On sait les Espagnols hantés aujourd’hui encore par un passé qui n’en finit pas. Sur le thème de la mémoire et de la haine tenace, Clara Sánchez choisit d’écrire un roman sur un Républicain espagnol interné à Mauthausen durant la Seconde Guerre mondiale. Y ayant survécu avec son ami Salva, il décide de consacrer sa vie à se venger de ses tortionnaires. Quand commence Ce que cache ton nom, Julián reçoit en Argentine une lettre de Salva resté en Espagne. Tous deux sont désormais des vieillards, fatigués par une vie de traque. Mais Salva annonce à Julián qu’il vient de retrouver sur la Costa Blanca la trace du couple Christensen, à l’origine de l’extermination de milliers de Juifs norvégiens. Julián n’hésite guère : il prend l’avion, traverse l’océan et s’installe dans un hôtel de cette tranquille ville balnéaire. Car pour cette ultime traque aux nazis, Julián sera seul : Salva lui a fait envoyer sa lettre post-mortem.
Sandra, jeune femme d’une vingtaine d’années, vient elle aussi de s’installer à Dianium dans la maison de sa sœur. Elle espère vivre seule quelques temps afin de faire le point sur sa vie. Elle est enceinte mais ne se sent pas prête à vivre une vie de famille avec son compagnon. Elle rencontre un jour le charmant couple Christensen sur la plage qui lui vient en aide alors qu’elle se sent mal. De fil en aiguille, ils sympathisent et elle s’installe dans leur grande villa. Elle rencontre leurs amis, allemands pour la plupart.
Le lecteur sait bien sûr qu’elle est tombée dans un nid de nazis. Sandra ne tarde pas à le savoir également puisque Julián s’arrange pour la rencontrer et lui expliquer ce qu’il en est de ses nouveaux amis. A partir de là, le suspens s’installe. Ou devrait s’installer : que va devenir Sandra ? Se fera-t-elle piéger par les anciens nazis. Julián, tout vieux qu’il soit, va-t-il les éliminer ou les dénoncer avant ? Un thriller psychologique, comme annoncé en quatrième de couverture, aurait été le bienvenu. Or, c’est plus l’ennui que l’inquiétude qui s’est assez vite installé. Les journées de Sandra avec les Christensen se suivent et se ressemblent, et Julián ne fait rien d’autre qu’observer tous ces nazis et discuter avec Sandra. C’est assez long, voire fastidieux.
Si le personnage de Julián est plutôt bien vu, même si on a assez de mal à envisager comment il a passé ces cinquante dernières années à traquer les nazis, celui de Sandra est terriblement superficiel, ce qui ne facilite pas la lecture. Dans une optique globale, je comprends bien que cet épisode a pour but de faire murir cette jeune femme plutôt insouciante et irresponsable à la base, mais je l’ai trouvée frivole tout du long. Certaines scènes m’ont semblé artificielles, comme quand Sandra embrasse Alberto et que ce simple baiser la rend totalement folle amoureuse de cet homme mystérieux. Elle se comporte de façon assez peu crédible pour une jeune femme enceinte de vingt-cinq ans. Surtout, j’ai trouvé son évolution très stéréotypée.
Par ailleurs, ce roman aurait pu donner lieu à des interrogations profondes qui ne sont qu’à peine esquissées : l’oubli ou le pardon sont-ils possibles pour des crimes contre l’humanité ? Qu’est-ce que vivre une vie de haine et de vengeance ? Y a-t-il une rédemption possible pour les criminels de guerre ? Clara Sánchez a choisi la facilité en campant ses nazis comme des hommes et des femmes qui n’éprouvent aucun regret. Il aurait été bien plus intéressant d’incarner des personnages touchés par le remords et obligés de vivre avec leurs crimes. Dans ce cas, quelle serait la position des traqueurs de nazis comme Julián ?
Un roman bien peu profond pour des thèmes si graves.
Ce que cache ton nom
Clara Sánchez traduite de l’espagnol par Louise Adenis
Marabout, 2012
ISBN : 978-2-501-07647-0 – 441 pages – 19.90 €
Lo que esconde tu nombre, parution en Espagne : 2010
Le thème m’aurait vraiment intéressée, mais les avis lus ça et là, plus le tien … je passe.
Je crois me souvenir que ce livre m’avait été proposé, mais j’ai filé, pas le temps, pas envie. Ce sera bien, finalement.
Tiens tiens, présentation nouvelle. Le panda est parti (snif) mais j’aime la petite grenouille.
