Les rues de Santiago de Boris Quercia

Les rues de SantiagoQuiñones est flic dans les rues de Santiago, six millions d’habitants, capitale du Chili. Si vous n’avez pas idée de ce que ça veut dire, la lecture de ce roman de Boris Quercia vous mettra efficacement au parfum.

En planque à plat ventre sous une voiture, Quiñones n’a pas envie de tuer. Il a son compte de mort, de violence. Il a plutôt envie de suivre une jolie femme dans la rue. Mais le flic de Santiago ne fait pas toujours ce qu’il veut, il doit même parfois tuer de très jeunes gens. Alors il garde en ligne de mire le petit cul qui oscille sous la jupe grise, d’autant plus que son ex-collègue Riquelme devenu détective peut le renseigner sur lui. Il la connait, mais lui connait Riquelme et s’en méfie…

C’est que les flics de la capitale ont une morale bien à eux, qui n’exclut pas quelques accommodements avec la morale. Ainsi, Riquelme, Quiñones et un avocat plus que louche se sont-ils approprié en toute illégalité la maison d’une brave vieille subitement morte à son domicile. Ils en ont gagné de quoi se loger eux-mêmes, et aucun remord. Il faut dire que Quiñones fréquente les bars à putes avec ses deux compères, ils s’envoient des rails de coke ensemble, quand ce n’est pas de très jeunes filles. On l’aura compris, être flic dans les rues de Santiago, ça n’est pas une sinécure, il faut payer de sa personne…

Ce Quiñones a quand même tout du sale type : lâche envers sa copine qu’il trompe en se trouvant de bonnes raisons, corrompu, buveur et pas trop de scrupules. Pourtant, Boris Quercia nous le rend sympathique, le genre de faux faible qui a besoin de tendresse et de compréhension. On écoute ce narrateur nous raconter sa vie, découvrir quelques secrets sur son passé et comprendre peu à peu qu’il s’est fait manipuler. Avec en plus, la police des polices qui enquête sur lui. Ce qui le range dans le camp des victimes.
A l’évidence pour Quiñones, il n’y a pas de blanc et de noir, de Bien et de Mal, mais une vaste faune où chacun fait comme il peut. Les méthodes policières impliquent violence et corruption, dès lors les frontières entre ceux qui enfreignent la loi et ceux qui la défendent sont floues.

On l’aura compris, ce qui fait la force du premier roman de Boris Quercia, c’est son personnage narrateur plus que son intrigue classique dans le genre mafieux et règlements de compte avec femme fatale. C’est qu’en peu de mots, l’auteur brosse un décor et une ambiance qui font tout de suite sens, même si on n’a jamais mis les pieds dans la capitale chilienne : c’est une grande ville violente, dangereuse la nuit. Reste donc à incarner un flic qui bien que lointain, renvoie a bien des flics des meilleurs romans noirs : il nous est vite familier.

En un mot comme en cent, c’est du bon roman noir venu d’Amérique latine que les amateurs ne doivent pas rater.

Les rues de Santiago

Boris Quercia traduit de l’espagnol par Baptiste Chardon
Asphalte, 2014
ISBN : 978-2-918767-40-4 – 152 pages – 15 €

Santiago Quiñones, tira, parution originale : 2010

15 commentaires sur “Les rues de Santiago de Boris Quercia

  1. Salut, et coup de coeur chez moi. POur un premier roman, c’est impressionnant et comme tu le dis si bien, en quelques phrases, il instaure un rythme, une ambiance pour peindre son pays de l’intérieur. J’adore ! Amitiés

    1. J’ai presque un regret : que ce roman soit trop court. On a envie d’en savoir plus sur Santiago (le personnage) et de découvrir plus encore Santiago (la ville). Je ne sais si on retrouvera ce personnage, mais il est tellement réussi que ce serait dommage d’en rester là avec lui.

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