L’armée furieuse de Fred Vargas

L'armée furieuseMalgré une certaine déception à la lecture de Sous les vents de Neptune, je retourne à Fred Vargas et à son Jean-Baptiste Adamsberg non pas pour la Normandie, mais pour la Mesnie Hellequin, cette armée de morts qui se lèvent et terrorisent les populations. L’auteur utilise en effet ici une vieille légende normande qui fleure bon le zombie et les croyances paysannes : ma curiosité s’éveille.

Il y a dans cette enquête-ci moins d’invraisemblances que dans l’enquête québécoise d’Adamsberg. Surprise pourtant, j’ai compris qui était le coupable dès l’arrivée du commissaire sur place, ce qui n’est pas loin d’être une première. J’en conclus que la mise en place n’est pas extrêmement subtile, ce qui n’empêche pas de poursuivre la lecture jusqu’au bout afin de confirmer les premiers soupçons. Mais enfin, je préfère être surprise…

Trois fils d’enquêtes, d’importances diverses, se partagent le roman. Le premier s’intéresse à un pigeon qu’Adamsberg trouve en très mauvais état. Toute son équipe se relaie pour le soigner et en prendre soin très méticuleusement tandis qu’il se promet de découvrir qui s’est amusé à le mutiler. Le deuxième, plus professionnel, a trait à Momo, un jeune délinquant plusieurs fois condamné pour avoir brûlé des voitures. Il est à nouveau arrêté mais son cas est cette fois bien plus grave : dans la voiture incendiée se trouvait un très riche homme d’affaire, Clermont-Brasseur. Momo est donc accusé de meurtre, mais Adamsberg ne croit pas à sa culpabilité. Car le vieil homme d’affaire avait deux fils qui ne manquaient pas de raison de vouloir sa mort. Adamsberg est décidé à tout faire pour protéger le jeune homme. Problème : la famille Clermont-Brasseur est intouchable.

La principale enquête porte sur l’apparition de l’Armée furieuse sur le chemin de Bonneval à Ordebec, Normandie. C’est Lina Vendermot qui l’a vue et sa mère, inquiète, vient trouver Adamsberg à Paris pour lui en toucher un mot. Lui ne fait ni une ni deux, il se transporte à Ordebec pour voir de quoi il retourne et découvrir un premier cadavre, sur ledit chemin. Il fait aussi la connaissance de la vieille Léo qui lui offre le gîte et le couvert et d’Emeri, chef de la gendarmerie locale avec lequel il va mener son enquête. Pas bien efficace l’enquête puisqu’un deuxième cadavre suivra le premier, puis un troisième. Exactement les morts annoncées par Lina grâce à sa vision de l’Armée furieuse, menée par le seigneur Hellequin. Alors, cette armée de morts ne serait-elle pas qu’une légende ? Serait-elle bien de retour pour faire justice et débarrasser Ordebec de ses plus ignobles habitants ? Ou alors, un facétieux et macabre habitant utiliserait-il la légende pour organiser une vaste tuerie ? La famille Vendermot, avec ses enfants tous plus bizarres les uns que les autres, fait figure de coupable idéal.

Force m’est de constater que je ne suis pas une grande admiratrice de Fred Vargas. Pars vite et reviens tard m’avait enthousiasmée mais depuis, plus rien. Ici, j’ai poursuivi ma lecture en raison d’une ambiance qui m’a plu et d’une galerie de personnages aux relations très bien rôdées : les collègues d’Adamsberg (et son fils, dont il a visiblement hérité lors du roman précédent, Un lieu incertain) forment avec lui une équipe atypique de personnages hauts en couleurs. Les dialogues font mouche et font oublier quelques facilités de l’intrigue. Pas de super flic ici, mais des hommes et une femme plutôt mal à l’aise dans la vie, originaux sous bien des aspects, hyper caractérisés. L’intrigue sort de l’ordinaire, mais j’ai du mal à y croire d’un bout à l’autre tant certaines circonstances me paraissent trop faciles (ici par exemple, l’abandon de papier de sucre sur le lieu du crime).