Share and enjoy demeure discrètement accessible, TB.
Sinon, bien sûr, c’est toujours Ys aux manettes.
J’aime la littérature espagnole donc le prix Nadal 2010 me faisait envie. Malheureusement, ce n’est pas un bon cru pour moi. Et je suis ravie que le ravalement te plaise, j’ai soigné tous les petits détails (modification en php pour que tout soit écrit en français par exemple -sauf le module SEARCH qui est une image et non du texte et que je ne peux donc modifier) : je suis contente de moi 😉
Ce qui m’a intéressés dans ce livre, c’est le thème de la vieillesse. Un peu aussi celui de la vengeance et du pardon. Mais, j’ai noté aussi quelques invraisemblances et légèretés.
Je ne trouve pas que le thème de la vieillesse soit particulièrement bien traité : l’auteur s’en tient à quelques considérations physiques courantes. J’attendais je crois un livre sur la rédemption et le remords, de trop grands mots ici…
Je l’ai offert à ma fille qui aime bien les thrillers… J’espère qu’elle aimera…
C’est le deuxième avis très réservé que je lis sur ce livre, donc pas d’état d’âme je passe malgré un sujet intéressant
Ton avis est le second que je lis ! Il me tentait bien mais bon, ce n’est pas ma priorité !
Pas indispensable, donc. ça tombe bien, ma PAL n’a pas besoin d’être surchargé davantage.
Il est dans ma PAL..
Sinon j’aime beaucoup, beaucoup ta nouvelle interface de blog (c’est bô)
Dommage car l’histoire semblait plutôt intéressante …
Je partage ton avis : un thriller qui ne décolle pas, beaucoup trop tiède. Beaucoup de faux départs : on s’imagine qu’il va enfin arriver quelque chose à Sandra ou Julian mais non, ils s’en sortent vraiment trop bien…
Quant au personnage plutôt immature de Sandra, ses interrogations m’ont vite lassée…
Je vais donc passer … il me semble qu’il ne manque pas de livres forts sur ce/ces thème(s).
Bravo pour le ravalement 😉 !
Jolie déco ! 😉
J’aurais pu me laisser tenter par le thème de ce livre. Ton avis m’en dissuade. Merci pour ma PAL.
Les avis lus ici et là ne m’avaient pas convaincus et là, tu achèves de me convaincre de ne pas lire ce roman.
Beau nouvel espace même si j’aimais beaucoup ton panda. Mais ta grenouille a l’air plus dynamique 😉
Bonjour Ys,
J’ai peut-être tort, mais je me méfie de certaines maisons d’édition.
Je crois que Marabout publie surtout des livres pratiques (cuisine, etc). En fait, je ne savais même pas que cet éditeur avait une collection romanesque. A priori, j’aurai hésité avant de plonger… mais je juge peut-être trop vite.
A vrai dire, j’étais étonnée que le célèbre prix Nadal soit traduit chez cet éditeur…
C’est dommage vu les thèmes !
Une déception on dirait ?
J’étais emballée par le thème mais après la lecture de ton billet je suis bien moins sûre d’aimer…
Sinon, c’est chouette ici, jolie déco ! 😉
Rien à voir avec le bouquin…
mais t’as changé ta déco!
C’est très joli dis donc!!
🙂
Pas tentant du tout…Tant mieux pour ma PAL !
P.S. C’est drôlement joli, chez toi ! Très beau décor de blog, et j’adore ton nouvel avatar ! Trop drôle ! 😀
Je l’aime bien aussi. Livre et lunettes : il me correspond parfaitement 🙂
Je partage ta déception pour ce bouquin qui promettait et qui retombe très vite. Une vraie déception !
Bon, très largement contournable donc. Je le vois partout ce livre, même dans les rayons du supermarché. Plutôt mauvais signe ça d’ailleurs.:)
un livre que j’ai bien aimé
il pose plus de questions qu’il ne donne de réponses.
Je le vois de façon plus négative : il ne pose pas les questions profondes qu’un tel sujet implique…
Il faut que je le sorte de ma PAL…
le « pitch » était alléchant, mais le manque de profondeur sur un tel sujet est, il me semble, rédhibitoire!
Il ne fait vraiment pas fureur celui-ci. Je n’ai pas encore vu de commentaire positif. Pourtant la couverture accroche.
Elle est jolie ta nouvelle déco. J’aimais bien l’ancienne mais celle-ci est vraiment bien
Pas fureur en effet, bizarre ce prix Nadal-là…