Michèle Barrière est bien connue des gourmets et néanmoins lecteurs grâce à sa série des Aventures du cuisinier Savoisy. Souper mortel aux étuves en est le premier volume, médiéval et sanglant.
Le premier chapitre nous fait assister au meurtre de messire Jehan Du Four, maître drapier désormais au service du roi de France Charles VI. Alors qu’il prend un bain aux étuves d’Isabelle la Maquerelle, très mal famées, il est égorgé par un certain Gauvard, homme de main plus que louche. Sa toute jeune femme Constance, dix-neuf ans, est éplorée car elle aimait et respectait cet homme bon et juste qui l’avait sortie du ruisseau. Avant de se retirer dans un couvent, elle décide de découvrir pourquoi son mari a ainsi été assassiné.
L’enquête commence pour Constance qui décide de se faire engager comme cuisinière aux étuves. C’est que son mari lui a laissé un ménagier, traité d’économie domestique à elle destiné, qui comporte quantité de recettes toutes plus succulentes les unes que les autres. Mais la pauvre Constance ne connait rien à la gastronomie et va devoir affronter l’animosité du cuisinier attitré des étuves : Guillaume Savoisy, par ailleurs queux à l’hôtel Saint-Pol, qui n’entend pas se faire concurrencer par une femme. A l’inverse, affronter Guillaume en des duels culinaires quotidiens stimule Constance dont les plats connaissent rapidement un beau succès.
Le cuisinier amateur se réjouira des plats, sauces, épices qui scandent les chapitres de Souper mortel aux étuves. D’autant plus que le roman est livré avec quelques recettes : civet de lièvre, soringue d’anguilles, darioles, lamproie à la sauge froide… moi qui ne cuisine que la tranche de jambon, ça me fait rêver…
L’autre aspect du roman, c’est bien sûr l’intrigue policière. Constance va avoir fort à faire puisque son défunt mari enquêtait sur un trafic de fausse monnaie. Elle ira jusqu’à Bruges pour en découvrir les instigateurs, au risque de sa vie. Dès lors Constance apparait comme une femme forte et déterminée. Elle n’est cependant pas dénuée d’illusions et d’une certaine naïveté. Bien que mariée, elle ne connait rien à la sexualité. Elle découvre donc aux étuves un monde et des pratiques qui lui sont étrangers et qui la scandalisent. L’éducation culinaire se double alors d’une éducation voluptueuse à laquelle la jeune femme va prendre goût.
Souper mortel aux étuves compte donc plus d’un attrait et satisfera les amateurs de cuisine, de roman policier historique et d’héroïne forte et surprenante.
Mon exemplaire regroupe trois titres de la série Savoisy : Souper mortel aux étuves, Meurtres à la Pomme d’Or et Natures mortes au Vatican.
Souper mortel aux étuves
Michèle Barrière
Agnès Viénot, 2010
ISBN : 978-2-35326-072-0 – 277 pages – 24 € le volume
C’est une série que je souhaite lire depuis longtemps car elle réunit tout ce que j’aime en matière de polars historiques. J’ai le second volume mais je voudrai les lire dans l’ordre donc affaire à suivre
A mon humble avis, les épisodes peuvent se lire dans n’importe quel ordre : j’ai lu celui-ci et Meurtres au potager du Roy qui n’est pas du tout le suivant et ce n’est pas gênant. De toute façon, les épisodes ne se suivent pas, ne se passent pas à la même époque et ne reprennent pas les personnages, si ce n’est une lignée, celle des Savoisy.
Merci pour cette utile précision, je commencerai donc par celui que j’ai !
Oh ! je note ! Je l’avais déjà repérée mais jamais notée. Depuis que j’ai fait une tarte aux asperges tirée d’un de ses romans, je voudrais la lire !
Je ne doute pas qu’elle était excellente ! Je suis admirative de toutes les cuisinières et cuisiniers qui passent tant de temps à éplucher, préparer, mitonner de bons plats engloutis en quelques minutes : quelle patience et quel dévouement !
Je n’y connais rien en polars historiques, mais si c’est culinaire en plus, ça pourrait me plaire !
Question cuisine, tout est très détaillé et il y a des recettes en fin d’ouvrage. Je pense qu’elles sont tout à fait réalisables (par d’autres que moi, bien sûr…).
J’ai découvert son nom dans un vieux Elle à table (d’où sort la tarte aux asperges dont parle Syl.). Ses recettes sont très bien, mais je ne connais pas encore ses romans, même si je compte bien la découvrir !
Eh bien avec les romans, il y a les recettes donc c’est deux fois mieux 🙂 pendant que la tourte cuit, tu lis, mais attention à ne pas laisser cramer l’affaire en raison de suspens et rebondissements prenants !
Je ne savais pas qu’il s’agissait de la même lignée. En voyant les dates, je pensais que les romans n’avaient rien à voir. Du coup, ça me donne envie de lire la suite 🙂
La ligne directrice est en fait la gastronomie française. On peut donc choisir un volume en fonction de la période la plus alléchante 😉
J’avais bien aimé « Meurtre à la pomme d’or ».
Je ne l’ai pas encore lu celui-là, mais il est bien sûr noté.
J’ai lu « Meurtres à la pomme d’or », mais je n’avais pas du tout aimé le style de l’auteur. Je trouvais qu’elle plaquait les aspects historiques, c’était lourd à mon goût.
En même temps, je sortais d’un Jean-François Parot. Qui lui manie à merveille le style littéraire !
Eh bien tu vois, nous sommes en total désaccord : je n’ai pas aimé Jean-François Parot où tout m’a semblé artificiel. Alors qu’avec Michèle Barrière, tout semble venir beaucoup plus naturellement. Comme quoi…
Je ne l’ai toujours pas lu… alors qu’il se passe à Montpellier, dont je suis originaire! 😉 au programme de cet été toutefois.
Celui-ci se passe à Paris, c’est Meurtres à la Pomme d’Or qui se passe à Montpellier.
ah, autant pour moi!! 😉