Fred Vargas sur Tête de lecture

L’armée furieuse

Fred Vargas
Viviane Hamy (Chemins nocturnes), 2011
ISBN : 978-2-87858-376-2 – 426 pages – 19.80 €

29 commentaires sur “L’armée furieuse de Fred Vargas

    1. Je l’avais repéré depuis sa sortie aussi car j’avais envie de voir ce que Fred Vargas faisait de cette vieille légende de morts-vivants. Je saurai désormais qu’il ne fait pas compter sur une intrigue qui tienne vraiment la route.

  1. Bah, moi je l’aime Fred Vargas depuis le début et je lui pardonne toutes ses facilités d’intrigue pour son sens des dialogues, sa délicieuse noirceur et sa galerie de personnages 🙂

  2. J’en ai lu plusieurs (presque tous, à vrai dire !) et le dernier m’a beaucoup plu avec sa légende extraordinaire et comme toujours, les personnages hors du commun.

  3. Ma « pile prévue » se lamente, pas plus de Vargas en vue qu’un pigeon voyageur, même blessé, dans ma boite à sucre … j’ai tout lu, avec parfois un bonheur un peu inégal, mais Adamsberg et sa bande, j’adhère à leur douce loufoquerie. Il est vrai que les intrigues ne sont pas vraisemblables, surtout dans celui-ci, ( bravo pour tes trois résumés, parce que franchement, c’est coton, je n’ai même pas tenté le coup dans ma note , trop perdue !). Mais les dialogues, sont ciselés au poil, effectivement … Vivement le prochain !

    1. Je suis d’accord : dialogues et personnages = impeccables. Je le saurai pour la prochaine fois, que c’est ça que je dois attendre dans ses romans. Parce que le précédent me tentait aussi, avec les vampires, mais là, mon envie est un peu retombée. J’aime les polars à intrigue bien construite en général.

  4. j’ai pars vite et reviens tard depuis je ne sais pas combien de temps dans ma PAL, il faudrait que je me décide à le lire comme je suis dans une période roman policier, il y a peut être une chance…

  5. Je suis d’accord avec toi : j’aime bien lire Fred Vargas mais reconnais qu’il ne m’en reste pas grand chose (à par Un peu plus loin sur la droite et Pars vite et reviens tard, qui est très réussi). Bises

  6. Autant je n’avais pas aimé sous les vents de Neptune autant j’avais aimé le début de celui-ci ( il faut dire que je les ai presque lu et que j’aime beaucoup sauf les dialogues) : il faut que je le reprenne dès que j’ai le temps

  7. J’avais commencé « Pars vite et revoiens tard », mais il m’était un peu tombé des mains … il faudrait que je le reprenne, tout le monde semble adorer Fred Vargas !!! Tes avis mitigés me rassurent néanmoins …

  8. J’ai lu quasiment tous les policiers de Vargas; j’ai découvert cette auteure avec « Pars vite et reviens tard », j’étais tellement enthousiaste que j’ai tout lu avec plus ou moins de bonheur, plutôt plus jusqu’aux deux ou trois derniers.
    « Un lieu incertain » m’a vraiment coupée l’envie de poursuivre; dommage j’aimais bien.

  9. Rebonjour Ys, personnellement, c’est le premier « Vargas » que je lisais, j’ai vraiment beaucoup aimé tant l’histoire que le style. Je compte bien en lire d’autres. Bonne après-midi.

  10. Je n’ai lu qu’un seul Vargas jusqu’à maintenant. Certainement j’en lirai d’autres par la suite mais je n’ai pas « d’envie urgente » plus que ça pour la lecture de ceux-ci.

  11. A l’instar de Cathe, je lis tout Vargas et lui pardonne les maladresses et les emballages qui surgissent de nulle part. Elle a un style à part qui me sied bien et surtout c’est une femme, ceci étant assez rare dans le policier est à encourager.

  12. C’est un fait, chez Vargas l’intrigue n’a pas trop d’importance tant les personnages nous séduisent et nous amusent. Je te conseille vivement un titre moins populaire : « sans feu ni lieu », rien que le crapaud vaut le détour 😉

  13. J’aime bien les Vargas, malgré quelques invraisemblances, mais il est vrai que je ne suis pas non plus une grande amatrice de polar, donc j’ai peu de points de comparaison ! 😉

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