sexualité leur est tacitement interdite. Qui leur reconnaît le moindre besoin d’ailleurs ? A part ce bordel du bout du monde, personne.
Ils vont devoir surmonter un certain nombre de problèmes car ils ne veulent pas voyager avec leur famille mais ne peuvent pas se débrouiller seuls : Philip est tétraplégique, Jozef quasi aveugle et Lars en fauteuil roulant. La santé de ce dernier est d’ailleurs plus que problématique puisqu’il est atteint d’un cancer qui évolue très rapidement. Ensemble, ils organisent tout, trouvent un infirmier avec minibus adapté, établissent un itinéraire (ils passent par Paris, autant profiter pleinement du périple). Il ne reste plus qu’à convaincre les familles. D’abord réticentes, elles acceptent, rassurées par la présence de l’infirmier et ignorantes bien sûr du but ultime du périple.
Mais une visite médicale confirme l’état de santé de Lars : de rapide, le cancer est devenu foudroyant et le jeune garçon peut mourir d’une semaine à l’autre. Le voyage tombe à l’eau. Officiellement et dans un premier temps. Car les trois amis décident de partir quand même, en secret cette fois : c’est le sexe contre le cancer et advienne que pourra. Mais l’infirmier n’étant plus disponible, il leur conseille les services de Claude, qu’ils acceptent. Claude (Isabelle De Hertogh ) se révèle être une femme quasi obèse, francophone, conduisant un tas de ferraille. Le voyage commence mal, Philip se montre odieux avec elle.
On m’a toujours appris que c’était mal de se moquer des handicapés. J’étais donc très curieuse de voir comment on pouvait faire une comédie sur ce thème en restant respectueux. Eh bien on peut. Et on peut même ne pas être toujours respectueux, surtout quand eux-mêmes ne le sont pas. Car ce film qui fraie loin des bons sentiments, montre entre autres que ces handicapés peuvent être vulgaires à dessein, méchants et misogynes. En gros, ils ont tendance à penser que vu leur état, tout leur est dû. C’est dans ce jeu-là que Claude ne veut pas entrer. C’est une femme qui en a vu d’autres, ferme en apparence mais d’une grande douceur. La vie ne l’a pas gâtée et elle n’entend pas se laisser faire par ces trois-là, aussi handicapés soient-ils. Ils vont cependant finir par se comprendre, et même s’entendre parce que même pour eux, la vie peut parfois prendre des airs de fête.
Alors oui, on rit souvent aux dépends des trois amis, mais non en raison de leurs handicaps, plus parce qu’ils sont ridicules ou bornés. On les déteste aussi parfois et surtout, on y croit. On a vraiment envie qu’ils le fassent ce voyage, qu’ils y arrivent dans leur bordel espagnol, et surtout et surtout, que Lars aille mieux, qu’il tienne le coup. On passe du rire aux larmes, certaines scènes sont vraiment terribles. Pas besoin pour ça de grands mots. Quand le père de Lars tient la main de son fils qui lui demande de le laisser partir, les larmes viennent aux yeux. Car il est possible que s’il part, il ne le revoie jamais, que son fils meure là-bas, loin de lui, sans lui. Mais il mourra heureux, au soleil avec ses amis, pas entre les quatre murs d’une chambre d’hôpital. Ça n’est pas grand-chose, juste une main qui en serre une autre, mais c’est très fort.
Un film belge en flamand, comique, tragique, avec des handicapés en mal de sexe, c’est pas gagné. C’est pourtant un film à voir, une odyssée déjantée et irrévérencieuse, du vrai cinéma sans le fric en ligne de mire, sans sirop pour les bonnes âmes mais avec des acteurs épatants.
Ce film-là a reçu une quinzaine de prix, jusqu’aux États-Unis. Allez le voir.
.
Hasta la Vista de Geoffrey Enthoven
Avec : Robrecht Vanden Thoren , Gilles De Schrijver, Tom Audenaert, Isabelle De Hertogh…
Durée : 1h 53 – Sortie nationale : 7 mars 2012
Si ce film réjouissant est distribué en France, il le doit en particulier au réalisateur Claude Lelouch qui rst tombé amoureux des personnages … Dans la veine d’Intouchables donc foncièrement bien !
Pas vu Intouchables, pas envie, je pense que Hasta la vista est beaucoup moins consensuel.
Très belle histoire, et qui traite d’un sujet qui commence à émerger… enfin! ca me fait penser au livre Le cherche-bonheur, de Zadoorian…. et je crois que malgré tout l’humour que recèle ce film, je vais le trouver trop dur…
C’est avant tout une comédie, c’est vraiment drôle. Mais oui, il y a des scènes qui prennent aux tripes, j’avais les larmes aux yeux et pourtant, je suis une coriace…
Le thème me fait penser au dernier bouquin de Régine Desforges, dont elle a beaucoup fait la promo…. L’histoire de la mère qui se sacrifie « personnellement » pour faire connaître à son fils handicapé les bonheurs (?!) du sexe m’a semblé grotesque et franchement ridicule, desservant complètement les revendications de certaines personnes handicapées concernées par cette question…..
Heureusement dans ce film, une certaine finesse semble de mise, et ce n’est pas pour me déplaire !
Quel sujet casse-gueule que ce livre, quelle idée, franchement ! Je n’ai rien contre cette auteur, ni pour d’ailleurs, mais le sujet qu’elle a choisi là me semble surtout et simplement provocateur.
j’ai adoré aussi
J’étais quasi sûre qu’il me plairait, j’ai sauté sur l’occasion de le voir en v.o.
je suis allée voir ce film grâce à ton commentaire, merci
Donc j’ai mis un lien vers ton blog à l afin de mon texte
Je veux le voir !
je viens laisser un petit mot, pour vérifier le fonctionnement de mon inscription WP 😉
mais également pour confirmer que s’il arrive dans les casiers de ma médiathèque, je le louerai certainement à titre de curiosité, mais comme tu le sais = le cinéma belge et moi on n’est pas vraiment copains 😀
Ça marche Niki, chouette ! Si j’ai bien compris, il y a un renforcement sur la sécurité identitaire chez WordPress, merde, sur WordPress aussi 😦
On voit de plus en plsu de personnes handicapées au cinéma. Tant mieux.