On nous a coupé les ailes de Bernard et Bravo

Voici un bel album qui vient combler un manque parmi les très nombreuses publications actuelles autour de la Première Guerre mondiale : On nous a coupé les ailes de Fred Bernard au récit et Emile Bravo au dessin est destiné aux plus jeunes et parvient à conjuguer documentaire historique et récit d’enfance.

Enfance insouciante

Alors que la couverture annonce la gravité du sujet, la première double page est lumineuse, à l’image du récit consacré aux souvenirs d’enfance de René.

On nous a coupé les ailes planche 1

Avec ses frères Paul et Eugène, avec le cousin Firmin, il s’amuse, il rit, court dans les champs et se passionne pour tout ce qui vole. Insectes, oiseaux et cerfs-volants mais surtout les premiers avions : celui des frères Wright (1903), l’aéroplane Voisin (1908). C’est certain, quand il sera plus grand, René sera aviateur. Il aime aussi tirer à la carabine dans les fesses de sa cousine, et écouter son grand-père raconter la guerre, celle de 70.

Et la guerre surgit

Mais les événements décident autrement de l’avenir de René. Il est mobilisé à l’automne 1914 et depuis les tranchées, il écrit à sa mère. Il lui décrit son quotidien : la nourriture, les obus, les cadavres d’hommes et de chevaux, les villages rasés, les premiers combats aériens. Les Guynemer, Nungesser et autres chevaliers du ciel le fascinent. Maigre réconfort pourtant quand sonne l’heure de la mort du cousin, du frère…
Il trouve une occupation au fond de sa tranchée : avec des douilles d’obus martelées, il fabrique des avions miniatures. Ils vont l’aider à tenir le coup.

Un bel album simple et réaliste

Bernard et Bravo mettent en scène l’enfance et la guerre, deux antagonismes, avec beaucoup de sensibilité. Les vues des tranchées, du front et des combats sont réalistes, parfois effrayantes quand à l’arrière plan un obus explose et que les corps s’envolent.

Mais on suit surtout René dans son quotidien et grâce à un trait simple et détaillé, le jeune lecteur mesure facilement la détresse du soldat. Qui contraste énormément avec la luminosité et la fraîcheur des dessins qui évoquent l’enfance, celle de René mais pourquoi pas aussi celle des enfants qui encore et toujours jouent dehors, font des âneries et se rêvent héroïques.

Ce bel album s’inspire des avions miniatures fabriqués par le brigadier René Nicolas, qui a effectivement vécu la guerre, s’en est sorti et est devenu joaillier.

Thématique Première Guerre mondiale sur Tête de lecture

On nous a coupé les ailes

Fred Bernard et Emile Bravo
Albin Michel, 2014
ISBN : 978-2-226-25265-4 – 11.50 €

9 commentaires sur “On nous a coupé les ailes de Bernard et Bravo

    1. Tu as raison d’ajouter à la fin de ton billet « à partir de 10 ans ». L’éditeur indique « à partir de 7/8 ans » mais ça me parait un peu jeune, quoi que le dessin soit adapté à cet âge et qu’il porte le propos.

    1. Je suis ravie de donner envie aux grands et aux petits. C’est un album simple (facile d’accès) mais aussi poétique, drôle et très triste. Bref, terriblement efficace.

    1. Oui, et ça n’était pas facile de traiter un sujet aussi dur pour le rendre accessible aux plus jeunes lecteurs. Le graphisme y fait vraiment beaucoup.

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