
Uriel, Samuel et Andrew : trois jeunes américains engagés en Irak. A leur retour, ils sont fêtés comme des héros. Ils retrouvent leur famille, chacun pense que la vie va reprendre comme avant, mais la guerre n’est pas restée là-bas, ils l’ont emportée avec eux et vivre en société est désormais une épreuve.
Uriel est un Hispanique. Il retrouve sa fiancée Teresa qui ne tarde pas à être enceinte. Ils projettent de se marier. Uriel doit trouver du travail car le salaire de Teresa ne suffit pas. Elle parvient à le faire engager au rayon boucherie du supermarché où elle travaille.
Samuel est rentré chez ses parents. Il est le second de leurs enfants partis en Irak, l’autre ne reviendra jamais. L’aîné, le frère mort, le fils préféré du père hante la maison par son absence. Le père déteste ce fils revenu et lui rend la vie impossible.
Andrew rentre chez sa sœur Marie qui l’a élevé, maman de la petite Sam. Elle prend tout en main pour lui. Mais il ne parvient pas à assumer le peu qu’elle lui demande (aller chercher sa fille à l’école).
Aucun des trois vétérans ne parvient plus à faire face à la vie. Ils sont plein de cauchemars, de morts qui reviennent demander des comptes, de visions d’horreur. On les voit perdre pied peu à peu, après avoir tenté de paraître normaux. Mais rien ne s’arrange, au contraire, l’entourage aussi va de mal en pis car parents et conjoints n’arrivent pas à comprendre ce qui se passe. Ils ont attendu des héros, se sont des fantômes qui reviennent.
Uriel Samuel Andrew fait également une place à ceux qui ne reviendront pas à travers la famille de Hill Turner. Il laisse une épouse et deux garçons, dont Caine dix-sept ans. Elle doit prendre un second travail pour assurer son quotidien tandis que son fils tourne mal en essayant lui aussi de gagner de l’argent.
Après Revenants d’Olivier Morel, à nouveau une bande dessinée sur le retour de la guerre d’Irak par un auteur français. C’est bien sûr plus largement une bande dessinée sur l’impossible retour de guerre, les soldats psychologiquement et irrévocablement blessés par ce qu’ils ont vu et vécu. Cauchemars et hallucinations, apathie et incommunicabilité, peurs irraisonnées font désormais leur quotidien.
Le point fort de Uriel Samuel Andrew est la fluide mise en parallèle de ces trois destins, plus celui de la veuve Caine. Le dessin est ici très efficace puisqu’il permet de suppléer aux silences des vétérans en montrant ce qui les hante et qu’ils ne peuvent partager avec leurs proches.
Comme dans Revenants, Jason Moon fait ici une apparition. Ancien d’Irak, il chante sa difficulté d’être au monde pour tenter d’y rester. Beaucoup de vétérans semblent se reconnaître dans ses chansons.
Uriel Samuel Andrew
Will Argunas
Casterman (Ecritures), 2013
ISBN : 978-2-203-06077-7 – 207 pages – 16 €
Tout à fait le genre de BD que j’aime !
Alors n’hésite pas, c’est un sujet fort, très bien servi par le scénario et le dessin.
Je l’ai déjà vu ailleurs, cette fois-ci je la note, c’est le genre de thème qui me plaît en BD.
Moi je l’ai découverte par hasard, je n’en avais pas entendu parler, à l’inverse de Revenants dont il a été beaucoup question.
Cette collection propose tjs des titres intéressants, décidément… Mais je n’ai pas le coeur à lire cela actuellement. Je me contente de ta note de lecture très claire 🙂
Je suis partie pour lire toutes les fictions tournant autour des soldats de retour de la guerre d’Irak, ça me passionne vraiment.
J’aime beaucoup cette collection qui permet de rendre certains sujets accessibles au grand public.
Tout à fait, et j’aime aussi le côté intimiste sans être voyeur.
Je n’en avais pas encore entendu parler mais le sujet m’intéresse beaucoup et la qualité semble au rendez-vous.
Tout à fait : n’hésite pas.
Merci pour ce très bel article, chère Sandrine.